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CENTRE DE SANTE MARIE-THERESE
Quand les académiciens font l’éloge du dispensaire Marie-Thérèse
Prix Thorlet (1922), Prix de Sussy (1925), Prix Audiffred (1930)
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Durant les premières années d’existence de l’association Marie-Thérèse, faits assez rares, trois prix ont été décernés à l’association par l’Académie des Sciences Morales et Politiques pour lesquels les académiciens ont couverts d’éloges le dispensaire, ses oeuvres sociales et le dévouement des fondatrices de l’oeuvre depuis les origines.

A travers les rapports sur les prix attribués par l’Académie des Sciences Morales et Politiques, c’est tout un travail médico-social privé et de bienfaisance dans le quartier nord de Malakoff qui est évoqué alors que la ville ne dispose pas encore de dispensaire municipal, seulement un petit service de soins. (1) Extraits des rapports des séances à l’Académie volontairement choisis pour mettre en avant les différentes activités de l’Association (2)

Prix Thorlet (1922)

« Au mois de janvier 1912, en plein hiver, quand les misères quotidiennes de la vie pèsent d’un poids plus lourd, une soeur de Saint-Vincent de Paul s’installe à Malakoffdans une modeste chambre qui fut la première cellule de la belle oeuvre que la commsion du Prix Thoret signale aujourd’hui à l’Académie. Pour payer la chambrette, surtout pour avoir des remèdes en vue des distributions à domicile, un peu d’argent était nécessaire. Des dames de la société parisienne se chargèrent de ce soin ; elles sont restées depuis lors bienfaitrices de l’oeuvre, leurs générosités ont permis à l’oeuvre naissante de se développer...

L’oeuvre a grandit ; au début de l’année 1914, la soeur avait pu trouver une petite maison. La guerre éclate. La petite maison se transforme en quelques jours en un asile où la bienfaisance s’exerce de mille manières : car les maris sont partis, le foyer est vide. Que d’inquiétudes matérielles, que de douleurs morales ! La soeur organise un ouvroir ; la soeur établit tout un service de distribution de vivres ; la soeur recueille pendant le jour et garde les petits. ..

Les dames qui forment le conseil de l’oeuvre ont pu réunir assez d’argent pour acheter une vieille ferme et pour la transformer. L’oeuvre est chez elle, elle a pignon sur rue, pignon bien modeste, pignon tout de même. Vite on construit une salle de consultation pour les nourrissions, une salle de patronage pour les enfants, un bureau qui est le secrétariat des familles déshéritées, un service anti-tuberculeux avec une petite pharmacie gratuite. L’argent est venu peu à peu : les Croix-Rouge américaine, australienne, canadienne, britannique, frappées de tout le bien qui se fait avec des moyens si médiocres, se sont intéressées en particulier aux dispensaires : un dispensaire anti-tuberculeux est inauguré le 1er octobre. Dès la première année, les tuberculeux de Malakoff reçoivent 2500 consultations...

L’Association Marie-Thérèse a cinq divisions : le service des soins à domicile. En 1921, les soeurs ont visités 9980 malades. La consultation des nourrissons. En 1921, 351 consultations ont été données, 1004 pesées ont été faites. Le dispensaire de médecine générale. En 1921, 1786 malades sont venus au cabinet du docteur. Le dispensaire anti-tuberculeux, organisé suivant les meilleurs méthodes de l’hygiène. En 1921, pendant six mois seulement 509 consultations ont été données à des tuberculeux qu’on soigne, à des pretuberculeux qu’on protège contre l’invasion du mal. Garderie et patronage, où plus de 200 enfants se réunissent et s’amusent, à l’abri des dangers de la rue, tandis que les parents sont au travail.

L’ambition de l’Association Marie-Thérèse est à présent d’avoir une grande salle de réunion pour les après-midi du jeudi et du dimanche, une salle où l’on pourra faire venir les mamnans et les papas, faire jouer devant les familles réunies des petits spectacles, leur montrer les splendeurs de la lanterne magique et du cinéma...

