DERNIERE MISE EN LIGNE

1914-1918 LETTRES DU FRONT
Le cri d’un soldat de Malakoff
Imprimer -

1914 : Alexandre M. habite Malakoff, il a 35 ans, veuf, avec un fils qu’il doit confier à ses parents lorsqu’il est mobilisé pour la guerre. Le 2ème classe du 31ème Territorial et de la 11ème Compagnie participera aux combats en Champagne, en Argonne, à Verdun et au Chemin des Dames, où il sera fait prisonnier le 27 mai 1918. C’est dans les mines de charbon d’Allemagne qu’il terminera la guerre. Rapatrié en 1919, il assistera au défilé de la Victoire le 14 juillet à Paris. Tout au long de cette épreuve, il écrira à ses parents, à sa soeur, puis à sa femme épousée en 1917 lors d’une permission. Dans ses lettres précieusement gardées par sa famille il témoignera sans fard sur l’horreur de la guerre.

« Comme pour se libérer, commente sa fille, il a raconté, raconté...Les assauts à la baïonnette où les hommes oubliaient qu’ils étaient des hommes. Les champs de bataille couverts de corps dépecés, éventrés. Les hommes appelant leur mère. Le sentiment de solitude loin de ceux que l’on aime. Le désir de rentrer ».

 « J’espère que je pourrai venir vous voir et vous embrasser tous. Depuis trois mois, je couche sur la paille et je fais des tranchées » (6/6/1914)

« En première ligne et à 400m des boches...Ils sont comme nous, ils en ont assez » (6/6/1915)

« C’est terrible car voilà plus de 15 jours que le canon donne d’un côté et de l’autre. Si seulement cela pouvait faire finir la guerre » (10/7/1915)

« Il tombe de l’eau tous les jours. Aussi je te laisse penser dans l’état que nous sommes, surtout que la terre c’est de la glaise. Quelle vie de sauvage ! coucher toujours dessous terre et dans la pourriture et manger comme des cochons. Quand donc la fin ! voilà le cri des soldats qui sont sur le front » (25/7/1915).

« Il y a de tout, rats, souris, poux, puces et des mouches, et pour dormir il faut être bien fatigué » (13/8/1915).

« De la neige, de l’eau, du froid et dans la boue jusqu’à la cheville... Ce n’est pas la guerre qui se fait, c’est une boucherie et la fin ne ferait pas mal de venir car les hommes commencent à se faire rares des deux côtés » (20/11/1915)

« Depuis un mois nous faisons le ravitaillement des tranchées de la première ligne en eau, grenades, fusées, torpilles et crapouillots de jour et de nuit. Ce n’est guère le filon car les marmites boches tombent souvent sur nous. Voilà 28 jours que je ne me suis pas débarbouillé ni changé de linge, ainsi tu dois penser si les poux font des petits car nous en sommes pourris. Ceux qui parlent d’aller jusqu’au bout seraient bien dans le coin car ils demanderaient vivement la fin de la guerre » (30/7/1916, Verdun).

 --------

Témoignage extrait de Malakoff infos, décembre 1996.


Malakoffpatrimoine.fr - Site internet participatif
>> Nous contacter