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MEMOIRES FAMILIALES 14/18
"En souvenir de mon arrière grand-père, combattant à Verdun"
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Sylvain Lahure, Malakoffiot, petit fils de poilu vit à sa façon le devoir de mémoire en parcourant régulièrement la zone rouge de Verdun, celle qui n’a jamais été nettoyée, là où son arrière grand-père maternel à combattu en 14/18. Ce qu’il trouve est désormais archivé, classé et protégé pour l’histoire et pour faire comprendre ce qui s’est passé.

« Ce n’est pas la guerre de 14-18 qui me passionne mais les hommes et les femmes qui ont vécu cette période, et les lieux de combat.(1) Je pense, par exemple, à Verdun où mon arrière-grand-père maternel a servi. A la fin des années 80, j’avais étudié cette période à l’école primaire. Mon arrière-grand-père était encore vivant et je lui avais posé des questions. Le visage fermé, la larme à l’oeil, il m’avait répondu : « Je ne veux pas que tu connaisses ça ». Il m’a raconté peu de choses qu’il avait vécues.

C’est à ce moment là que j’ai commencé à m’intéresser et à me documenter. Depuis trois ans, je me rends sur place pour voir où se sont passés les combats. Je cherche à comprendre ce qu’à pu vivre mon arrière-grand-père et plus largement ce qui s’est passé.

Je vais avec un ami dans la zone rouge, celle qui n’a pas été nettoyée et qui ne le sera jamais. Il y a tellement de choses à voir. Tout a été abandonné là-bas : les Français ont tout balancé par terre, les Allemands ont enterré. Sur place, on a une petite idée de l’atmosphère : on voit encore les trous, des obus, des grenades, des os, des impacts de balle sur ce qui servait d’abris de fortune, des fusils Mauser allemands, des cartouches, des baïonnettes, des bouteilles, les boyaux pour aller en première ligne, etc. On peut se projeter la situation réelle telle qu’elle l’était : les lignes de combat, le no man’s land...

On ressort affecté de cette expérience. Quand je prends un éclat d’obus dans les mains, je me dis : « Waouh ! La force et la vitesse à laquelle l’obus pouvait arriver ! Il n’y avait pas de pitié, c’était pour faire mal : briser les chairs et les os. » Ma démarche personnelle est devenue historique avec le temps. J’ai découvert là-bas le terme « Camp des représailles ». Situé à Flabas,(2) ce camp a accueilli 500 prisonniers français entassés dans un rectangle de 50 mètres de long sur 30 mètres de large. Ils étaient quasiment en première ligne, c’était l’horreur. On n’en parle pas beaucoup mais ça prend les tripes. Je pense aussi au supplice du poteau qu’ont dû endurer de nombreux soldats.

Sur place, on ne fouille pas, on ramasse juste les objets à vue. Je ne les vends pas mais je les donne à des passionnés par respect pour ceux qui se sont battus là-bas. Je ne garde rien, je préfère que ça soit visible au plus grand nombre.

Il ne s’agit pas d’une démarche d’historien mais de citoyen. Je veux rendre hommage. Je souhaite faire passer un message au-delà du 11-Novembre pour faire comprendre ce qui s’est passé.

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(1) Témoignage de Sylvain Lahure, 38 ans, Malakoffiot, arrière-petit-fils de poilu

(2) Camps de Flabas : en contradiction avec les conventions qui interdisaient de faire travailler des prisonniers de guerre à moins de 30 km du front, les Français employaient des prisonniers allemands pour travailler sur la Voie Sacrée, l’Allemagne créa le Camp des Représailles de Flabas, situé à 4 kms des lignes de combat et fit appliquer les mêmes conditions aux prisonniers français. 200 prisonniers y trouvèrent la mort.

 

(3) Témoignage recueilli par Stéphane Laforge dans le cadre de l’exposition « Mémoires de poilus » organisée par la Commission municipale « Mémoire et patrimoine » en novembre 2014 avec le concours du Service communication de la Mairie de Malakoff. Travail coordonné par Cécile Lousse et Florence Giacomelli.


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