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MALAKOFF-SECTEUR NORD
Sous l’école, les anciennes galeries d’exploitation du calcaire
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La connaissance du sous-sol miné de Malakoff nous est régulièrement rendue par les obligations d’études de consolidations souterraines lorsqu’il s’agit de constructions nouvelles ou de surélévations des maisons, ainsi que pour l’édification de bâtiments publics comme les établissements scolaires. En 1977, la ville décide la construction d’un groupe scolaire avenue du Maréchal Leclerc sur l’une des quatre zones identifiées d’anciennes carrières souterraines de Malakoff. L’étude du sous-sol effectuée à l’occasion de l’avant-projet d’édification de cette nouvelle école qui prendra par la suite le nom de Georges Cogniot est riche d’enseignement sur le sous-sol de Malakoff et les méthodes d’exploration préliminaires de construction.

Pour l’avant projet de construction du Groupe scolaire Georges Cogniot, l’Inspection Générale des Carrières donna au Service de l’urbanisme de la ville les informations en sa possession. La note rédigée le 18 mai 1977 donne les caractéristiques du terrain et l’orientation des recherches géologiques à entreprendre avant toute construction.

« Le terrain où est prévu la construction du groupe scolaire indique la note de l’IGC est en grande partie situé au-dessus d’une ancienne carrière souterraine de calcaire grossier (1) partiellement remblayée, exploitée sur deux étages superposés... La constitution d’un groupe scolaire sur ce terrain est donc assortie de l’obligation de prendre des précautions particulières pour l’assiette des bâtiments projetés. Des travaux de consolidation souterraine et le remblaiement de tous les vides situés sous l’ensemble du terrain pourront être imposés par l’Inspection Générale des Carrières qui devra être consultée à l’occasion du projet... »

Une reconnaissance des sols de fondations sur le périmètre situé entre l’avenue du Maréchal Leclerc et l’Avenue Gambetta a donc été décidée par une délibération du Conseil municipal (2). L’édification du Groupe scolaire comprenait cinq classes d’école élémentaire et huit classes d’école maternelle, ainsi que les services annexes s’y rattachant. En élévation, ces bâtiments comprenant un niveau seulement sur rez-de-chausée.

Le problème posé était essentiellement lié à la présence de galeries d’exploitation du calcaire en dessous des alluvions de la Seine issues de la période géologique du Lutétien, c’est-à-dire durant l’ère Tertiaire, entre 41 et 49 millions d’années.

Selon les renseignements de l’Atlas des Carrières de la Seine, ces exploitations avaient eu lieu dans la dernière moitié du 19ème siècle sur deux niveaux de galerie dans des formations de calcaire tendre (3). Conformément aux dispositions réglementaires en vigueur il convenait de procéder à une reconnaissance du sous-sol afin de repérer le niveau exact des anciennes exploitations ainsi que l’état des galeries éboulées ou comblées. Il fallait également mesurer les caractéristiques des couches superficielles entre le terrain naturel et la première exploitation. Le but de ce travail étant de préciser l’état d’altération de ces couches, consécutivement à d’éventuels effondrements des toits de galeries, fréquents ici et là à Malakoff.

Pour construire un bâtiment scolaire en toute sécurité il convenait par ailleurs de mesurer les caractéristiques des sols en-dessous des niveaux exploités afin de prévoir le cas échéant la possibilité d’aller y chercher une assise de fondation par piliers de béton au cas ou le terrain s’avérerait trop dégradé. Rien de très original comme étude, mais obligatoire pour un permis de construire en zone à risques d’anciennes carrières.

Nature des sols

Une campagne de reconnaissance des sols a donc été mise en oeuvre comprenant une série de sondages à 18 mètres de profondeur au début de l’année 1978. La méthode utilisée (un peu technique à décrire, à permis de définir la coupe géologique du terrain par des observations du forage des sédiments remontés à la surface. Une autre indication fut donnée en cours de forage par l’allure de pénétration de l’outil utilisé (4).

L’examen des coupes de forages a mis en évidence la constitution des sols supportant Malakoff, en fait une bonne partie du sud du Bassin Parisien. Grâce au forage de l’avenue du Maréchal Leclerc nous apprenons que le terrain exploré est constitué d’une couverture de remblai sablo-graveleux et argileux, avec des débris divers. Les épaisseurs de ce remblai représentant entre 1 à 1,80 mètre par rapport au niveau de la surface.

Un niveau de sables et graviers avec des lentilles d’argiles sableuses rougeâtres est présent, s’agissant d’alluvions du temps où la Seine recouvrait toute la région, d’une épaisseur de trois à quatre mètres. A partir de cette base et jusqu’à dix mètres de profondeur se trouve des niveaux de Marnes-calcaires blancs et beige-jaune constituant ce qu’on appelle des Marnes et Caillasses entassées par l’érosion avant le dépôt alluvial de la Seine.

La quasi-totalité des forages sur le site a permis de déceler entre 9,50 et 10,80 mètres un niveau de galeries partiellement remblayées de 1,40 mètre de hauteur confirmant les données de l’IGC.

A partir de ces galeries, les forages ont pénétré dans des calcaires relativement tendres jusqu’à quatorze mètres de profondeur où a été de nouveau découvert un second niveau de galerie en dessous desquelles jusqu’à dix huit mètres de profondeur se trouve une Marne Calcaire compact assez tendre. Le rapport a par ailleurs indiqué que les forages n’ont pas trouvé d’eau dans ce secteur du sous-sol de Malakoff.

Les travaux en sous-sol

Toutes ces données ont été fondamentales pour envisager les fondations de l’école. L’étude a donc conclu en fonction de l’avant-projet établi par le maitre d’oeuvre un certain nombre de travaux indispensables pour assurer la stabilité dans le temps et la sécurité du bâtiment et de ses futurs occupants, les enfants. Ces obligations montrent ainsi toute la complexité des travaux de construction ou d’élévation de bâtiments sur le territoire de la commune.

Pour construire l’école, on a donc procédé à un remplissage des galeries et des vides en matériaux inertes, a des injections de clavage en toit de galerie pour assurer un bourrage parfait, a des injections de béton de consolidation principalement entre les deux niveaux de galeries. Le compte rendu du chantier (5) montre l’impressionnant travail préparatoire à l’élévation de la maison d’école qui a nécessité vingt forages pour le remplissage de la carrière et d’un forage pour le traitement des sols. Le tout a représenté 8048 mètres cubes d’injection et de 112 mètres cubes de coulis pour le traitement du sol.

 Sources : Archives Municipales Dossier 4M2

Notes diverses :

1) Calcaire grossier : roche de la région parisienne, très dure et homogène, utilisée pour de nombreuses constructions

2) Délibération du 9 juin 1977

3) Calcaire tendre : facile à travailler

4) Trépan mu par un Wagon-Drill Atlas Copro avec soufflage d’air en tête, puis injection d’eau ou de bentonite.

5) (6 avril 1978)

Plan des galeries sous l’école


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