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CARRIERES
La proche banlieue de Paris riche en pierre calcaire
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Au 19ème siècle, suivant la nature des matières extraites du sol, on a désigné les carrières sous les noms plus divers : plâtrières, glaisières, marnières, crayères, sablonnières. Ces appellations sont encore portées par des voies publiques à Malakoff et désignent une importante activité d’exploitation du sous-sol durant des décennies. Les carrières de Malakoff ont permis la construction de nombreux immeubles de la capitale et de Malakoff avant 1900.
On distinguait deux types de carrières, notamment à Malakoff (Vanves avant la séparation) et les communes environnantes : les carrières exploitées par galeries souterraines, les carrières à ciel ouvert.

Le nom de carrières est resté plus spécialement attaché aux exploitations d’où l’on extrait la pierre à bâtir. On comptait au milieu du 19ème siècle un grand nombre de carrières ouvertes sur la rive gauche de la Seine : 300 environ étaient en activité.

Présentation de l’activité des carrières du secteur sud de Paris vers 1856 à partir d’une note de monsieur Delesse, ingénieur des mines chargé du service de l’inspection des carrières de la rive gauche de la Seine.
 

LES CARRIERES SOUTERRAINES
 
Les carrières exploitées par galeries étaient les plus nombreuses sur la rive gauche de la Seine, (notamment à Malakoff) et en général elles étaient exploitées à l’aide d’un puits vertical. Il pouvait cependant se faire que l’on atteigne la masse en pénétrant par une excavation horizontale dans le flanc d’une élévation du terrain (dans la partie sud de Malakoff par exemple), on appelle cette exploitation par cavage à bouche.
Ces carrières à puits se pratiquaient surtout dans les masses recouvertes d’une grande épaisseur de terre, notamment sur les communes de Montrouge, Gentilly, Châtillon, Bagneux, Arcueil, Ivry, Vanves (Malakoff) , Passy, Saint-Maur, Maisons-Alfort, Créteil...
 
L’exploitation par les puits était la plus surveillée, parce qu’elle comportait les plus nombreuses risques d’accidents. Des règlements en déterminent les dispositions principales, et un service d’ingénieurs des mines veillait à leur exécution « sans toutefois créer trop d’embarras à des exploitations dont les produits sont indispensables à une grande ville ».
 
Pour exploiter une carrière on forait un puits large de trois à quatre mètres, assez profond pour atteindre la masse calcaire ; la loi prescrivait qu’il soit maçonné intérieurement, mais dans beaucoup de cas les terrains traversés avaient une solidité suffisante et la maçonnerie n’était pas exigée. Au sommet du puits on établissait un dallage de pierres élevé à la hauteur des voitures de transport et offrant une assez large surface nommée la forme ou le chantier ; c’est là que l’on équarrissait la pierre sortie du sol.
 
Aux bords de l’ouverture on installait une roue ou treuil en bois destiné à élever la pierre du fond du puits au niveau du sol. Le treuil se composait d’un arbre de couche disposé en travers de l’orifice du puits et environ à six mètres au-dessus de la surface de la forme. A l’une des extrémités de l’arbre était placée une roue de neuf à dix mètres de diamètre dont la jante était garnie sur ses côtés d’échelons en bois. Les ouvriers par leur poids faisaient tourner la roue et l’arbre de couche, un câble s’enroulait sur cet arbre et la pierre attachée à son extrémité s’élevait lentement vers la surface du sol. Ce câble, tirait des morceaux de pierre jusqu’à 9 tonnes.
 
Pour permettre l’accès aux galeries d’extraction une poutre verticale était scellée aux parois du puits par des tenons en fer nommés happes, et portant des échelons en bois, ou ranches, formés par de simples traverses horizontales sur lesquelles les ouvriers pouvaient monter ou descendre.
 
On commençait l’exploitation d’une carrière par forer la masse sur toute l’étendue du puits, de manière à se trouver au milieu d’elle pour l’exploiter horizontalement. Cette opération s’appelait affrontage. On perçait dans plusieurs directions des galeries de 40 à 50 mètres de longueur sur un mètre de large et 1,50 m à 2 mètres de hauteur. Le travail d’extraction de la pierre pouvait alors commencer.
 
