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SCENES PEINTES (4)
L’école du devoir plus que celle des droits
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La représentation de la nouvelle école du Clos Montholon construite en 1938-1939 qui prendra le nom d’Henri Barbusse après la Seconde Guerre Mondiale, en arrière plan d’une scène de la peinture murale n’est sans doute pas anodine. Elle est associée à une scène d’éducation des jeunes filles. C’est logique car pour le régime de Vichy l’école est la clé de voûte de la représentation hiérarchique de l’ordre social.

Pour l’enseignement des jeunes filles le décret du 15 août 1941 du Ministre de l’Education Nationale précise que les programmes comporteront « des dispositions spéciales conformes à leurs aptitudes et à leur rôles ». Jusqu’en première par exemple les filles feront une heure de gymnastique en moins que les garçons. Celle-ci sera remplacée par une heure d’enseignement ménager « correspondant aux travaux les plus appropriés à leur nature et à leurs missions ». Cet enseignement ménager obligatoire uniquement pour les filles remettait en cause le principe d’instruction égale pour les deux sexes. La peinture murale traduit bien cette représentation traditionnelle des femmes alors que l’école de la IIIème République et le Front Populaire avaient commencé à la faire évoluer.

Ainsi, plusieurs scènes expriment cette vision de la place des garçons et des filles dans la nouvelle société voulue par le régime de Vichy : rôle d’éducatrice auprès des enfants, tâches ménagères dévolues aux sexe féminin symbolisées par l’eau récupérée à la fontaine, enseignement des travaux de couture, soins aux malades et aux blessés..

Deux petites scènes concernant la gymnastique sont par ailleurs significatives. Pour l’enseignement des filles une place importante devait être accordée à l’éducation rythmique « pour favoriser le développement de la souplesse et de la grâce ». Même la tenue faisait l’objet d’une réglementation : culotte ou jupette et sandales étaient de rigueur pour « assurer la décence des jeunes filles sur les stades et les lieux d’éducation ».

Les scènes de la peinture murale montrent donc des jeunes filles participant à un exercice rythmique de souplesse et d’adresse, les garçons eux sont dans l’action symbolisée par la course à pied.

Sources :

1) L’idéologie vichyste de l’école fut l’aboutissement d’un courant de pensée qui existait dans la droite française depuis de longues années. Le régime de Vichy lui a donné l’occasion de s’exprimer haut et fort.

-Vichy et l’éternel féminin. Contribution à une sociologie politique de l’ordre des corps.

Francine Muel-Dreyfus. Edition Le Seuil, 1996.

-Réformer l’école sous Vichy, de Juliette Fontaine. Revue Education et Sociétes N°36. 2015

-Vichy idéologue de l’école. Jean Michel Barreau.

Revue d’histoire moderne et contemporaine. 1991.

-Education et enseignement sous le régime de Vichy 1940-1944.

Stéphanie Calcagni. Master MEEF 2013


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