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19 AOUT 1944
Et Malakoff se libéra
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Les différents témoignages recueillis ces dernières années après des anciens de Malakoff concordent : en 1944 la ville se libérait sans coup férir. En ces journées décisives, une Résistance bien présente et organisée était sortie de l’ombre pour sécuriser la population. C’est ce qui ressort du témoignage d’un jeune FFI Jacques Desbordes cité par Jacques Perrier dans un ouvrage paru en 1994 sur la Libération dans les Hauts-de-Seine.

… « Quarante huit heures avant que Rol-Tanguy (1) lança son ordre de mobilisation générale depuis son nouveau PC de Montrouge, le 17 août, vers sept heures du matin, un obus de DCA tomba à l’angle de l’actuelle boulevard Gabriel Péri et de la rue Renault, à l’endroit où une centaine de personnes faisaient la queue pour avoir un peu de lait frais et quelques légumes. Les éclats firent quinze victimes, dont cinq moururent presque aussitôt. La colère de la population éclat d’un seul coup. Ceux qui connaissaient des résistants leurs demandèrent d’intervenir : « Faites quelque chose, on ne va pas se laisser massacrer, alors que les alliés sont à 150 kilomètres de Paris ! ».

Pour rassurer les habitants, les FFI et les FTP organisèrent alors des patrouilles armées. En les voyant, le maire collaborateur de Malakoff, Georges Guillet (2), jugea prudent de fuir… Le 19 août, à l’heure du laitier, les FTP avec Jules Malzac, responsable des milices patriotiques investissent la mairie. En moins d’une heure, la prise de la mairie fut connue de toute la population et, bientôt, le parvis de la cour de la maison publique (alors rue Victor Hugo) rassembla plusieurs centaines de personnes.

Dans le même temps, les FFI de Jacques Desbordes (3) occupaient le commissariat de police. Les deux points stratégiques de Malakoff furent ainsi aux mains de la Résistance.

CONSTRUCTION DE TROIS BARRICADES

Vingt quatre heures passèrent sans incident notable. Le 21 août, dans la matinée, tomba l’ordre de rendre Malakoff inexpugnable. Il fallait isoler la ville et la rendre impénétrable à l’ennemi en construisant des barricades sur des axes précis. Ce qui fut fait avec le concours de très nombreux Malakoffiots. Les FFI pour leur part, devaient édifier des barrages avenue du 12 février 1934, près du dépôt d’autobus, l’autre route de Montrouge à la hauteur de la pharmacie Roux (aujourd’hui légèrement déplacée) et enfin rue Pierre Larousse et route de Châtillon. Le plan avait été parfaitement imaginé. A plusieurs reprises des engins blindés allemands qui fuyaient devant les troupes alliées durent faire demi-tour. L’un d’eaux qui ne manoeuvra pas assez rapidement fut incendié par un cocktail Molotov.

Mais la libération de Malakoff ne fut pas seulement l’enthousiasme car la ville connu des victimes. C’est ainsi que Gabriel Crié et Marcel Guittet furent tués à Vanves en transportant un blessé et Jean Monneron et Eugène Vaugeois à Montrouge.

Le 23, alors que Leclerc n’était pas encore arrivé à Rambouillet, Malakoff fit des funérailles grandioses à ses quatre héros. Un cortège de deux mille personnes, protégé par des FFI et des FTP en armes, accompagna les cercueils de la mairie jusqu’au cimetière.

Le lendemain, il fallut détruire les barricades pour laisser passer la deuxième DB. « Ce fut plus long que prévu et les soldats français durent aider les habitants de Malakoff pour gagner du temps ». Un jeune lieutenant leur dit même : « Finalement, vous n’aviez pas besoin de nous, vous vous êtes très bien débrouillés seul »…

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Sources :

Malakoff info numéro 160.

La Libération dans les Hauts-de-Seine, (1944-1994) de Jacques Perrier, livre publié à l’occasion du 50ème anniversaire de la Libération.

(1) Le Colonel Rol-Tanguy fut le chef des Forces Françaises pour l’Intérieur de l’Ile-de-France. Il avait installé son premier PC clandestin au 11 rue François Coppée à Malakoff jusqu’à la fin de 1943.

(2) Georges Guillet fut président de la Délégation spéciale de Malakoff (maire collaborateur donc), nommé par le  préfet de la Seine aux ordres du gouvernement de Pétain.

(3) Jacques Desbordes était un étudiant au Lycée Louis-le-Grand à Paris quand il recruta de jeunes ouvriers et quelques scouts. En 1943, ils furent une trentaine armés de 6 révolvers, 3 fusils et 17 poignards. A la Libération, ils rejoindront une compagnie de FFI ;


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