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Boues et gadoues : nouveau siècle, nouveaux comportements
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Jusqu’à la fin du 19ème siècle, la gestion des déchets était laissée à l’initiative de chacun. Si certains d’entre eux comme le fumier des chevaux avaient une valeur économique pour les maraîchages, la plupart des boues et des détritus de ménage posaient régulièrement des problèmes de salubrité publique, à Malakoff comme ailleurs. En exécution de la loi du 15 février 1902 sur la protection de la santé publique et le règlement sanitaire, la ville de Malakoff prit le 15 octobre 1908 un certain nombre de dispositions qui furent rappelées aux propriétaires et aux habitants.

Avec le développement urbain dans le dernier tiers du 19ème siècle, la persistance de pratiques individuelles entrainait des problèmes de santé publique. Depuis quelques décennies, surtout après la guerre de 1870, le concept d’hygiène publique prit de plus en plus d’importance, légitimé par la lutte contre les maladies infectieuses. On commença donc à se préoccuper d’édicter de nouvelles réglementations, qui si elles nous sont communes aujourd’hui, représentèrent pour la population d’alors l’apprentissage de comportements inédits.

L’arrêté du 18 mars 1873 portant la création des bureaux d’hygiène fut déterminant en conférant aux maires un rôle en matière de salubrité publique.
 
On l’imagine, les récriminations furent nombreuses à Malakoff concernant les boues, gadoues ou immondices qui jonchaient les espaces publics de circulation. Ces boues, car on ne parlait pas de déchets au 19ème siècle, étaient essentiellement organiques, provenant en grande partie des fosses d’aisances qui se retrouvaient trop souvent dans les rues du fait de l’inexistence du réseau d’égout et de la présence des excréments de chevaux.
A Malakoff, c’était un vrai problème. Selon les estimations officielles, il y avait vers 1898 environ 400 chevaux sur la commune. Le réseau d’égout était encore largement insuffisant en 1900 ou il représentait trois kilomètres alors que l’ensemble des voies ouvertes au public approchait des 30 kilomètres. La voirie urbaine (58 rues en 1900) elle, s’étirait sur 11 kilomètres
Des mesures avaient toutefois été prises sur la commune concernant le balayage et l’enlèvement des boues. Une délibération communale avait établi une taxe de balayage perçue à partir du 1er janvier 1891. Un acte approuvé le 3 avril 1900 établissait un contrat avec un entrepreneur pour l’enlèvement des boues tous les jours, dans toutes les rues, le matin avant 11 heures. Cette pratique qui consistait à ramasser les boues est à l’origine du nom des ramasseurs d’ordures : les boueux ou éboueurs.
La collecte des ordures se faisait avec des tombereaux qui acheminaient les boues à l’extérieur des villes. Ce service de voirie était financé par la taxe dite de balayage.
 
Trop de bornes-fontaines défectueuses
 
Durant l’année 1884, premier mandat de la nouvelle commune, le journal « Le bon citoyen de Malakoff" s’est fait plusieurs fois l’écho des problèmes sanitaires et révélait tout ce qu’il y avait à faire pour assurer une bonne hygiène publique.
 
L’accès à l’eau potable posait parfois quelques soucis aux habitants de Malakoff. L’un d’eux témoigne dans le numéro du 16 novembre. Il écrit : « ...Les pompiers se sont réunis pour faire la visite annuelle aux prises d’eau et apprendre à s’en servir. Sur 50 hommes, 30 étaient présents. En face de la boulangerie Thomas, la bouche de lavage n’a fourni qu’une eau bourbeuse, épaisse...Rue Depinoy, il a fallu travailler vingt minutes avant d’avoir de l’eau. Le système de bornes-fontaines est défectueux. On emploie dans la banlieue les rossignols refusés par Paris. Nous demandons que cette visite annuelle aux bouches d’eau soit changée en une visite trimestrielle... »
 
Un autre Malakoffiot renchérit dans un autre numéro et signale à l’hebdomadaire plusieurs foyers d’infection sur la commune : « Les fumiers sont en décomposition avancée en façade de maisons dans plusieurs rues. Toute la rue Augustin Dumont est dans un état lamentable. Au 145 de la route de Montrouge (aujourd’hui rue Gabriel Péri), au coin de la maison vétérinaire se trouve un dépôt de gadoues et d’immondices. Rue de Malakoff (aujourd’hui avenue du Général Leclerc) sur un talus, dans plusieurs endroits différents, la spécialité du lieu ce sont des dépôts organiques en voie de putréfaction. Route de Montrouge encore au niveau des numéros 131 et 151, les ruisseaux sont dans un état pitoyable. Il signale enfin que la maison du 5 rue Perrot ne dispose que d’un simple tonneau d’aisances... »
Au fil des numéros les demandes sont nombreuses : on réclame ici une borne fontaine, là un urinoir, plus loin un bec de gaz pour éviter les ornières ou les fossés de la rue de la chapelle ou de la voie de Beauvais. Bref, les réclamations pour la propreté des rues ne datent donc pas d’aujourd’hui.
 
 

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