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CENTRE DE SANTE MARIE-THERESE
Les soeurs de Saint-Vincent de Paul créent un service de santé
Les années 1912-1920
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En 1912, une Soeur de la Communauté des Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul de l’hôpital Saint-Joseph à Paris découvre le dénuement sanitaire et social de la population de Malakoff proche des fortifications. Pour palier au manque d’équipements médicaux elle ouvre en juillet 1912 un petit service de soin dans une maison louée au 10 rue Danicourt. C’est le début d’une longue présence auprès de la population de Malakoff avec l’ouverture du dispensaire Marie-Thérèse le 1er octobre 1918, avenue Gambetta.

1912

En janvier, une religieuse infirmière des Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul, Soeur Félicité Beauvois, de la Communauté de l’Hôpital Saint-Joseph, très fatiguée est envoyée par la Mère supérieure de l’Hôpital Saint-Joseph, Soeur Inchelin, se reposer de l’autre côté des fortifications dans la jeune commune de Malakoff pour y respirer l’air pur de la campagne. La plaine de Montrouge est encore peu urbanisée, de grands espaces donnent l’illusion d’une nature proche de la ville qui étouffe.

Visitatrice

Loin de rester inactive pendant sa période de repos à Malakoff soeur Félicité face au dénuement sanitaire et social de la population du nord de la ville et de la zone des chiffonniers, panier au bras rend visite à des malades qui avaient donné leur adresse à l’hôpital. Elle va rapidement prendre une chambre de louage au 10 rue Danicourt pour donner des soins et éduquer à l’hygiène et à la prophylaxie antituberculeuse. Elle fait également de nombreuses visites à domicile. Tous les soirs, elle rentre à pieds dans sa Communauté religieuse à l’Hôpital Saint-Joseph en traversant la zone jusqu’à le Porte de Vanves sur les fortifications qui fait alors partie du territoire de la commune de Malakoff.

Pesée des nourrissons

Juillet 1912 soeur Félicité Beauvois s’installe dans une maison en location rue Danicourt à Malakoff, composée de quatre petites pièces. Au cours de ses visites dans les familles ouvrières pauvres où la promiscuité, l’insalubrité des logements sont fréquents dans le vieux quartier du nord de la ville, la religieuse observe avec inquiétude les mauvaises pratiques sanitaires et le manque d’éducation de mères pour prendre soins de leurs bébés. 

Infirmière diplômée Soeur Félicité connaissant toute l’importance des bonnes pratiques concernant le premier âge de la vie, organise la première pesée régulière des nourrissons, l’un des fers de lance de ce qu’on commençaient à appeler la puériculture depuis la fin du 19ème siècle. Mais cette pratique, d’ailleurs peu proposée en dehors des hôpitaux où lors des visites chez le médecin, était souvent redoutée par les mères car peser un enfant pouvait arrêter sa croissance. Or la pesée régulière du nourrisson permet de suivre l’évolution de la croissance, la surveillance de l’alimentation des enfants et des pratiques d’allaitement naturel ou au biberon, a une époque où la mortalité infantile est encore très importante. Au début du 20ème siècle en France, 14% des enfants mourraient avant leur premier anniversaire.

Soeur Félicité ouvre dans sa maison une permanence dans laquelle elle propose aux mères une pesée de nourrissons et des prêts de couvertures.

1913

La Présidente du Conseil d’Administration de l’Hôpital Saint-Joseph à Paris la Duchesse d’Estissac, demande à ses deux filles Thérèse d’Arembert et Marie de Curel de s’intéresser à la banlieue et notamment au secteur de Malakoff.

1914

La grande guerre éclate. Plus d’un millier d’hommes de Malakoff est mobilisé sur une population totale de 19789 habitants. Dès les premiers jours de la guerre la ville est privée de tous ses médecins eux aussi mobilisés. Pendant deux mois, les allocations ne sont pas payées aux femmes. C’est la misère. Devant l’ampleur de la tâche la Mère supérieure de Saint-Joseph, Soeur Inchelin décide d’adjoindre à Soeur Félicité, Soeur Catherine Fritz qui restera 58 ans à Malakoff.

