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1936 AU GROUPE SCOLAIRE JEAN JAURES
Un établissement à bout de souffle, usé et inadapté
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Le rapport de l’architecte communal Armand Guérard réalisé à la demande du Conseil municipal en 1936 révèle une situation catastrophique pour la principale école publique de la ville. Le groupe scolaire Jean Jaurès bâtiment construit en 1875 sur la place principale du quartier Malakoff sur les hauts de Vanves pouvait-il être restauré, correspondait-il toujours aux besoins éducatifs du moment ? Le rapport donne de nombreuses indications.

Démoli en 1969 pour faire place au théâtre 71 et au nouvel Hôtel de Ville, seules désormais les très nombreuses cartes postales des bâtiments vus uniquement de l’extérieur rappellent la présence de ce groupe scolaire dans lesquelles des générations de filles et garçons ont étudié souvent dans de mauvaises conditions.

Construit en 1875 le nouveau groupe scolaire était encore l’une des écoles publiques de la commune de Vanves. Le quartier Malakoff ne deviendra officiellement commune en 1883.

Le rapport de l’architecte montre comment l’école a subit dès sa construction des transformations et par la suite des agrandissements successifs. Visiblement ce bâtiment construit sous la pression démographique du quartier ouvrier du nord de Vanves était de mauvaise qualité et ne respectait même pas les règles établies pour les écoles par le Ministère de l’Education.

Une ouverture dans l’urgence

Les bâtiments d’origine étaient uniquement constituées de trois grandes halles de six mètres vingt de hauteur, destinées à être divisées au fur et à mesure des besoins, par des cloisonnages en bois, et d’une partie centrale divisée en logements et chambres pour le personnel enseignant. Aucun autre aménagement n’y avait été prévu pour le bon fonctionnement de l’école et l’accueil des élèves.

Ainsi, pas d’école maternelle, pas de cantine, pas de lavabos ni de vestiaires, encore moins de salles de maître et de maîtresse, ni de bureau de directeur et de directrice, en fait, rien de ce qui constitue une école de la République. Elle ouvrira pourtant ses portes en l’état à la rentrée scolaire de 1876

C’est l’ensemble architectural qui semble avoir préoccupé l’architecte et les constructeurs. Armand Guérard l’architecte communal en 1936 l’affirme dans son rapport « sans exagération, ces bâtiments étaient véritablement impropres à l’usage scolaire, dès leur construction ». Et il décrit scrupuleusement l’état des lieux inouï du groupe scolaire

« L’école maternelle est installée dans un préau destiné aux filles, avec une classe unique. Probablement suffisante à l’ouverture de l’école, destiné pourtant à servir de préau pour l’école des garçons. La cour était devenue commune avec celle des filles, car la division faite au début, ne pu être maintenue vu l’insuffisance de la partie réservée aux filles.

Les filles ont occupé l’aile droite et les garçons l’aile gauche. Dès le début de fonctionnement pour les deux écoles, il ne fut plus question de préau, la maternelle utilisant ce seul emplacement disponible. Jusqu’en 1888 le Groupe scolaire resta confiné dans ces bâtiments à l’organisation précaire. Le jeu des cloisons en bois suffirent pour avoir quatre à cinq classes pour chaque école ».

Toujours des problèmes de place

Mais pour faire face au nombre grandissant d’élèves, le grand chambardement commença. L’évacuation d’une partie des locaux d’habitation du bâtiment central devint indispensable pour y aménager deux nouvelles classes. Du côté garçons, deux petites constructions, situées dans le fond près de la rue Leplanquais furent adjointes au groupe scolaire et aménagées en classes. Une cour spéciale servait à ces deux nouvelles classes, cour qui portait le nom de « Champs des pompiers » à cause d’un échafaudage servant à la manoeuvre de la caserne des pompiers. Un portique de gymnastique y était également installé. La bibliothèque, installée dans l’unique classe maternelle due être évacuée pour laisser plus de place. Cette situation s’est maintenue tant bien que mal jusqu’à l’année 1897. A la même époque 3 nouvelles classes seront construites adossées au mur du fond du préau de l’école maternelle avec elles aussi une façade sur le champ de pompiers. La salle dite de dessin disparaîtra ensuite pour accueillir une classe supplémentaire des garçons.

En 1907 grand chambardement, l’évacuation totale des locaux d’habitation dans la partie centrale du bâtiment principal fut décidée pour faire place à quatre nouvelles classes de filles portant à six classes cette partie du bâtiment totalement inadapté à un tel usage. Pour palier à l’insuffisance d’éclairage et d’aération de ces locaux, on dû avoir recours à des ouvertures sur les combles. La hauteur sous plafond de ces classes n’étant que de 2,60m.

On procéda au réaménagement de la maternelle dans les classes adossées au préau. Une entrée particulière fut ouverte pour cette école rue Le planquais.

Des classes de garçons furent alors aménagées dans l’ancienne classe maternelle donnant sur la cour des garçons. Celles situées dans l’ancien champ des pompiers furent abandonnées pour y installer la bibliothèque. Ce fut la dernière extension possible.

C’est a cette époque que l’on pris la décision de construire un nouvel établissement scolaire, le groupe Paul Bert, qui libéra un certain temps les classes de Jean Jaurès surchargées.

1930 : manque de place et des rats dans les classes

Vers 1930 la situation devint de nouveau intenable à tel point qu’une classe de garçons fut aménagée dans le vestibule d’entrée. La construction d’une école maternelle rendit disponible des locaux, mais encore insuffisants pour accueillir tous les enfants à scolariser de plus en plus nombreux. Une classe provisoire en préfabriqué sera placée dans la cour. Ce fut le dernier agrandissement possible. Il fallu aussi durant cette période aménager la cantine scolaire dans l’unique préau et y adjoindre une cuisine.

Quand au WC, ils étaient simplement constitués de cabanons étroits, garnis d’un siège en forme de marche, percé d’un trou rond, dit lunette, l’unique aménagement de ce lieu d’aisance.

C’est cette organisation provisoire que déplore l’architecte communal dans son rapport à la Mairie. Le groupe Jean Jaurès se divise en 1936 en deux parties distinctes Pour les 700 élèves réparties sur deux cours l’une de 732m2 pour 11 classes de 550 élèves soit 1m35 de cour par enfant. L’autre de 565m2 pour 4 classes de 200 élèves, soit 2,80m2 par enfant.

Pour l’école de filles la situation n’est guère meilleure. Avec ses 14 classes de 600 élèves, la superficie totale de l’unique cour est de 968m2, soit 1,60m2 par élèves.

Le rapport de l’architecte est sans appel et il en rajoute pour que la Mairie trouve des solutions. "Tous les bâtiments du groupe scolaire sont infestés de rats. Les parquets en particulier et les sols carrelés de l’école des filles notamment en étage, sont absolument hors d’usage. Toute réparation, dite d’entretien, même réduite devient impossible. A cela s’ajoute dit l’architecte l’orientation défavorable d’une grande partie des locaux, l’absence absolue de tout confort, l’impossibilité de chauffer normalement en hiver les classes pourvues de plafonds exagérément hauts.

Et de conclure "aucune transformation sérieuse ne peut-être entreprise et la surélévation des classes, en façade sur la place, envisagée à plusieurs reprises, n’aboutirait qu’à une aggravation de la situation... ".

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Sources : Archives municipales Dossier Rapport d’Armand Guérard au Consiel Municipal le 14 mai 1936


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