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CONTEXTE HISTORIQUE
De la nomination du maire par le pouvoir à l’élection démocratique
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Dans son énorme thèse sur « La ville des élites locales » en banlieue parisienne Juliette Aubrun analyse les enjeux du pouvoir mayoral, les pratiques urbaines des édiles et les représentations édilitaires dans plusieurs villes du sud de la région parisienne dont la ville de Vanves et Malakoff. Cette véritable histoire sociale des villes entre 1860 et 1914 permet de comprendre dans quels contextes s’est opérée la lente mutation du rôle du maire. Quelques éléments historiques pour comprendre.

Véritables maîtres en leurs communes, les maires de la Monarchie de Juillet (1830-1848) étaient légitimés par le pouvoir central qui les nommait en prenant soin de les choisir parmi les notables, si possible fortunés et surtout favorables au gouvernement. Si depuis la loi électorale municipale de 1831, le corps électoral s’était élargi, il restait toutefois censitaire, réservé aux citoyens dont le total des impots directs dépassait un seuil appelé cens. Pour les riches donc et particulièrement discriminatoire pour une grande partie de la population Française.

Pour la population du 19ème siècle, le maire faisait partie du décor de la France profonde, rurale ou des petits bourgs. En 1848 l’irruption du suffrage universel bouleverse pour un temps très court cette nomination du maire. En effet reprise en main dès 1849 par l’Assemblée, la fonction de maire continuera d’être exercée selon « le bon vouloir du prince » puisque ce véritable agent de l’Etat était de nouveau nommé par le pouvoir. Le maire était donc subordonné au Préfet mais ligoté dans son action par les éventuels vœux de ses concitoyens qui s’exprimaient par l’élection du Conseil Municipal.

Le maire était donc un personnage agent de l’Etat et à la fois premier représentant de la démocratie locale. Il faudra attendre la loi municipale mise en œuvre en 1884 pour que le maire devienne un élu du Conseil Municipal.

Conséquences des lois municipales de 1882 et 1884

En instaurant la désignation du maire et de ses adjoints par le Conseil Municipal élu au suffrage universel masculin, la loi municipale de 1882 précisée par la loi du 5 avril 1884 sur l’organisation municipale change les formes de légitimité du pouvoir mayoral. Recevant désormais son pouvoir de l’élection directe, le maire dû trouver d’autres ressources à mettre en avant que la fidélité au pouvoir politique en place : un programme par exemple.

Ainsi, en application de la nouvelle loi les élus de toutes les villes, à l’exception de Paris qui devra attendre 1975 pour pouvoir élire son maire, désignèrent eux-mêmes à la majorité des voix le maire de leur commune parmi les conseillers municipaux élus lors des élections de 1884.

Double première pour Malakoff qui mettait en oeuvre la nouvelle loi et élisait son premier maire de la nouvelle commune distincte de Vanves en 1883. Amédée Féburier qui avait quitté la tête de la commune de Vanves, et qui habitait le quartier Malakoff de Vanves devenu nouvelle ville, deviendra le premier maire de Malakoff.

Source : Thèse de Doctorat d’Histoire de Juliette Aubrun, Université Lyon-II Louis Lumière (2004) : La ville des élites locales : pouvoir, gestion et représentation en banlieue parisienne, 1860-1914.


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