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MEMOIRES FAMILIALES 14/18
"Ces objets qui font remonter les souvenirs de la guerre"
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Michel Foucher à l’occasion de décès dans sa famille a récupéré des objets de la Grande Guerre faisant ainsi remonter dans la mémoire collective ce conflit dont on ne parlait pas beaucoup en famille. La conservation de ces objets rappellent le souvenir de personnes disparus et parlent d’une catastrophe humaine.

« J’ai récupéré divers objets ayant appartenu à Joseph Chauvin, grand-père paternel de ma femme, et de mon grand-père paternel, Emile Foucher.(1) Né le 9 décembre 1875, Joseph Chauvin est décédé le 5 février 1915 dans la Marne. Il avait 40 ans et a laissé une veuve et deux enfants de 7 et 9 ans.

Je n’ai pas connu mon grand-père paternel, mort de maladie mais pas à la guerre. L’encrier, les deux cadres de photos et une collection de vieux livres étaient chez ma grand-mère. Je les ai récupérés à son décès. Il a fallu ces objets pour que la guerre remonte à la surface. C’est un sujet que l’on n’abordait pas dans la famille. On en parlait davantage dans ma belle-famille. Ses objets étaient en vue chez ma grand-mère, il y avait des photos de famille dans les cadres. J’étais gosse, je ne posais pas de questions et je ne me plongeais pas dans les souvenirs. Ensuite, la Seconde guerre mondiale a rajouté d’autres souvenirs qui ont peut-être effacé avec le temps ceux de la Première Guerre mondiale.

Je tiens à ces objets car ce sont des souvenirs. Ma grand-mère y était attachée. Je témoigne aussi de mon attachement et de mon respect envers les anciens. J’aime ces souvenirs car j’ai toujours été passionné par l’histoire. Quand j’étais gosse, je lisais sans cesse les bouquins que mon grand-père avait achetés. Ils étaient toujours à la gloire de la France, c’était amusant. Grâce aux livres, je me suis enrichi. La guerre de 14-18 a été concrète pour moi car j’avais cette histoire dans les mains. Cette reconstitution écrite me parlait plus que les objets, car ceux qui ont fait la guerre n’ont pas pu me la raconter. C’est un regret de ne pas avoir reçu de témoignage.

Ces objets que je conserve précieusement sont beaux. Ils sont drôlement bien faits surtout que les soldats devaient avoir peu de moyens. Je suis admiratif des douilles sculptées et du travail réalisé en relief. Ces objets me rappellent des souvenirs de personnes qui n’ont pas profité de la vie. La guerre de 14-18 a été une catastrophe humaine.

Il y a aussi beaucoup de questions derrière ces objets mais pas de réponses. Je ne comprenais pas pourquoi il était écrit Macédoine, Salonique. J’ai cherché et j’ai vu qu’il y avait eu des batailles là-bas. Je ne sais pas si c’est mon grand-père qui a fait ces cadres. Il y a beaucoup d’interrogations. Je sais que mon grand-père était assez méticuleux, il aimait les livres, la chasse. Avec ma grand-mère, ils ont habité Malakoff puis la Sarthe. Mon père n’en parlait pas trop. Pour moi ces objets sont des souvenirs de personnes disparues... ».

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(1) Témoignage de Michel Foucher, Malakoffiot né en 1935

(2) Témoignage recueilli par Stéphane Laforge dans le cadre de l’exposition « Mémoires de poilus » organisée par la Commission municipale « Mémoire et patrimoine » en novembre 2014 avec le concours du Service communication de la Mairie de Malakoff. Travail coordonné par Cécile Lousse et Florence Giacomelli.

 


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