Soeur Félicité loue un local rue des Clozeaux (actuelle rue André Coin) pour y installer un fourneau économique (une banque alimentaire aujourd’hui). Tous les jours, elles apportent la nourriture de l’Hôpital Saint-Joseph avec une petite voiture tirée par un âne.

Elles installent aussi un ouvroir où viennent travailler 150 femmes au 10 rue Danicourt. Les soeurs ouvrent également une « Charité Maternelle », aidées par quelques personnes, parmi lesquelles Monsieur et Madame Watel, Madame Thérèse d’Aremberg et Madame Marie de Curel (des Aristocrates, bienfaiteurs et donateurs très impliqués dans des initiatives de bienfaisance sur le quartier nord de Malakoff).

1915

L’ouvroir est déplacé au 149 route de Montrouge (actuel boulevard Gabriel Péri) dans des locaux de la paroisse catholique qui accueilleront par la suite le patronage.

1916

Les besoins de la population augmentent : les femmes travaillent aux usines, les hommes sont au front et les enfants restent désoeuvrés la plus grande partie de la journée dans la rue.

Avec l’aide de Madame Thérèse d’Aremberg qui a mobilisé son réseau Soeur Félicité achète une vieille ferme abandonnée sur un ancien terrain maraîcher au 93 avenue Gambetta. Le propriétaire accepte le paiement par annuités. Soeur Félicité blanchit les murs de l’écurie à la chaux et y accueille les enfants.

Elle fait construire en carreaux de plâtre, un petit local pour y donner des soins médicaux : ventouses, piqûres...Une pièce sert aux soins, une autre à la » Charité Maternelle » et au secrétariat des familles, et au bout, reste un coin rangement et cuisine.

1917

La misère qui concerne une partie de la population de Malakoff est aggravée par les ravages causés par la tuberculose. La création d’un dispensaire antituberculeux est décidé. Un terrain attenant au 93 rue Gambetta est acheté.

Extrait de l’acte de vente déposé à l’étude de Maitre Thomas, notaire, entre monsieur Duverdy et Soeur Félicité Beauvois décrit la nature du bien :« Une propriété sise à Malakoff (Seine) rue Gambetta, numéro 93 comprenant un bâtiment sur rue élevé sur terre-plein, une maison d’habitation, un appentis adossé à la maison d’habitation , un puits d’eau. Le tout d’une contenance superficielle 1362 m2"

Le 25 octobre nouvelle vente par Monsieur et Madame Boutant à Soeur Félicité Beauvois d’un autre terrain toujours rue Gambetta, d’une contenance superficielle de 342,48m2.

1918

18 février :La création d’une association est décidée afin d’organiser un service de santé auprès de la population de Malakoff. La Supérieure Générale des Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul, Mère Inchelin demande à la Marquise d’Imécourt de s’investir dans la nouvelle structure. L’association prend comme dénomination les prénoms des deux premières dames bienfaitrices qui se sont investies dans les oeuvres lancées par Soeur Félicité Beauvois ; Thérèse d’Aremberg et Marie de Curel.

12 mars : Déclaration officielle de l’Association Marie-Thérèse dont le but est la création et le fonctionnement d’un « Dispensaire d’hygiène sociale et de préservation antituberculeuse à Malakoff » (Journal Officiel du 14 mars 1918 N° 41228). Madame d’Imécourt devient présidente de l’association, madame Thérèse d’Aremberg, vice-présidente

Les premières personnes bienfaitrices qui soutiennent l’action des soeurs à Malakoff réussissent à réunir suffisamment de fonds pour construire un petit dispensaire antituberculeux. Mais pour donner une existence légale et une continuité indépendante aux oeuvres entreprises, deux associations sont créées : l’Association Marie-Thérèse, chargée de l’organisation administrative et financière de la partie « médicale ». et l’Association Gambetta chargée des oeuvres de charité, d’entraide sociale, de l’enfance...

