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CENTRE DE SANTE MARIE-THERESE
De l’ouvroir à l’atelier d’apprentissage pour les jeunes femmes
De l’oeuvre de guerre à l’école professionnelle
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Quand arrive la première guerre mondiale l’infirmière, Soeur Félicité Beauvois, déjà très active depuis plus de trois ans dans la partie nord de la ville de Malakoff installe un ouvroir pour donner du travail aux femmes de mobilisés où chômeuses. Il en existe un autre mis en place à la même période par la municipalité de Malakoff et dirigé par la femme du Maire.

L’ouvroir de l’oeuvre du dispensaire Marie-Thérèse à Malakoff

Partout en France, à l’arrière du front, l’effort de guerre a aussi pris une dimension économique dans laquelle les femmes ont su occuper une place essentielle pour vivre ou pour survivre. Pendant toute la période des hostilités des ouvroirs ont été créés par les communes, les organisations de la Croix-Rouge et les congrégations religieuses, notamment les Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul. En temps de guerre ces ouvroirs revêtaient plusieurs intérêts. Ils permettaient d’abord de fournir aux soldats mobilisés du linge et des vêtements propres, neufs ou raccommodés. Autre intérêt aussi essentiel dans le contexte économique et social du moment, les ouvroirs donnaient du travail à des femmes de soldats, des veuves ou des chômeuses souvent sans ressources et à charge d’enfants qui trouvaient dans ces ateliers de travail de quoi subsister. Il y avait à Malakoff plus d’un millier d’hommes partis à la guerre pour une population totale de 16368 habitants (1). Ces lieux où des femmes travaillaient ensemble représentaient également un lieu de partage essentiel pour tenir.

A l’automne 1914, Soeur Félicité installe un ouvroir dans une maison du 10 rue Danicourt, puis le local devant trop petit elle le déplace au 149 boulevard Gabriel Péri (alors route de Montrouge) qui deviendra pendant plusieurs décennies le patronage de la paroisse catholique de Malakoff. L’ouvroir dirigé par les Soeurs emploiera jusqu’à 150 femmes ouvrières.

L’ouvroir des Soeurs travaillait avec des commandes de l’armée et du Service de Santé à la confection de chemises, de matériel de pansement, au piquage des toiles de tentes. Mais surtout se plaisait à dire Soeur Félicité : « On y tenait tête au cafard en cultivant l’optimisme... ».

Le potentiel d’un ouvroir était en effet bien connu de Soeur Félicité puisque l’ouvroir était une activité pour les orphelines accueillies dans les orphelinats des Soeurs de Saint-Vincent de Paul, toujours secondés par des femmes aristocrates bénévoles ou de l’élite sociale et politique. Pour ces femmes, l’ouvroir représentait l’un des lieux de sociabilité et d’activité charitable classique.

Dans un éloge pour les actes de dévouement à l’occasion de la remise du prix Audiffret, décerné en 1930 par l’Académie des Sciences Morales et Politiques à l’Association Marie-Thérèse, monsieur Alfred Rebelliau, historien et membre de la Commission du Dictionnaire de l’Académie Française mets en avant la création de l’ouvroir par Soeur Félicité Beauvois, oeuvre exemplaire pour « ces épouses ou filles, ou soeurs, ou compagnes abandonnées, à qui la mobilisation à ôté leur homme...elles les rassemble, elle leur donne une occupation qui non seulement les aide à subvenir à leurs besoins, mais surtout, à conserver l’énergie, l’espoir, voir même la gaieté parisienne. Dès les premières semaines de la guerre, Soeur Félicité installait dans un bâtiment de fortune un ouvroir de 85 places... »(2)

De son côté, la municipalité mettait également en place un ouvroir dirigé par madame Fourquemin, la femme du Maire. On y confectionnait des pantalons de velours, des caleçons, des vestes, des blouses, des bonnets de police et des cravates. Il fut très actif durant toute la Première Guerre Mondiale.

Une oeuvre durable après la guerre

Au lendemain de l’armistice de 1918, les femmes laissèrent la place progressivement à leurs filles. A l’atelier, les confections pour les grands magasins, la lingerie élégante.. remplacèrent les fournitures militaires. Les commandes affluèrent...un temps. Mais avec la crise survenue en 1929 une adaptation aux réalités s’imposa quelques années plus tard. En 1932 l’atelier cesse d’être un « atelier de rapport » pour devenir le premier lieu de formation professionnelle, familiale et ménagère.

Déjà en 1928, l’Association Gambetta de Malakoff, la branche du dispensaire Marie-Thérèse chargée des oeuvres de charité, d’entraide sociale et de l’enfance, avait créé officiellement un atelier d’apprentissage de couture et d’enseignement ménager, avec cours de français, de dessins et de sténo-dactylographie pour les jeunes filles après l’école primaire.(3) Cet atelier occupait les locaux laissés libres par les Soeur à l’extrémité du site de la rue Gambetta, les Soeurs résidant depuis 1924 dans un bâtiment neuf prolongeant le dispensaire. Cet atelier de couture fonctionnera jusqu’en 1959 avant d’être remplacé par une école commerciale agréée. Elle fonctionnera sept ans avant d’être confiée à l’école privée Sophie Barat de Chatenay-Malabry.

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SOURCES

(1) Recensement effectué en août 1914 : 5071 hommes, 7521 femmes, 3396 enfants. Le recensement officiel de 1911 était de 19789 habitants

(2) Séance du 5 juillet 1930 de l’Académie des Sciences Morales et Politiques

(3) Note sur l’atelier professionnel, archive du Centre de Santé Marie-Thérèse, B1


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