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UN JOUR PARTICULIER
23 avril 1876 : la première journée d’appel de la territoriale
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La première journée d’appel de l’armée territoriale crée par la loi du 28 juillet 1872 créant le Service militaire universel a eu lieu le 23 avril 1876 en région parisienne. Toute la classe de 1866 fut convoquée et due se rendre dans les forts de Vanves, d’Aubervilliers, de Vincennes et de la caserne de Courbevoie.
Le journal à fort tirage « Le Monde illustré » du 29 avril 1876 rapporte avec force détails cette journée particulière. Au Fort de Vanves elle fut couverte par un certain monsieur Dick qui fit des croquis, l’un devant l’entrée du fort, l’autre à l’intérieur. De ces croquis deux dessins au trait furent exécutés et publiés dans le « Monde illustré » pour accompagner le compte-rendu.

« Dès sept heures du matin, les omnibus, les tramways, les chemins de fer conduisant vers les forts étaient remplis de monde, et de longues files de fiacres montaient les avenues ordinairement désertes à cette heure dans ces directions.
Les opérations d’appel* ont eu lieu partout d’après les mêmes règlements. Les jeunes hommes sont entrés dans le fort de Vanves par groupe de 80. Des gendarmes et des piquets d’infanterie étaient chargés de régler l’entrée et la sortie et de maintenir l’ordre à l’intérieur.
En entrant dans la cour du fort, les hommes s’alignaient devant 25 tables correspondant à autant de lettres de l’alphabet. Un sous-officier d’infanterie remettait à chaque homme qui se présentait un bulletin indiquant l’arme à laquelle il appartient, le numéro de son régiment et de la compagnie ou de la batterie. De là, les hommes allaient se ranger sous de grands poteaux portant les numéros des régiments, et fournissaient aux officiers des détails sur leurs services militaires, on leur remettait ensuite une attestation.
Pour chaque fraction de 100 hommes, la durée de l’appel dura une heure. Tout fut terminé en trois heures.
Un grand nombre de territoriaux étaient accompagnés de leurs familles et on diné sur l’herbe avec des provisions apportées de Paris ; nous avons même entendu des musettes. Des danses champêtres avaient été improvisées. On riait et on chantait à gorge déployée...
Au fort de Vanves tout s’est passé de façon la plus rapide, grâce aux excellentes dispositions prises par les officiers d’état-major, parmi lesquels nous avons remarqué M. de Lapommeraye, aide de camps du général Geslin, commandant de la place de Paris. A une heure, les derniers appelés sortaient du fort.
Disons, en terminant, que la tenue des territoriaux a été excellente et que tous i se sont présentés de bonne heure et dans le plus grand ordre. A leur maintien calme et réservé, on voyait qu’ils comprenaient que le temps des mascarades de la garde nationale et de la garde mobile était passé, et qu’il devenait de vrais soldats, ils comprenaient tous les devoirs d’honneur et de la discipline militaire... »

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-Sources : Journal Le Monde illustré du 29 avril 1876, p. 278

* La France tirant les leçons de la guerre franco-prussienne de 1870-71(la Prusse avait mis en place la première mobilisation moderne qui avait montré l’avantage de mobiliser et d’équiper rapidement les troupes de réserves ) va organiser la conscription universelle par la loi du 28 juillet 1872. L’institution du service militaire universel remplace la garde mobile par une réserve constituée à partir des unités d’actives, et créée un corps d’officiers de réserve. La même loi crée l’armée territoriale formée des classes plus âgées, vouées à des missions de protection et de défense intérieure. La journée d’appel existera jusqu’à la suppression du service militaire le 8 novembre 1997 par la loi 97-1019 portant réforme du Service national au Journal officiel. Cette loi a instauré la suspension de la conscription pour tous les jeunes nés après 1979. Elle a été remplacée par la JAPD, Journée d’appel de préparation à la défense.


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