Notre commission du prix Thorlet a été frappée de l’intérêt social et moral que représente l’ensemble des oeuvres de l’Association Marie-Thérèse. Puisque le prix Thorlet a, parmi ses caractères, d’être un prix d’encouragement pour les oeuvres sociales, notre commission décerne les 4000 francs du prix Thorlet à l’Association Marie-Thérèse de Malakoff. .. »

Rapporteur de la Commission du prix Thorle 1922, Georges Lacour-Gayet, historien. Séance du 25 février 1922

Prix de Sussy (1925)

« Comme chaque année l’Académie française accorde une partie de ses prix à des oeuvres collectives de patronages, d’assistance et de relèvement. Parmi elles les unes sont en quelque sorte les oeuvres de l’arrière prévoyantes et sagement ordonnées. Les autres, plus audacieuses, vont s’installer dans les faubourgs, en première ligne, au front du malheur.

Un jour, en 1912, une soeur de Saint-Vincent de Paul, de l’hôpital Saint-Joseph à Paris, entendit raconter que là-bas, de l’autre côté des fortifications, dans la commune de Malakoff, l’indigence et sa complice, la maladie, faisaient des ravages. Après avoir eu l’autorisation de sa supérieur, la soeur partit à la découverte et se trouva bientôt au milieu d’une agglomération de maisons et de cabanes insalubres et surpeuplées...Sans ressources ni appui, il lui fallait tout inventer, tout créer...La religieuse eut le bonheur de rencontrer une femme de grand coeur, qui lui apportât les ressources nécessaires. ..

Aujourd’hui, cette oeuvre a fondé une garderie pour les tout petits, un patronage pour recueillir les plus grands au sortir de l’école, un dispensaire antituberculeux, un autre de médecine générale, une consultation de nourrissons, un fonds destiné à aider, au moment du terme, ceux qui ne peuvent pas payer leur loyer, enfin, une organisation de visites à domicile, qui ont atteint, au cours de l’année 1924, le chiffre de 10 344. L’humble cellule du début est devenue une ruche en pleine activité. Sept religieuses secondent désormais l’ouvrière de la première heure.

J’ai remarqué, tandis qu’elle me faisait parcourir les salles claires du dispensaire et les cours nettes de sa maison, qu’elle regardait un terrain mitoyen qui est à vendre et, un peu plus loin, un baraquement qui le sera bientôt... L’Association Marie-Thérèse est en pleine prospérité, mais veuillez y réfléchir, qu’est-ce que c’est qu’une oeuvre prospère ? C’est une oeuvre qui a plus besoin d’argent que les autres...

Nous avons accordé sur la Fondation de Sussy, un prix de 4000 francs à l’Association Marie-Thérèse... »

Rapporteur de la Commission du Prix de la Fondation de Sussy 1925, Louis Madelin, Académicien Député, historien spécialiste de la Révolution et du Premier Empire. Séance du 5 juillet 1925.

Prix Audiffred (1930)

« La commission mixte du prix annuel Audiffred destiné aux oeuvres de dévouement a décidé d’attribuer le prix 1930 à l’Association Marie-Thérèse...

Après la présentation des activités de l’oeuvre qui a déjà dix-huit ans, permettez au rapporteur une remarque. C’est la qualité qu’avec grande raison que vous recherchez dans les oeuvres, beaucoup plus que les élans qui s’affaissent trop souvent quand le succès ne répond pas à des ambitions excessives ou impatientes. Ici, rien de tel. Si les intuitions primitives se développent, s’il en surgit d’autres, c’est progressivement, au fur et à mesure des besoins apparus, à leur demande et dans les proportions raisonnables. La fondatrice attendit six ans pour provoquer en 1918 la formation de l’Association Marie-Thérèse, et de nouveau six autres années pour demander en août 1924 la reconnaissance d’Utilité Publique de cette association.