1er juillet : vente par la famille Ernest d’Aremberg d’une maison au 91 rue Gambetta (actuel 47) avec son jardin. Le tout d’une superficie de 174,40m2. L’achat est rendu possible grâce à un don de 13 000 francs de la Croix-Rouge Australienne.

1er octobre : ouverture du dispensaire antituberculeux construit et organisé suivant les prescriptions de la loi du 16 avril 1916 instituant les dispensaires antituberculeux en France.

27 novembre : La maison achetée permet l’installation d’une communauté des Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul à Malakoff afin d’être plus entièrement à la disposition des malades. Une troisième soeur est adjointe aux deux premières : Soeur Bobet. L’Association Marie-Thérèse s’engage à assurer l’ensemble des frais annuels pour la vie quotidienne des Soeurs et leur hébergement.

1919

Les activités du dispensaire Marie-Thérèse prennent de l’ampleur et répondent immédiatement aux besoins de la population de la population du nord de Malakoff et des chiffonniers de la zone des fortifications. Pour l’année 1919 de fonctionnement 2646 consultations médicales sont données. 139 familles tuberculeuses sont mises en traitement. 32 malades sont dirigés dans les hôpitaux ou un sanatorium. 28 malades sont envoyés à la campagne.

20 août : achat d’une nouvelle parcelle de terrain. A l’angle de la rue Gambetta et d’Alsace-Lorraine (aujourd’hui avenue du Maréchal Leclerc), au lieu dit « La voie des platras » d’une contenance superficielle de 650m2, un grand terrain appartenant à Monsieur Duverdy grâce à un don de monsieur Paul Watel. Avec ce dernier achat, l’ensemble du site historique est ainsi constitué.

En dehors des soins médicaux, l’Association Marie-Thérèse est confrontée au fléau de la tuberculose chez les enfants des malades tuberculeux qui touche la population ouvrière du quartier. La nécessité de créer un local d’accueil pour les enfants devient une urgence. Une discussion a lieu lors de l’Assemblée générale du xx « Il faut un local bien aéré, bien chauffé, dans lequel on donnerait à ces enfants l’éducation qui peut convenir à leur milieu. Les infirmières les prendraient le matin et les ramèneraient le soir. De cette façon, les enfants ne perdraient pas le contact avec leurs parents. Ils deviendraient même, quelquefois un précieux élément de propagande pour introduire dans les familles les quelques notions d’hygiène qui y font défaut ». L’aménagement de l’ancienne écurie est envisagé pour créer une garderie.

1920

Le local d’accueil des enfants a été créé dans l’ancienne écurie. Plus de 100 enfants sont inscrits à la garderie dès la première année. L’ancienne écurie devient rapidement trop petite. L’accueil des enfants est donc limité faute de place.

Cette même année, sur 281 naissances à Malakoff, on notait le décès de 43 enfants de 0 à 1 ans et de 28 de 1 an à 19 ans. Une consultation médicale pour les enfants est alors ouverte au dispensaire. 

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Pour comprendre

Ouvroir : atelier de charité ou des jeunes femmes se retrouvent pour travailler sous la conduite de religieuses.

Charité maternelle : société de charité développée depuis de début du 19ème siècle pour lutter contre la mortalité infantile, favoriser l’allaitement materne et l’éducation des enfants par leur mère. Dans les centres de charité maternelle on assurait un soutien matériel, des conseils hygiénistes...les congrégations religieuses étaient en première ligne dans ce domaine.

Tuberculose : maladie infectieuse transmissible et non immunisante provoquée par une microbactérie. Autrefois on la soignait par des cures de soleil et de plein air (maladie réduite par les antibiotiques dans les années 1950).

Loi du 16 avril 1916 : cette loi marque le début de l’intervention de l’Etat français en matière de prévention, sous la pression de l’épidémie de tuberculose dans les troupes engagées sur le front. Cette loi dite "Léon Bourgeois" imposait la création sur l’ensemble du territoire des dispensaires et le développement de l’éducation sanitaire.

 

Le bâtiment historique du premier dispensaire Marie-Thérèse (vers 1920)


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