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COMMUNIQUER POUR RESISTER
L’impression et la diffusion clandestine de la Résistance à Malakoff
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Des femmes et des hommes de Malakoff, pour la plupart déjà militants syndicalistes ou politiques avant-guerre se sont engagés dans la Résistance en Ile-de-France en éditant dans une imprimerie clandestine avec les moyens du bord des informations stratégiques dénonçant l’occupant, la collaboration, appelant à la désobéissance civique et à entrer en résistance.

Ce ne fut pas que la fabrication de simples feuilles de papier qui fut faite à Malakoff, mais à chaque fois un acte de résistance. Ces journaux, tracts, affiches...dactylographiés, ronéotypés, polycopiés en secret, furent distribués souvent par leurs auteurs eux-mêmes, transportés fréquemment par de jeunes femmes au péril de leur liberté et de leur vie.

L’on sait par les récits des témoins et acteurs de la Résistance à l’occupant allemand, les historiens, que des français Résistants ont écrit, imprimé et distribué une presse clandestine de contre-propagande qui a rempli un rôle déterminant de 1940 à 1944.

Des femmes et des hommes de Malakoff sont depuis la fin de la seconde guerre mondiale bien identifiés. A différentes reprises depuis 1945, la presse locale ou communale a mis en valeur leurs actes héroïques, leurs témoignages.

Communiquer pour résister, ce fut l’un des engagements de femmes et d’hommes qui par la suite ont pris des responsabilités dans le Comité local de la Libération, le Conseil Municipal ou encore l’Association des Anciens Combattant de la Résistance (ANACR)...

Marcel Langlois haute figure de la Résistance à Malakoff raconte comment il fut l’un des premiers « imprimeurs »(1) : « Démobilisé début décembre 1940, je pris l’initiative dans l’attente de nouer des contacts avec la Résistance, que je savais embryonnaire, de confectionner avec des moyens de fortune et en nombre modeste, des affichettes avec des mots d’ordre, agrémentées de têtes de traitres ou de celle de Hitler. Elles furent vite repérées. C’est ainsi que je pris contact avec la Résistance.

Courant octobre, vinrent les rafles qui firent des coupes sombres dans Malakoff et les villes voisines. Je décidais de mettre notre petite imprimerie clandestine au « vert », dans ma baraque de jardin, rue de la Gaité à Malakoff (devenue rue du 19 mars 1962).

Des milliers de tracts, journaux imprimés et papiers blancs « transitèrent » par la baraque. Au printemps 1941, pour des raisons de sécurité (local et transport) un autre lieu fut choisi pour le stockage dans la région.

Mais notre petite imprimerie reprit ses quartiers d’été dans ma résidence secondaire et tout continua. Nous étions peu nombreux et nous nous aidions entre Vanves et Malakoff (2), en attendant de nouvelles recrues. Nous sortions d’assez bons tirages, parfois même, pour des localités voisines, lors d’arrestations de camarades.

Le même processus recommença dès les mauvais jours pour le transfert de l’imprimerie, hiver et printemps 1942. Dès ce printemps, les tirages continuèrent, mais deux femmes Résistantes de nos premiers débuts nous quittèrent pour remplirent d’autres tâches. A la fin de cette même année ce fut à mon tour de quitter mon poste pour une imprimerie plus sophistiqué... » 

Les femmes en première ligne

Dans l’action clandestine, des jeunes femmes ont assuré des missions dangereuses. A Malakoff ce fut le cas de Simone Doiselet et de sa fille Paulette qui organisèrent la Résistance dans leur immeuble de la rue Hoche en lien avec des Résistants de Clamart (3) : « Ces liaisons étaient vitales disait Simone Doiselet. Un chauffeur de taxi qui possédait un pavillon imprimait les tracts qui étaient ensuite distribués par notre groupe. De chez moi je pouvais voir passer le chauffeur à une heure précise. C’était le signal et je récupérais les tracts. J’avais aussi une machine à écrire à laquelle il manquait des touches, et je tapais avec un doigt dans un bruit infernal. Mes fils couvraient le bruit en jouant aux billes... ».

Luce Gerbet qui après avoir commencé l’action de Résistance à Malakoff, puis dans la banlieue sud, termina son combat comme agent de liaison du colonel Fabien et prit part aux batailles de la Libération de Paris.

Gaby julien, elle aussi (adjointe au maire de 1945 à 1978), qui en plus des missions de liaison, abrita dans sa maison du passage Sabra, des dépôts d’armes, une fabrique de faux papiers. Par ailleurs, elle tirait et distribuait des tracts par centaines de paquets aux usines de la région. Elle exécutait un travail avec un souci de l’efficacité et de la sécurité. Les poireaux sur le sac à provision cachaient en fait des tracts. Utilisant le métro et la marche à pieds en raison de la multiplication des rafles elle parcourait 15 à 20 kilomètres allant jusqu’à Saint-Ouen et Montreuil par exemple pour transmettre des documents clandestins...

Ces quelques exemples parmi d’autres témoignent d’actes héroïques dans notre ville. Respect.

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 1) Extrait de « Malakoff, cent ans d’histoire » où plusieurs pages sont consacrées à l’évocation de la Résistance et à la libération de Malakoff et notamment la presse clandestine (p103-121).

2) Dans le livre « Libération de Paris, les 101 documents de Rol Tanguy et Roger Bourderon » 1994, Editions Hachette, il est fait état de la situation des effectifs au 15 août 1944 de 101 Résistants à Malakoff.

3) Malakoff info août 1995

 


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