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LE MONUMENT AUX MORTS DE 1914-1918
Le choix difficile d’un monument après un traumatisme collectif (2)
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C’est l’architecte communal Armand Guérard qui se voit confier par le Maire Edouard Fourquemin la délicate tâche de proposer un monument du souvenir qui doit d’abord respecter un certain nombre de dispositions législatives puis répondre à l’immense besoin de la population d’avoir un lieu de mémoire collectif. Le monument permettra selon les élus de forger des liens d’appartenance et de solidarité grâce aux cérémonies du souvenir qui sont désormais organisées chaque 11 novembre depuis 1922.

Armand Guérard l’architecte communal a donc dessiné les plans du monument. Il voulait une construction la plus noble possible sur un lieu investi d’une certaine sacralité et dépositaire de la mémoire, la perpétuation du souvenir à l’échelle de la commune durement éprouvée par tant de morts. Son projet approuvé par le Conseil Municipal le 25 novembre 1924 comporte quelques détails qui n’ont pas été réalisés dans le monument définitif notamment les palmes de laurier qui encadraient la liste centrale et la ceinture d’obus enchaînés sur la plate-forme qui voulait témoigner de la force brutale de la guerre moderne.

Après un appel d’offre et une adjudication le 3 avril 1923 une entreprise est choisie pour exécuter le monument. Lors de cette adjudication quatre entreprises qui ont reçu le visa de l’architecte communal sont sur les rangs : les entreprises Guilvard et Tixier de Malakoff et les entreprises Fléchelle et Cohen/Dechère de Paris. C’est le marbrier funéraire René Fléchelle installé boulevard Edgard Quinet à Paris 14è qui remporte l’appel d’offre. Il est chargé de l’exécution des travaux à partir des plans de l’architecte communal sur un nouvel espace du cimetière agrandi.

Un emplacement qui fait sens

Impossible de ne pas le voir lorsqu’on parcourt le cimetière. Au final c’est un monument aux dimensions édifiantes, mais en fait assez conventionnel. Il frappe d’abord par sa masse et sa sobriété. Délimité par une barrière physique ou symbolique, le monument occupe un terrain soustrait à l’espace public par un périmètre surélevé dont les marches accentuent la mise à distance tout en lui faisant corps.

Pas de symboles patriotiques ou militaires ni de représentation de la violence de la guerre, la longue liste des morts (voir la fiche3) est assez cruelle pour dénoncer les horreurs de la guerre et ses absurdités. Peu d’iconographie à part le symbole floral qui encadre la date 1914-1918 de chaque côté du monument et les feuilles de chêne qui courent sous la dédicace du fronton, symbole de durée, d’éternité et de pérennité.

L’inscription qui traverse toute la longueur du monument laissée au choix de la commune est caractéristique du sens que veulent donner les élus de Malakoff au nouveau mémorial. Pas de morts pour la France ou la patrie, pas de glorification des morts. La dédicace funéraire « A nos morts victimes de la guerre » montre clairement un choix d’hommage qui va aux soldats de la commune considérés comme des victimes de la première guerre industrielle de masse. Elle vient ici renforcer la symbolique du monument.

Pour des raisons pratiques la plupart des monuments aux morts en France ne portent pas de dates précises, mais l’indication des années. Ainsi, l’expression 1914-1918 qui figure sur les deux parties latérales du monument de Malakoff est la plus répandue. Elle reste la seule jusqu’en 1945 date à laquelle sont rajoutées la nature des conflits postérieurs avec le nom des territoires concernés et la nature de la mort : 1939-1945, tués aux combats. 1939-1945, victimes du nazisme. Indochine 1946-1954. Algérie, 1954-1962. Ce qui porte à 1162 victimes des guerres inscrites sur le monument.

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Sources Archives Municipales, dossiers 4H 1-6, 1M 16-17, 2M 6


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