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PONT DU TGV ATLANTIQUE
Les bâtisseurs (1987)
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Yvette Vincent-Alleaume n’a jamais été l’artiste d’un seul matériau. Elle les a tous utilisés durant sa longue carrière artistique en France et à l’étranger : mosaïque, brique, céramique, ardoise, galets de rivière, granit, terre cuite, acier, avant de s’orienter vers le béton, auquel d’autres matériaux apportent leur complément. Le livre parcours de l’artiste édité en 2009 révèle avec force une vie de création et de réalisations dans des domaines variés : art dans la ville, sculptures monumentales ou autres sculptures, tapisseries, dessins, bijoux.. Une vie d’artiste en grand et en petit. Plutôt en grand à Malakoff avec l’oeuvre monumentale "Les bâtisseurs".

L’oeuvre monumentale réalisée par la peintre et sculpteur Yvette Vincent-Alleaume sur le mur de soutènement du TGV Atlantique à Malakoff, a pour thème « Les bâtisseurs ». Et pourquoi donc peut s’interroger celui qui la découvre ? : « Mais parce que c’est un beau métier, bâtisseur c’est beaucoup plus que constructeur, il y la matière projetée dans l’avenir.. J’ai notamment été inspirée disait la peintre-sculpteur par les blocs superposés que je venais de découvrir lors d’un voyage au Machu Pichu au Pérou. »

Ce rêve de bâtisseur est exprimé dans l’oeuvre du Pont Guy Moquet « par une tête qui pense et des personnages qui s’activent en train de construire une ville ». En 1987, la réalisation de cette sculpture se mélangeait aux travaux publics de construction du remblai-piédestal sur lequel devait rouler en pleine zone urbaine le nouveau TGV Atlantique, 80 mètres de sculpture dans un mur de béton de 7 mètres de hauteur, un pont avec ses deux culées et ses retours, un lieu de passage de nombreux écoliers du collège Paul Bert.
 
Une "mise en culture" originale
 
On peut dire que c’est Yvette Vincent-Alleaune qui est à l’origine de la mise en « culture » des 700 mètres du mur de soutènement du TGV ; « J’avais proposé, dit-elle, aux architectes Andrault et Parat, chargés de la construction du mur et du mur anti-bruit, un projet de sculpture pour un pont. On m’avait gentiment répondu qu’il y avait peu de chance que le public regarde mon projet à cet endroit. Pourtant après, bien des bagarres, ça s’est fait. Ce fut le départ d’une aventure puisque deux autres sculpteurs réaliseront une oeuvre sur le mur grâce au concours actif de la SNCF, du Conseil Régional, de la mairie de Malakoff et de la Direction Départementale de l’Equipement ».
 
La création a commencé par des dessins, puis des maquettes en volume qui ont orné longtemps l’atelier parisien d’Yvette Vincent-Alleaume dans le 12ème arrondissement de Paris. Après les maquettes sont venus les dessins grandeur nature, un calepinage monstrueux reconnaît-elle. Pour sculpter ses moules de polystyrène expansé, la SNCF due prêter à l’artiste durant quatre mois les locaux vétustes et crasseux de l’ancienne gare de Vanves-Malakoff avant leur démolition.
 
Avec l’aide du sculpteur Maella Citron, et d’un assistant Sylval, elle avait du penser en négatif, c’est-à-dire prévoir ses moules à l’envers, qui insérés plus tard dans le mur laisseraient sur le coté extérieur la belle face en relief inversé. Puis elle dû sculpter au fil en acier chaud des dizaines de mètres cubes de polystyrène. Avec cette méthode on obtient en effet une découpe très précise sur des formes de taille importante. Puis s’est ajouté un traitement au chalumeau ce qui donnait des matières grenues et soufflées, contrastant avec les parements lisse du mur. Une vision particulièrement recherchée et voulue par l’artiste. Un travail d’Hercule, inspiré évidemment.
 
Aux couleurs de la ville de Malakoff
 
Les moules achevés et soigneusement numérotés, place au chantier sur site. Yvette Vincent-Alleaume met alors en place avec les ouvriers de l’entreprise Demathieu et Barre, au millimètre près, les matrices dans les panneaux de coffrage (les banches), assiste à la mise en place des ferraillages d’un imposant ouvrage d’art en pleine ville. Après la mise en place du béton en une seule coulée sur sept mètres de haut, le démoulage fut lent et méticuleux. L’oeuvre qui n’était jusqu’ici que moulage se révélait petit à petit. Emotion garantie pour tous.
Yvette Vincent-Alleaume pouvait alors apporter le fil d’Ariane qu’elle avait conçu, des motifs de terre cuite émaillée, collés, au tons vifs, évoquant à la fois l’eau et le feu, du bleu et du rouge, les couleurs de la ville de Malakoff qui traversaient les personnages et l’ensemble de la sculpture dont elles habillaient les creux.
 
Voilà donc depuis plus de 20 ans que cette oeuvre murale habille ce qui aurait pu être un mur nu sans vie. Et à l’usage, on constate que la fresque « les bâtisseurs » se découvre à deux vitesses. Les automobilistes qui empruntent le boulevard Camélinat où qui passent sous le pont Guy Moquet, perçoivent un jeu d’ombres et de lumières, ponctuée de tâches colorées. Les piétons eux peuvent découvrir les personnages et les subtilités des volumes et des matières. Assurément l’oeuvre d’Yvette Vincent-Alleaune peut surprendre à chaque passage.
 
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Pour découvrir les oeuvres essentielles d’Yvette Vincent-Alleaume en France et à l’étranger notamment dans plusieurs Ambassades et grandes villes, un livre autoédité : « Yvette Vincent-Alleaume, peintre sculpteur » (2009), 228 pages, 400 photos, 50 euros port compris. Renseignements : tel 01 43 43 91 57



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