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DECOUPAGE D’UN TERRITOIRE
Le chemin de fer et les spéculateurs fonciers
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L’arrivée d’une importante population ouvrière pour assurer la construction de la ligne de chemin de fer Paris Versailles rive gauche et les grands bouleversements des propriétés vont attirer des spéculateurs fonciers qui vont suivre l’avancée de la ligne et découper des parcelles de terrains sans plan d’urbanisme préétabli. Au-delà des fortifications de Thiers des immenses terrains vont etre vendus à des ouvriers pour qu’ils y construisent leurs maisons. Le village de la Nouvelle Californie va apparaitre.

La logique ferroviaire française dans le premier tiers du 19ème siècle était rayonnante, c’est-à-dire que les lignes vont partir du centre de Paris pour rayonner sur l’ensemble du territoire français. La ligne Paris-Versailles -rive gauche est concédée en 1837 à une compagnie privée alors qu’il n’y a pas encore de législation sur les chemins de fer.

Cette compagnie obtient donc la concession de cette deuxième ligne parisienne après celle de Paris-Versailles rive droite. Cette ligne inaugurée en 1840 va partir de la barrière du Maine et à partir de 1852 de la gare Montparnasse qui n’existait pas encore. Elle va traverser ce qu’on appelle la petite banlieue du sud de Paris, c’est-à-dire le secteur au-delà de la barrière des fermiers généraux. Paris s’arrêtait à cette barrière. Cette ligne va traverser ce qui était encore une partie du territoire de Vanves avant la construction des fortifications de Thiers.
 
Les travaux de construction pour cette compagnie vont attirer de nombreux ouvriers, notamment des terrassiers et des manoeuvres. C’est un chantier phénoménal, unique à l’époque pour construire le grand ballast du chemin de fer et les tranchées par la suite.
Cette nouvelle population ouvrière va d’abord s’installer sur le territoire de ce qui est aujourd’hui le 14ème arrondissement de Paris puis sur celui de Vanves (Plaine de Montrouge) après les fortifications.
 
Les bouleversements des propriétés dus aux travaux vont inciter un certain nombre de spéculateurs de terrains. Ce sont généralement des petits commerçants enrichis dont Alexandre Chauvelot qui vont acquérir des terrains dépréciés et peu chers. Ils vont ensuite les découper en parcelles alignées le long de voies extremement étroites et sans assainissement et les revendre à ces ouvriers du chemin de fer pour qu’ils construisent eux-mêmes leurs maisons. C’est le début du 14ème arrondissement. Ils vont ensuite bouger avec la ligne et passer sur la partie de Montrouge, profitant de la construction des fortifications de Thiers, un chantier énorme entre 1841 et 1845.
Ces lotisseurs ont d’ailleurs été accusés par les communes de drainer une population pauvre et de créer des lotissements insalubres avec des logements sans aucun assainissement et sans équipements publics à proximité.
Ces spéculateurs vont passer les fortifications et arriver sur le territoire de la commune de Vanves dans un espace compris entre la nouvelle ligne de chemin de fer et son ballast surélevé, et les fortifications de Paris dans une zone non constructible puisqu’au-delà des fortifications un territoire de 250m de large ne devait pas être construit (servitude militaire).
 
Les lotisseurs vont faire la meme chose qu’à Paris. Il vont découper des terrains et ce sera ce qu’on a appelé la Nouvelle Californie auquel va participer activement Alexandre Chauvelot, mais aussi bien d’autres lotisseurs et notamment des agriculteurs et des maraichers qui étaient déjà des propriétaires de terrains.
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-Mur des fermiers généraux : l’une des enceintes de Paris construite juste avant la Révolution, non pas pour assurer la défense de la capitale mais pour permettre la perception d’un impôt sur les marchandises en y entrant. Il fut détruit en 1860 lors de l’extension des limites de Paris jusqu’à l’enceinte de Thiers.
 
-L’enceinte de Thiers : fortification créée entre 1841 et 1844 autour de suite à une proposition de l’homme politique Adolphe Thiers. Englobant la totalité de la capitale, soit près de 80 km², l’enceinte recouvre alors les actuels boulevards des Maréchaux, son glacis s’étendant jusqu’à l’emplacement du boulevard périphérique. Elle est détruite entre 1919 et 1929
 
Texte réalisé à partir d’un entretien avec Catherine Bruant, historienne
 

 

 


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