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HONNEUR ET PATRIE
1886 : monument commémoratif de 1870
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Le 15 août 1886 le Conseil municipal de Malakoff décidait la construction d’un monument à la mémoire des soldats morts pour la patrie. Il fut décidé que son emplacement au rond-point du nouveau cimetière ouvert le 1er juillet 1886 avait tout son sens. Le cimetière municipal est en effet situé à côté du Fort de Vanves qui fut le théâtre de divers combats successivement avec les Prussiens et entre les Fédérés et les Versaillais. Il ne sera finalement inauguré qu’en 1902.

Les monuments hommages aux morts de la guerre de 1870 sont peu nombreux en France. Le Conseil municipal de Malakoff devança la loi de 1890 qui confiait l’initiative aux communes l’érection des monuments commémoratifs sur les emplacements des batailles où les places publiques.
Le monument fut donc érigé grâce à une souscription nationale sur les lieux mêmes de la tragédie. En effet, la guerre de 1870 n’épargna pas le territoire autour du fort de Vanves, territoire qui deviendra le secteur sud de Malakoff. Par la suite le monument honora aussi la mémoire des soldats morts dans les guerres coloniales.
 
La plupart des monuments de cette époque ont été réalisés par des artistes affirmés, contrairement aux monuments aux morts de la guerre de 1914-1918 produits très souvent en série. A Malakoff on fit appel au sculpteur et médailleur de grand renom Hubert Ponscarme, habitant la commune et qui fut conseiller municipal jusqu’en 1884. Ce fut le premier monument commémoratif à Malakoff en l’honneur des soldats tués dans les conflits armés.
 

Le monument sur son premier emplacement au croisement des allées non loin de l’entrée principale du cimetière (1902)

Un monument classique, mais inédit
 
Le monument funéraire se présente sous la forme d’un cénotaphe ressemblant à un imposant tombeau mais qui n’abrite aucun corps. Visuellement il est propice au souvenir et au recueillement. C’était le but des élus de Malakoff.
Le monument est composé d’un soubassement en contact avec le sol entouré d’un petit espace régulièrement fleuri, d’une pierre tombale assez haute sur laquelle repose à plat une plaque de marbre supportant en relief la Palme de la Victoire, simple branche de laurier en bronze symbole de paix et de gloire. Devant le tombeau est inscrite en grosses lettres : « Aux enfants de Malakoff morts pour la Patrie ».
 
Une chaîne du souvenir reliée à six flambeaux stylisés délimite l’espace sacré et le sépare du reste des lieux.
 
Une stèle verticale rehausse le monument et permet d’y ajouter inscriptions et symboles. De chaque coté, sur la partie supérieure sont sculptés en relief deux anneaux, symbole de l’éternité, et qui marquent le lien d’une communauté, une alliance. Une façon sans doute dans l’esprit du sculpteur Ponscarme de montrer l’importance du lien des soldats morts avec la nation.
 
Une plaque aux riches significations
 
La plaque argentée fixée à l’arrière de la stèle est assurément la décoration la plus significative du monument. Une ancienne photographie du début du 20ème siècle la montre à l’avant de la stèle posée au dessus du tombeau.
Au centre, l’inscription rappelle d’abord le sens du monument : « A la mémoire des militaires et marins de Malakoff morts au service de la France ». Au dessous figure l’indication « Société Nationale du Souvenir Français » à qui l’on doit depuis plus de 120 ans tant d’actions de soutien aux familles et à l’entretien des lieux de mémoire.
 
Trois motifs sont également présents sur la plaque du souvenir. Un fronton en demi-relief comporte un faisceau de licteur constitué par l’assemblage de branches longues et fines liées autour d’une hache par des lainières en cuir. L’emblème est entouré d’une branche de chêne (symbole de la Justice) et d’une guirlande de fleurs. Ce motif issu de la Rome antique à été réinterprété par la Révolution Française pour représenter l’union et la force des citoyens français réunis pour défendre la liberté. Aujourd’hui encore il est utilisé pour représenter la République. Il figure notamment sur la couverture de nos passeports. De chaque côté du fronton deux mots « Honneur et Patrie ».
 
Sur le côté droit le tambour, dit d’ordonnance, dont la mission essentielle était d’assurer autrefois la transmission des ordres. Il est accompagné d’un clairon dont toutes les troupes furent dotées en 1831 pour les sonneries règlementaires. Un clin d’oeil peut-être aussi au rôle d’Alexandre Baudot, le célèbre "Clairon de Malakoff" qui s’illustra par sa conduite héroïque lors de la prise de la tour de Malakoff en Crimée le 8 septembre 1855. Deux canons d’artillerie complètent le motif.
 
Sur le coté gauche autres symboles forts. A centre la couronne mortuaire avec ses fleurs séchées qui vient ici renforcer le sens d’éternité du cercle, canons, haches, pics, oriflammes...
 
13 noms gravés sur la plaque commémorative
 
A l’origine le monument ne comportait aucun nom de soldats morts en service en France et dans les guerres coloniales. Ultérieurement furent gravés sur les côtés 13 noms de soldats et marins :
Julien Arondel (1890 Malakoff), Adolphe Borst ( conflit Union Indochinoise, 1892 Tonkin Viet-Nam, Indochine), Gustave Bouclet (1895, Diego-Suarez), Célestin Colle (1900 Dunkerque), Albert Gilbert (1889, Brest), Jule Ganmougin (1900, Tunisie), Gaston Hupry (1901, Algérie), Lucien Jordaney (conflit Union Indochinoise,1896, Tonkin Viet-Nan, Indochine), Léon Orange (1893 Malakoff Viet-Nan, Indochine), Elie Ponscarme (1895, Madagascar) ; Louis Putz ( conflit Union Indochinoise, 1893, Tonkin Viet-Nam, Indochine), Charles Talobre (conflit Union Indochinoise, 1887, Tonkin Viet-Nam, Indochine), Francis Vasseur (conflit Chine, 1900, Chine).


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