Dans une entreprise de carrière la masse calcaire appartenait au propriétaire du sol qui la recouvre. Rarement il se chargeait de l’exploiter lui-même. Il vendait ordinairement le droit d’exploitation à un maître carrier. Le propriétaire ne garantissait nullement la qualité ni l’étendue de la masse, toutes les charges résultant des extractions incombaient à l’exploitant.
Après l’expiration du temps convenu, il devait rendre le terrain en bon état de culture, combler les puits et remplir les fontis ou excavations pour éviter l’affaissement du sol.
 
L’EXPLOITATION DU CALCAIRE
 
La masse exploitée était constituée par du calcaire grossier et comprenait de haut en bas quatre couches principales dont l’ensemble mesurait en moyenne 15 mètres d’épaisseur.
 
Le Banc de roche, calcaire plus ou moins siliceux, reconnaissable à de nombreuses empreintes de coquilles fossiles, était dur et résistant et sa texture fine permettait de le tailler avec précision. On l’employait comme pierre de choix pour les soubassements des édifices. Ce banc mesurait 0,70cn à 1,00m d’épaisseur, il vaut de 50 à 60F le mètre cube. On en a déjà extrait une énorme quantité.
Aux couches inférieures du banc de roche étaient associées des assises de pierre de moindre qualité, employées à des usages qui exigeaient moins de résistance. On désignait ces divers lits sous les noms de banc blanc, banc d’argent, plaquette, moellon, grignard ou petit moellon.
Cette première masse de calcaire constituait ce qu’on appelait fréquemment dans les carrières le premier atelier parce que pour exploiter les couches inférieures, on continuait le forage des puits, et on établissait un second étage d’excavations nommé dernier atelier.
Le premier atelier avait une hauteur proportionnelle à celle de cette première série de lits calcaires ; elle n’excédait jamais deux mètres et souvent ne dépassait pas plus de 1,60m.
 
Le Banc vert formait une seconde couche de calcaires argileux colorés par des granules verts et propres à la fabrication des chaux hydrauliques. Dans certains endroits, on y rencontrait certains bancs plus durs, épais de 40 centimètres en moyenne, et que l’on exploitait pour les dallages, telle la pierre de liais de Créteil épuisée au 19ème siècle et qui avait servi à la construction des escaliers du Louvre à Paris. Un lit analogue à Bagneux et à Châtillon était nommé banc royal ou liais. Il était exploité pour les mêmes usages, ainsi qu’un autre lit coloré en gris par de l’argile nommé le banc bleu.
 
La Lambourde ou Calcaire à miliolites en géologie, vu sa faible cohésion était nommé banc de son par les ouvriers. C’était un calcaire tendre que l’on employait en moellons ou pierres grossièrement taillées destinées, dans les constructions à être reliées et recouvertes par du plâtre. Ce banc, d’une épaisseur très variable, mais généralement considérable, en moyenne 8 ou 10 mètres.
 
Le banc de calcaire grossier inférieur, mêlé de glauconies était exploité dans certaines communes, comme à Gentilly, sous le nom de Banc Saint-Jacques. Alexandre Chauvelot, lors de la construction de son parc sur la Plaine de Montrouge en trouva sur place. Il s’empara d’un banc entier de moëllons qu’il fit transporter dans son nouvel établissement et après les avoir fait casser obtint des rochers qui servirent à la construction de grottes factices et des arcs en rocaille aux gloires militaires au cœur de son parc d’attraction de la Nouvelle Californie de Malakoff.
Le calcaire grossier inférieur ’est une pierre tendre remplie de coquilles et qui fournit des moellons de qualité inférieure. Ces diverses couches du calcaire grossier du sous-sol parisien étaient limitées supérieurement par un lit de couches marneuses que traversaient des veines de quartz associé à des cristaux de chaux carbonatée. Ce lit portait le nom de Caillasse. Le calcaire grossier repose sur des bancs sableux de l’époque tertiaire ou période éocène.
 
