DERNIERE MISE EN LIGNE

ENGAGEMENT
Une recherche généalogique pour faire mémoire
Imprimer -

Vice-Présidente de l’Association des Généalogistes de Vanves-Malakoff madame Manuèle Basquin a réalisé sur plusieurs années un important travail de mémoire sur les Malakoffiots morts durant la guerre de 1914-1918. Elle nous explique les raisons de cet investissement personnel et comment elle a effectué ses recherches. Nous la remercions de nous faire partager une partie des informations recueillies sur plus de 1000 soldats de Malakoff morts durant le conflit.

Pourquoi ce type de recherche généalogique ?

Membre du club de généalogie Vanves-Malakoff, nous avons été interpellés en 2009 par FranceGenweb qui proposait à tous les clubs locaux de s’intéresser aux « Morts pour la France » de nos communes à l’occasion du centenaire de la Grande guerre. J’ai donc décidé avec mon club de prendre en charge un travail généalogique pour retrouver un maximum d’infos sur les morts de Malakoff et de Vanves.

En commençant par enquêter sur le carré militaire de 14-18 au cimetière, je me suis interrogée, car cet espace dédié aux morts de la grande guerre contient aussi des sépultures de militaires et de civils de plusieurs époques.

Je me suis alors posé la question de savoir si ma recherche devait être uniquement concentrée sur le carré militaire : en effet, bien qu’il accueille environ 170 sépultures de soldats, le monument aux morts situé à quelques mètres de là en comporte, lui, près de mille.

Mon projet était aussi de trouver des informations sur Jean-Baptiste Basquin, mon petit-cousin. Comment était-il mort à la guerre, à quel combat, et surtout, pourquoi ne se retrouve-t-il pas au carré militaire ? (En fait, il a été tué le 31 juillet 1915 à l’avant de Reims. Il est inhumé à la nécropole nationale de Sillery tombe 4669)

Comment se sont faites les recherches ?

J’ai commencé ma recherche sur les soldats inscrits sur le monument aux morts à partir du site internet gouvernemental « Mémoire des hommes, Morts pour la France ». Première difficulté, tous ceux qui sont inscrits sur le mur commémoratif du cimetière ne figurent pas sur le site. Mais aussi, assez vite je me suis rendu compte que pas loin d’une centaine de soldats répertoriés morts en 14-18 ne sont pas gravés sur le monument aux morts.

J’ai ensuite fait des recherches à l’état civil de la ville de Malakoff. En effet, connaissant les règles je savais que certains actes sont transcrits pour des personnes qui ne sont pas décédées à Malakoff.

Ce travail m’a par ailleurs fait découvrir qu’il y a un certain nombre de fautes d’orthographe dans les patronymes sur le monument aux morts, difficulté supplémentaire pour retrouver les soldats. En compulsant les registres je suis tombée sur des soldats Morts pour la France qui ne figurent ni sur le monument aux morts, ni dans le carré militaire.

J’ai numérisé tous les registres des décès de 1914 à décembre 1919. Ca m’a donné une dizaine de noms supplémentaires.

En 2010 j’ai photographié toutes les tombes indiquant la présence d’un soldat tué à la guerre. C’est d’ailleurs plus facile de le faire à la Toussaint car elles sont fleuries d’un chrysanthème et portent un petit drapeau tricolore. J’ai donc tout recommencé en novembre 2013.

J’ai alors décidé de numériser les registres du cimetière, et là j’ai découvert qu’entre 1920 et 1925 des corps sont revenus du front où ils avaient été ensevelis. J’ai encore trouvé une trentaine de noms qui ne figurent nulle part ailleurs.

Enfin, j’ai découvert également sur « Mémoire des hommes, Morts pour la France » une vingtaine d’hommes originaires de Malakoff, tués à la guerre dont le décès a été transcrit sur l’état civil d’une autre ville.

Entre temps, en bonne généalogiste, j’ai orienté mes recherches sur le site Geneanet.org. Beaucoup de gens cherchent leurs ancêtres dont un certain nombre ont des liens familiaux avec nos soldats de Malakoff. Cela m’a permis d’entrer en contact avec eux et de rassembler des informations généalogiques sur environ 200 poilus de la ville.

Enfin, certains dont je ne trouvais aucune trace, figurent au site "Mémoire des Hommes, Sépultures de guerre"

Objectifs de ce travail apparus au fil de la recherche généalogique

Au début, je pensais produire une liste avec seulement quelques informations sur chaque enfant de Malakoff. En fait, après "Mémoire des Hommes" et l’état civil, il me restait 200 personnes à trouver. Alors, au fur et à mesure, j’ai bien été obligée de diversifier mes recherches et d’élargir mes sources d’informationDu même coup, j’ai complété les fiches de tous ceux que j’avais déjà. Si bien que je me trouve désormais avec 600 pages de texte. Auxquelles j’ai ajouté des illustrations : sépultures, recensements, portraits, nécropoles, rues de Malakoff...

A quoi tout ce travail peut-il bien servir ?

Je considère d’abord que c’est un travail de mémoire pour ma ville. Personne ne semblait l’avoir jamais fait. Pour moi, il s’agit de la plus grande guerre de tous les temps. Celle qui a transformé le monde mais surtout le plus grand gâchis, la plus grande catastrophe. Pourquoi le faire ? pour le côté humain que cela représente. Je serai peut-être la dernière à ressentir encore quelque chose pour tous ces hommes de Malakoff morts il y a cent ans.

Je m’intéresse aussi à l’histoire. Dans 50 ans, il y aura sans doute encore une commémoration, peut-être que des chercheurs trouveront mon travail, c’est une contribution personnelle comme toutes les recherches effectuées ces dernières années par des professionnels et des généalogistes ; alors à mon tour.

La guerre ne m’intéresse pas en tant que telle, ni les hauts faits, ni les "héros", seulement les hommes, leurs familles, leur histoire.

Publier ce travail, évidemment si c’était possible j’en serais ravie, mais ce n’est pas l’essentiel. J’estime que ce travail de mémoire devait être fait pour tous ces soldats, qu’ils soient nés à Malakoff, y aient vécu ou y ont eu de la famille. Ils ont tous un lien avec Malakoff.

Si je pouvais en quelques mots résumer cette initiative menée durant plus de quatre ans (et il me reste pas loin d’un an de travail), je dirais passionnel, éreintant parfois car il m’a fallu énormément d’énergie et de déplacements. Merci évidemment à Internet sinon je pense que mon travail aurait été impossible. Merci aussi au personnel municipal de l’état civil et du cimetière.

Enfin comme généalogiste j’ai su comment chercher. On improvise pas à cette échelle. Je voulais présenter au final quelque chose qui tienne la route. Je crois avoir réussi au-delà de mes espérances.


Malakoffpatrimoine.fr - Site internet participatif
>> Nous contacter