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1870
La triste fin de la tour Malakoff
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Les activités du parc d’attraction et de la tour Malakoff auront une courte durée. Après la mort de Chauvelot en janvier 1861, le créateur, le constructeur, l’animateur du parc, l’établissement de la Tour Malakoff connaîtra l’abandon et une lente agonie jusqu’à la destruction lors de la guerre Franco-Prussienne en 1870.

Les héritiers de Chauvelot étaient nombreux (sa femme, ses 5 enfants vivants, ses petits enfants), mais personne ne semblaient intéressés par la reprise de l’affaire, bien que deux de ses fils soient forains. Ils ont donc décidé dans un premier temps d’en confier la gestion à un tiers. Ils ont fait procéder à une adjudication du bail de l’établissement le 23 mars 1861.

Le cahier des charges précise que l’adjudication porte sur divers bâtiments, l’un nommé la tour Malakoff, un autre le Mamelon Vert, le dernier le Petit Redan ; un bâtiment non couvert, terrasse, cour jardin et carrière à ciel ouvert ; l’établissement de cafetier limonadier et restaurateur que Monsieur Chauvelot faisait valoir à la Tour Malakoff dans la propriété ; le matériel servant à l’exploitation du dit établissement, ensemble de divers tableaux et décors composant les objets. Est exclue toutefois la maison de Chauvelot.

Les conditions du cahier des charges imposent à l’adjudicataire de veiller à la conservation des objets et immeubles loués, d’empêcher dégradations et détériorations, notamment des tableaux, peintures et gravures, d’entretenir la propriété en bon état de réparations locatives et ne faire aucun changement ni démolition, de terminer le mur de soutènement actuellement commencé pour empêcher l’éboulement des terres de la salle où se tient le bal découvert et cela avec des moellons dépendant de la succession Chauvelot et se trouvant sur l’avenue du Sacramento, ou, s’ils ne suffisent pas, l’adjudicataire devra en faire extraire à ses frais de la carrière dépendant de la propriété.

L’adjudicataire devra, en sus du prix de l’adjudication, payer des marchandises comestibles (en fait des vins et spiritueux) plus un quart de leur valeur. Il paiera les patentes ainsi que les charges personnelles et immobilières. Il pourra déterminer le prix d’entrée de l’établissement, prix dont seront exonérés les membres de la famille Chauvelot. Il devra enfin faire ce qu’il faut pour obtenir les autorisations pour exploiter le bal ainsi et faire valoir l’établissement de cafetier limonadier restaurateur afin de conserver la clientèle. Les enchères démarrent à 1000 francs et c’est un certain Claude Jamon, marchand de vins à Paris qui l’emporte pour 5000 francs.

L’établissement perd sa renommée

Mais il semble que le sieur Jamon ne se soit pas bien occupé de l’établissement qui, au cours des années, perd de sa renommée et de ses clients. En 1867, l’exposition Universelle qui se tient à Paris attire tous les regards et l’établissement se voit complètement délaissé. 3 ans plus tard, la guerre franco prussienne lui est fatale. Les régiments prussiens sont installés sur le plateau de Chatillon. L’armée n’a qu’une seule peur, c’est que les bâtiments de grande hauteur ne servent de point de mire aux allemands pour bombarder Paris. Le maire de Vanves reçoit donc l’ordre des autorités militaires de dynamiter la tour, ce qu’il fait.

15 ans après son élévation, la tour n’est plus que ruines. Elle va rester ainsi pendant des années, silhouette sinistre au milieu d’un parc abandonné. Pour veiller sur les décombres on nomme un couple de concierges, les Peltier. La femme Peltier est assassinée en 1876 et jetée dans un puits : c’est le crime de la Tour Malakoff, histoire terrible qui a alimenté à l’époque la chronique. Aujourd’hui ne restent que quelques vestiges incorporés à un bâtiment construit sur l’emplacement de la tour et la trace de l’établissement dans le cadastre. Et, bien sûr, le nom de la commune de Malakoff.

David Berthou

-Extrait de la conférence donnée par monsieur David Berthou documentaliste aux Archives Nationales au Musée de Sceaux en janvier 2015

-Rare photo d’illustration montrant la tour Malakoff


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