CARRIERES A CIEL OUVERT
 
D’après la réglementation en vigueur, on pouvait exploiter une carrière à ciel ouvert quand les terres qui recouvraient la masse, c’est-à-dire les dépôts calcaires que l’on veut exploiter avaient une épaisseur plus faible que celle de la masse elle-même, ou quand ce recouvrement, par sa nature, n’assurerait pas une voûte solide aux galeries d’exploitation.
Pour faire une exploitation de carrière à ciel ouvert, on enlevait d’abord toutes les terres qui recouvrait la masse, puis on attaquait celle-ci jusqu’à l’épuisement en détachant la pierre par les procédés ordinaires. Cette exploitation d’extraction de la pierre avait l’avantage pour les entreprises d’exiger peu de frais et d’enlever toute la masse sans déchets, tandis que l’exploitation par galerie nécessitait un déchet qui s’élevait à un quart de la masse.

L’exploitation des carrières à ciel ouvert n’exigeait aucune autorisation préalable et se faisait simplement sous la surveillance de l’inspecteur des carrières et de la police administrative. Les carrières par cavage à bouche et les carrières à puits ne peuvent être exploitées sans une autorisation donnée par le préfet ou le sous-préfet, sur le rapport de l’inspecteur général des carrières et après examen d’un plan du terrain qui recouvre la masse, annexé par le demandeur à sa requête.

DES REGLEMENTS PLUS OU MOINS RESPECTES

Conformément à une loi de 1810 et au décret du 4 juillet 1813, l’exploitation des carrières était astreinte à certaines formalités ayant pour but de sauvegarder les propriétés voisines des carrières, la sûreté et la salubrité publique.

Les règlements exigeaient qu’aucun sondage ne soit pratiqué sans autorisation, mais cette disposition souvent gênante n’était pas toujours respectée.

Les exploitations de carrières si proches de Paris s’exécutaient sous la surveillance du service d’Inspection des carrières composé d’un ingénieur en chef des mines ayant sous ses ordres deux ingénieurs chargés, l’un des carrières de la rive droite, l’autre de celles de la rive gauche de la Seine (dont le secteur de Malakoff). Chacun de ces trois ingénieurs avait près de lui un conducteur de travaux ; six commis surveillants chargés de faire les tournées d’inspection dans les communes. A ce service étaient rattachés cinq géomètres ou auxiliaires, principalement destinés au levé des plans des diverses exploitations.

Le contrôle de ces ingénieurs des mines portait principalement sur trois points :

-Empêcher que l’exploitant ne sorte de la masse qui lui appartient pour fouiller le terrain d’autrui, ou qu’il ne s’approche des routes et voies publiques et n’aille exploiter sous le sol qui les forme. Sur ce premier point il semble que les contraventions furent nombreuses et la surveillance due être très active.

-Faire déposer chaque année, dans les bureaux de l’Inspection, le plan de l’exploitation constatant son état actuel.

-Veiller à la sûreté des ouvriers en exigeant le bon entretien de la carrière et des appareils d’exploitation, en recherchant, chaque fois qu’il se produisait un accident entraînant blessure ou mort d’homme, si toutes les précautions avaient été prises par le maître carrier. En cas de malheur, celui-ci devait immédiatement prévenir le maire de la commune et l’ingénieur chargé du service des carrières, afin qu’il soit procédé à cette enquête

Les maîtres carriers de la partie sud de Paris n’occupaient pas moins de 2980 ouvriers, et 294 carrières de pierre à bâtir étaient en activité au milieu du 19ème siècle. Chaque carrière fournissait annuellement, en moyenne, 420 mètres cubes de pierre dure et 4 650 mètres cubes de pierre tendre dite moellons. Le produit moyen des carrières de la rive gauche de la Seine s’élevait pour une année, à 1 464 000 mètres cubes,

 Sources : Archives SEHDACS 1992

 


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