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Quand le plateau de Malakoff s’affranchi du vieux Vanves
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On imagine difficilement aujourd’hui les ressentiments de la population du plateau de Malakoff, durant la dernière moitié du 19ème siècle, vis-à-vis de la partie historique de la commune de Vanves. Des écrits parus dans l’hebdomadaire Radical "Le bon citoyen de Malakoff" en disent long sur l’état d’esprit qui régnait durant les années autour de la séparation.

« Comme la plupart des propriétaires de notre localité, j’ai signé en son temps la pétition qu’on faisait circuler demandant la séparation de Vanves et de Malakoff. Je signai même cette pétition avec un certain enthousiasme. Je me tenais ce petit raisonnement. Malakoff n’a rien de commun avec Vanves. L’un est un vieux pays, imbu d’idées rétrogrades, l’autre est une jeune ville marchant d’un pas ferme vers le progrès. La ligne du chemin de fer de Versailles est pour nous une barrière infranchissable. Vanves me fait l’effet d’être de l’autre côté des montagnes du Jura. Et puis, pour l’habiter et trottiner à travers ses rues montueuses, il ne faut pas être asthmatique, ni catarrheux…

Avec l’immense propriété du lycée, d’un côté, et la Maison de Santé de l’autre, il ne pourra jamais prendre un bien grand développement. Malakoff, au contraire, est un admirable plateau qui sera un jour entièrement construit. Si vous prenez le plan des environs de Paris, vous constaterez que notre localité est la plus rapprochée du centre de la Capitale. Tous les moyens de locomotion sont à notre service : omnibus, tramways, chemin de fer. Vanves et Malakoff n’ont entre eux aucun lien commercial. Et puis, ce qui me frappait le plus, c’est qu’il ne se faisait pas de mariages entre les deux pays. Donc aucune sympathie.

Eh bien, me disais-je, puisque vous ne voulez pas nous donner vos fieux, vos coqs, nous garderons tranquillement nos filles, nos poules, et nous vous laisserons pour compte vos trois ou quatre vieux dure-à-cuire de l’ancien Conseil qui détestaient profondément Malakoff et cherchaient à manger seuls toute la galette municipale.

Avaient-ils le droit de tirer aussi avidement la couverture à eux ? Les chiffres officiels ci-après vont répondre pour moi : Voici les rôles de 1883 et les principaux chiffres des quatre Contributions. Foncières propriétés non bâties : Malakoff 1,357 francs, Vanves 1,101 francs.

Foncière propriété bâties : Malakoff 10,051 francs, Vanves 6,989 francs. Personnelle mobilière : Malakoff 11,6119 francs, Vanves 6,894 francs. Portes et fenêtres : Malakoff 8,991 francs, Vanves 4,575 francs. Patentes : Malakoff 11,687 francs, Vanves 8,746 francs. Le total est sans appel : 43,705 pour Malakoff et 28,305 pour Vanves.

Nous avions raison de demander la séparation et nos conseillers avaient le droit de réclamer pour Malakoff leur part de la galette municipale. »

Félicien Bernard

 « Nous voici maintenant arrivé à une autre période de notre existence. Malakoff a tout à fait secoué le joug de Vanves. Malakoff est libre, Malakoff est séparé de Vanves. Vive Malakoff ! Nous ne sommes plus des petits enfants ; nous ne craignons plus les gros yeux de la mère Vanves. Nous sommes majeurs… Aussi, ressentons-nous déjà les bienfaits de notre délivrance. D’abord beaucoup plus de propreté. Nous avons la permission d’avoir plus de cantonniers que jadis. Les ruisseaux sont lavés à grande eau et, en même temps, balayés par les riverains et le cantonnier.

Mais, que vois-je au bout de l’avenue des écoles, à droite de la place, un marché ? Oui, mes chers concitoyens, un marché couvert, un marché à la parisienne !. Il y a deux mois à peine, il n’y avait rien à cette place. C’est pour le coup que la grand-mère Vanves va faire de gros yeux ! Seulement, cette fois, nous pouvons lui faire ce que nous avons fait souvent à nos maîtres, car nous sommes devenus des hommes. Nous gérons nos affaires nous-mêmes. Nous sommes libres de nos actions ».

O. Moreau

 


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