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AGRICULTURE URBAINE
Des terrains de maraîchage et des lieux de ventes (2)
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On peut s’interroger sur l’installation de la culture maraîchère sur la Plaine de Montrouge particulièrement éventrée par les carrières de pierre dont les sols n’étaient pas réputés fertiles. Mais la jeune commune de Malakoff encore peu urbanisée au nord comme au sud avait plusieurs atouts : des terrains adaptés à la culture en châssis et un énorme marché avec Paris.

Espace maraîcher à Malakoff vers 1905

Les cartes postales de Malakoff d’avant 1914 sur les espaces cultivés découpés en damiers au sud de Malakoff sont fort parlantes. Encore dans la dernière partie du 19ème siècle la banlieue est encore peu urbanisée ce qui permettait le développement d’une activité agricole sur de petits espaces grâce au système de culture forcée devenu la base de toute culture maraîchère avec notamment la mise au point d’un système de culture sous châssis vitrés et sous cloches de verre de 40 centimètres de diamètre à la base et d’une hauteur d’environ trente sept centimètres. 

Les maraîchers et pépiniéristes du sud parisien avaient de bonnes possibilités de ventes directes de leurs produits particulièrement pour ravitailler Paris lorsque les transports étaient lents et difficiles aux halles ou directement sur le marché de Malakoff . On sait aussi que le 19ème siècle fut un grand amateur et un grand consommateur de fleurs qui accompagnaient toutes les circonstances de la vie.

De l’engrais à proximité

L’engrais essentiel pour la culture forcée était aussi un atout en banlieue, il provenait principalement de l’enlèvement des boues de terre et gadoues dans les rues non pavées de Malakoff formées de résidus végétaux, ordures ménagères auxquels s’ajoutaient le fumier de cheval et de vache, voire la matière fécale tirée des fosses d’aisance.

Pour le fumier de cheval par exemple les maraîchers pouvaient compter sur la forte présence des chevaux à Malakoff estimée à environ 400 assurant la traction d’environ 300 attelages utilisés par la plupart des professions à Malakoff. De son côté le dépôt de tramway hippomobile installé à Malakoff sur l’actuel dépôt des autobus RATP Sud employait une véritable cavalerie de 400 chevaux sur les lignes de la banlieue sud reliant le centre de Paris. Autant dire qu’on ne manquait pas de fumier de cheval des écuries de Malakoff même si la concurrence existait avec les champignonnistes gros utilisateurs du fumier pour leurs cultures dans les anciennes carrières de pierre.

Pour le maraîchage le fumier de cheval était un très bon engrais car cela permettait de créer une couche chaude ce qui hâtait les cultures. En se décomposant le fumier produit une chaleur pouvant atteindre 70 degrés. On en tapissait le fond des châssis en bois dans lequel le terreau était ensuite versé. Un véritable chauffage écologique. Des cloches en verre légèrement bleuies pour réduire l’éclat du soleil étaient ensuite disposées sur les plants, de janvier à août ce qui permettait d’avoir des primeurs en avril sans aucun engrais.

Pour l’arrosage pas de cours d’eau sur la Plaine de Montrouge, on utilisait donc les puits et les réservoirs en tôle passés au goudron installés sur un pilier de maçonnerie afin de recevoir les eaux de pluie.

La culture maraîchère était très diversifiée. Les légumes cultivés étaient le chou, le chou-fleur, les salades, les melons, les courges, potirons et concombres, la tomate et l’aubergine, l’ail, l’oignon, la ciboule et la civette, betteraves, carottes, radis, salsifis, épinard et oseille, fève et haricot, asperge, artichaut et cardon, cerfeuil, persil, estragon...

La culture des fleurs se divisait en plusieurs spécialités : fleurs à vendre sur les marchés, fleurs pour bouquets, plantes d’ornements, plantes et fleurs pour les parcs et jardins.. L’hiver sous les chassis on préparait la rose de noël et les violettes des quatre saisons....

Sources : Etat des communes : Malakoff (Edition Montevrain 1901). Les caractères originaux de la vie rurale de la banlieue (Michel Philipponneau, 1952). Horticulteurs et maraîchers parisiens de la seconde moitié du XIXème siècle à la Première Guerre Mondiale (Chantal Gaulin, 1987). Journal de la Société Statistique de Paris (T18, 1877). La ville des élites locales : parcours, gestion et représentations en banlieue parisienne 1860-1914 (Juliette Aubrun, 2004). Listes des horticulteurs et pépiniéristes de France 1887-1916 (Archives Nationales). Archives Municipales de Malakoff.  Photos : Photothèque malakoff-patrimoine.fr

Etal de vente directe de la veuve Lavis, maraîchère rue d’Arcueil (rue Paul Vaillant Couturier aujourd’hui)

 


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