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PONT DU TGV ATLANTIQUE
Frise du lancer du poids et du disque (1987)
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Cette longue frise de 70 mètres de long, d’Olivier Descamps ( Michel Andrault et Pierre Para), l’une des décorations du mur de soutènement du TGV-Atlantique, est composée de 10 sculptures en aluminium anodisées de 4,50 m de hauteur. Les silhouettes reproduisent toutes les étapes du lancer du disque. Elles sont inscrites dans les niches du mur en béton en épousant leurs formes. .Dominique Descamps, fils du sculpteur décédé en 2003 parle de l’oeuvre de son père.

 

Olivier Descamps (1920- 2003) fut un grand artiste qui a utilisé de nombreux matériaux. Pour Dominique Descamps, son fils, dans l’oeuvre du lancer de disque sur le mur du TGV qui coupe Malakoff en deux, le sculpteur a voulu exprimer la notion de vitesse et de mouvement que lui a inspiré la nouveauté du train à grande vitesse.Dominique Descamps explique pour Malakoff-patrimoine le sens de l’oeuvre de son père.
 
« ...Je n’ai pas suivi de près la réalisation de la fresque que mon père a réalisée pour le mur de soutènement du TGV atlantique à Malakoff, mais je peux en donner l’esprit.
Lorsqu’il y eut appel d’offres pour une oeuvre sur ce mur, il a présenté une maquette. Dans son esprit, il voulait montrer la notion de vitesse du TGV. A l’époque, la grande vitesse du train était quelque chose de nouveau. Il a voulu utiliser des matériaux en lamelles car, lorsque vous observez les différentes positions du lanceur, vous n’avez pas la même impression si vous êtes piéton ou automobiliste. Ce système de lamelles fait qu’en se déplaçant la perception de l’oeuvre est tout à fait différente suivant la position de l’observateur et suivant la vitesse de déplacement. Mon père a d’ailleurs fait d’autres sculptures dans le même style notamment neuf personnages monumentaux sur la rocade de Villeneuve-d’Ascq près de Lille.
 
On peut imaginer aussi qu’il a voulu saisir l’opportunité du thème du lanceur de disque en lien avec les jeux olympiques de la Grèce et ses sports mythiques. A la puissance du lancer il a associé celle du TGV qui était aussi pour lui une expression de l’intelligence de l’homme. Une grande idée qu’il a voulu représenter symboliquement sur le mur du train à grande vitesse.
Aluminium et béton sont des matériaux modernes qui nécessitent peu d’entretien. Mon père à traité beaucoup de matériaux, la terre, la pierre, le fer, le laiton, les métaux à mémoire de forme. Pour cette fresque un des avantages de l’aluminium était sa facilité de scellement dans les banches et sa résistance aux intempéries.
Je crois que ce qui l’a intéressé dans ce projet était la modernité des matériaux. Cette oeuvre correspondait aussi à une époque où il travaillait beaucoup en lamelles d’aluminium, un matériau très clair et qui n’a pas besoin d’être patiné.
 
Il a donc fait un choix délibéré, car les sculptures sont difficiles à entretenir si elles sont peintes ou anodisées. Avec le temps, la peinture, l’anodisation ou toute patine artificielle se ternissent et se salissent. L’aluminium reste brut et l’effet de patine est obtenu par le jeu d’ombre et de lumière. Nous revenons à cette notion de déplacement ou de vision suivant l’heure du jour avec l’évolution des ombres. Ce jeu de lamelles l’intéressait beaucoup car il mettait en rapport interactif l’oeuvre et la personne par son déplacement.
Je crois pouvoir dire que cette oeuvre fut pour mon père à la fois quelque chose de différent parce qu’il n’a pas utilisé beaucoup ce matériau, mais ce fut aussi quelque chose dans la continuité. Un artiste cherche toujours à se renouveler, à utiliser de nouvelles techniques, a se faire plaisir aussi. Sur ce travail, il a eu la possibilité de maitriser une matière et d’en faire une expression, de suggérer un mouvement, de donner une vie à des matériaux considérés au départ comme anodins et sans valeur.
 
Mon père était soucieux d’exprimer la vitesse dans ses oeuvres. Il cherchait l’expression du déplacement ou du mouvement. Il a réalisé des oeuvres telles qu’une sculpture de motard. Une moto peut paraître statique, pourtant il a réussi à donner l’impression de vitesse en jouant sur l’équilibre, la position et en laissant flou certains éléments. En fait, il a cherché dans ses sculptures des expressions pour qu’on ressente la vitesse et le déplacement. Beaucoup de photographes ont exploité l’effet du contraste entre des parties nettes et des parties floues pour exprimer le mouvement. C’est quelque chose qui l’intéressait et il cherchait comment l’utiliser lui-même. Dans le lancer de disque, on retrouve un mouvement très fort, très allongé, c’est probablement cette recherche esthétique qui l’a intéressé.
 
D’autre part, il s’agissait de créer une oeuvre sur un simple mur. Ici on aborde une question d’architecture et d’urbanisme. Sur ce long talus du TGV, vous aviez trois passages-ponts sur lesquels vous pouviez définir un thème pour donner des repères aux riverains et aux passants. C’était aussi une façon d’indiquer l’endroit. De donner un repère dans la ville. Personnellement je crois important d’avoir des oeuvres aussi variées pour ouvrir l’esprit vers toutes les possibilités d’oeuvres murales
 
Tout sculpteur fait des oeuvres d’abord dans son atelier, des oeuvres internes. Quand il s’agit d’en créer pour l’extérieur, elles sont soumises aux intempéries et se pose alors la question de la corrosion. Il y a eu de grandes oeuvres qui ont été faites en métal déjà corrodé, justement pour qu’elles puissent perdurer. C’est un souci pour l’artiste de savoir comment accrocher son oeuvre à l’extérieur, qu’elle ne soit pas renversée par le moindre coup de vent, qu’elle puisse se maintenir en bon état longtemps. Il s’agit de trouver quelque chose qui ne se déforme pas avec les intempéries. C’est obligatoirement dans la réflexion de l’artiste quand il travaille une oeuvre destinée à être installée en extérieur.
 
Personnellement, pour cette oeuvre du lancer de disque, connaissant mon père, je pense qu’il y a association entre un travail intellectuel et un travail manuel instinctif. C’est beaucoup plus qu’une sculpture qu’il aurait pu façonner dans son atelier. Il y a une réflexion et une association à la vitesse et à la modernité. Je suis sûr aussi qu’il y avait dans son esprit une recherche sur les valeurs anciennes de l’homme avec sa force, sa puissance en référence aux jeux dans la Grèce antique car il a beaucoup travaillé les mythes grecs. Une oeuvre de synthèse.. »
 
Fiche réalisée à partir d’un entretien avec Dominique Descamps

 

 


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