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MEMOIRE DES HEROS
Simone Doiselet, Résistante et déportée
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Simone Doiselet symbolise la période de la Résistance à Malakoff. Dès 1940 elle entre en Résistance avec son mari. Déjà dans le colimateur de la police, ils avaient déjà été perquisitionnés en 1939, Gaston Doiselet étant Conseiller municipal communiste donc à surveiller. « Ennemi d’Hitler » il sera arrêté en 1940. Domicilié dans un petit immeuble de la rue Hoche, Simone Doiselet va alors organiser la Résistance avec un groupe de locataires. Des actes de courage et l’épreuve après son arrestation de la déportation au camp de Ravensbrück en Allemagne.

 

… « On avait rien en main, qui pouvait-on contacter ? » Le Maire Léon Salagnac avait été arrêté, une délégation nommée par le gouvernement de Vichy était en mairie ». Les réunions se font dans les champs environnants à l’abri des regards indiscrets. René Santuc, Gerber, Coste…des Résistants qui l’ont beaucoup aidée. Des contacts avaient été établis avec des camarades de Clamart.
 
Ces liaisons étaient vitales, un chauffeur de taxi qui possédait un pavillon imprimait les tracts qui étaient ensuite distribués ensuite par le groupe de Simone Doiselet : « De chez moi je pouvais voir passer le chauffeur à une heure précise, c’était le signal et je récupérais les tracts.
J’avais aussi une machine à écrire à laquelle il manquait des touches, et je tapais avec un doigt dans un bruit infernal. Mes fils couvraient le bruit en jouant aux billes ».
 
Marcel Langlois, une autre figure de la Résistance à Malakoff, improvisé imprimeur, était d’une aide précieuse au réseau des Résistants. Le syndrome de la dénonciation était très fort car sous la torture de nombreuses personnes donnaient des noms. Suite à une dénonciation, une perquisition fut effectuée chez les Doiselet. Tout avait pu être mis à l’abri, seul un papier carbone avait été oublié. Papier compromettant qu’un policier trouva. Il le posa sur la table tout en prévenant ses collègues. Profitant de ce moment d’inattention Simone en profite pour jeter le carbone dans la chasse d’eau. Une présence d’esprit qui évita le pire à la famille Doiselet.
Gaston Doiselet sera condamné à 10 mois de prison ferme et incarcéré à la prison de la Santé à Paris. Il sera ensuite transféré dans un camp à Aincourt (1), puis dans le camp de Voves (2).
 
ARRESTATION ET DEPORTATION
 
Cette période verra l’arrestation de nombreux Malakoffiots, suite au décret Daladier (3). Les communistes furent les premiers arrêtés : « On pouvait être libérés mais il fallait signer une reconnaissance à Pétain, ce que refusèrent de faire de nombreux Résistants ».
 
Avoir ses enfants eux aussi dans la Résistance c’était on l’imagine très dur. Lorsque sa fille Paulette a été arrêtée Simone Doiselet s’est démenée pour obtenir sa libération. Le juge qui la libéra aura une phrase prémonitoire : « Moi aussi j’ai deux enfants. J’espère que vous vous souviendrez de moi ». C’est parce qu’elle était membre des Jeunesses combattantes qui fut l’origine de son arrestation.
 
Suite à une filature de la police Simone est un jour interpellée sur le quai de la gare de Vanves-Malakoff. « J’avais des faux papiers, un paquet de cartes d’alimentation volées à la mairie de Nantes par les FTPF (4). J’était chargée de les donner sur Paris ». Emmené au poste de Vanves elle fait traîner les interrogatoires ce qui a permis à ses liaisons d’être alertées de son arrestation. Simone Doiselet ne peut nier son appartenance à la Résistance, les preuves sont là. Nous sommes en juin 1943. Lors de la fouille, elle tombe sur une femme qui l’aide discrètement et l’autorise à faire disparaître un papier mais qu’elle n’arrive pas à avaler. Elle fait alors mine de se trouver mal : seule issue. Un policier dira alors : « Regardez ça fait la fanfaronne et ça se trouve mal dès qu’on la fouille ».
L’engrenage de l’arrestation va conduire Simone Doiselet à la Sûreté Nationale rue Bassano. Le jugement : 18 mois de prison puis la déportation au camp de Ravensbrück (5) puis à Holleischein (6) où elle vivra l’insoutenable…
 
Extrait d’un témoignage paru dans Malakoff-infos N° 162 (1994)
 
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Notes de la Rédaction :
(1) Le camp d’internement d’Aincourt a eu une courte existence d’octobre 1940 à mai 1942. Cet ancien sanatorium isolé dans une forêt du Val-d’Oise était encerclé de barbelés. Ce lieu d’internement sous entière administration du gouvernement de Pétain et sous contrôle de gardes mobiles français fut l’antichambre de la déportation et de la mort. Début 1942 Vichy décide de fermer le camp afin que la Résistance française ne soit pas tentée de libérer ce « brulot communiste aux portes de Paris ». Les hommes ont été transférés à Voves (Eure-et-Loir), camps d’internement qui sera remis aux autorités allemandes. Les femmes seront internées à Gaillon (Eure). Les juives après un passage à Drancy seront déportées.
 
(2) Le camp de Voves (Eure-et-Loir) était un ancien camp crée en 1917 pour l’aviation. Fin 1939 il deviendra un camp d’internement pour les opposants politiques et se transformera en camp pour prisonnier de guerre du 29 juin 1940 à la fin 1941. Le 5 janvier 1942, il sera transformé en « centre de séjour surveillée » pour y détenir des opposants au régime de Vichy jusqu’au 9 mai 1944. 2000 internés ont transité par Voves. 583 avaient été livrés aux allemands. Aujourd’hui, le site est un lieu de Mémoire.
 
(3) En fait plusieurs décrets-lois ont concerné les travailleurs étrangers « en surnombre dans l’économie nationale ». La législation dut renforcée et étendue par le gouvernement de Vichy. Le 29 septembre 1939 Daladier, Président du Conseil (aujourd’hui le 1er Ministre) signa le décret prononçant la dissolution du Parti communiste et de ses publications.
 
(4) Francs tireurs et partisans français (FTPF), également appelés Francs tireurs et partisans (FTP) est le nom du mouvement de Résistance intérieure française créé à la fin de 1941 par la direction du Parti communiste français.
 
(5) Le camp de Ravensbrück situé à 80 kilomètres de Berlin fut établi par le régime nazi de 1934 à 1945. Ce fut un camp de concentration spécialement réservé aux femmes dans lequel vécurent également des enfants. 132 000 femmes et enfants y seront déportés, dont 90 000 seront exterminés. A partir de 1941, des hommes seront enfermés dans un camp annexe.
 
(6) Le camp d’Holleischen (Slovaquie) dépendait du camp de concentration de Flossenbürg dans la région des Sudètes annexée la le régime nazie. Les déportées étaient contraintes au travail forcé dans une usine d’armement. Elles ont été libérées le 5 mai 1945.
 
 
 

 


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