C’est avec prudence et cette sureté que l’oeuvre, en durant, a grandit d’abord du point de vue médical. Le dispensaire, qui n’est plus seulement antituberculeux, et qui comprend presque tous les services de la médecine générale ou spéciale, occupe dix docteurs, consultants, traitants, assistant ou chef de laboratoire. Les consultations ont atteint en 1928 le total de 7700.

Six soeurs infirmières travaillent non seulement au siège de l’oeuvre, mais aussi au domicile des malades....Le bâtiment central, sorte d’hôpital pavillonnaire ne paie point de mine et les constructions neuves sont plantées çà et là de guingois.. Mais cet ensemble de constructions vieilles ou neuves offre au visiteur surpris un édifiant spectacle : plusieurs laboratoires, dirigés par des médecins que l’on remercie plus qu’on ne les rémunère, mais que l’on équipe à souhait : appareil de radiographie, appareil pour les applications de radium, appareils pour les rayons ultra-violets. En 1929, les examens radioscopiques ont été de 2500 environ, les analyses diverses de 1872. Plus de 80 tuberculoses ont été diagnostiquées. Et si les maladies des voies respiratoires sont les plus fréquemment soignées, toutes les autres le sont aussi, y compris les maladies vénériennes et le cancer, dont le dépistage occupe un médecin, lequel a son cabinet de consultation et sa salle d’examen...

Une consultation prénatale a été ajoutée à la pesée des nourrissons ; en 1929 elle a eu 53 séances ; les consultations ont été de 500, et les pesées de nourrissons de 1430.

Une garderie d’enfant est ouverte au coeur de l’oeuvre : 70 enfants y sont recueillis actuellement de 7 heures du matin à 17 heures. Et de plus, comme Malakoff est très étendu, comme les mères et les enfants sont éloignés ne pourraient venir que difficilement au 51 rue Gambetta, a été installé au Clos Montholon une consultation périodique des nourrissons...

Mais faire de la médecine sans faire de l’hygiène, et de l’hygiène sans faire de la morale, individuelle ou sociale, soeur Félicité et le conseil de l’Association ont bien compris cette solidarité de toutes les disciplines qui contribuent au bon ordre des collectivités en accroissant le bien-être des individus. C’est ainsi qu’on été créés des patronages pour les garçons et les filles, un atelier d’apprentissage pour les fillettes sortant de l’école, des cours de français, d’anglais, de dessins, un bureau de renseignements gratuit pour les demandes et les offres d’emploi... et en 1929 la dernière réalisation, une colonie de vacances à Rantigny, dans l’Oise...

Vous désirez avec raison honorer et récompenser dans les oeuvres de bienfaisance autre chose que le succès ou la méthode : vous désirez, conformément à l’intention des donateurs et donatrices du prix Audiffred, rendre hommage et prêter concours à l’énergie tour à tour vaillante ou patiente, au dévouement qui oublie ses intérêts matériels. De cet abnégation, de cet héroïsme obscur ou silencieux, nul n’a plus de besoin que les femmes de l’oeuvre dont je viens d’avoir l’honneur de vous présenter. Et c’est donc en toute conscience que notre commission du prix institué par madame Audiffred pour le dévouement et le courage, sous quelque forme que ce soit, attribue le montant total de ce prix de 15000 francs, au dispensaire Marie-Thérèse de Malakoff... »

Rapporteur de la commission du prix Audifredd 1930, Alfred Rébelliau, membre de l’Académie, historien spécialiste de l’histoire des idées religieuses. Séance du 5 juillet 1930

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1) A noter que l’Académie des Sciences morales et Politiques a de nouveau primé l’Association Marie-Thérèse par le prix de vertu (dévouement et bienfaisance) en 1938 et par le prix Mazeron en 19xx

2) Textes complets numérisés par la Bibliothèque Nationale et accessibles dans la base de données Gallica.

Salle de consultation de médecine générale au dispensaire Marie-Thèrèse dans les années 1920-1930


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