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LE CLUB DES ANNEES 1960-1980
Une philosophie, des convictions et des résultats époustouflants
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Club d’une banlieue populaire, les joueurs de l’U.S.M.M. ont été intensément soutenus par la population locale et celle des communes environnantes. Un public connaisseur, même s’il était parfois chauvin. L’équipe de football de l’U.S.M.M. durant ces années était un concentré de brassages d’origines différentes. Malakoff était aussi un club où se mêlait, au sein de l’équipe fanion, des joueurs de tous les âges. Les plus jeunes ayant leur chance rapidement en équipe première. En 1966, quand Malakoff accèdera au Championnat de France Amateur, l’équipe deviendra l’un des clubs phares du football d’Ile de France.

 Durant des années le café-restaurant « Le Pénalty », aujourd’hui disparu, a fait office de club house. Tenu par Francis Garnier un ancien joueur du club et son épouse ce fut le point de ralliement incontournable des joueurs et de leurs supporters. Il n’était d’ailleurs pas rare que le patron offre le couvert aux joueurs ou efface quelques « ardoises ». Un bistrot dans lequel cohabitait en bonne intelligence des personnages de tous les milieux. Il n’était pas rare également d’y croiser un Coluche en recherche d’inspiration.

Club d’une banlieue populaire, club de la ville et ville d’un club les joueurs de l’U.S.M.M. ont été soutenus par la population locale et celle des communes environnantes. Un public connaisseur, même s’il était parfois chauvin confirment les anciens supporters, mais fidèle. Des supporters dont le soutien financier fut primordial compte tenu des faibles moyens du club.

C’est ainsi qu’il n’était pas rare de lire dans la presse locale des appels du Président de la section football pour inciter tout un chacun à l’achat de la carte de supporter. De même Malakoff fit le maximum pour évoluer dans le groupe Ouest de CFA ou Division 3. La proximité du quartier de Montparnasse, fief des Bretons de Paris, était l’assurance de jouer devant un public fourni.

Pour sa première saison en Championnat de France Amateur lors de la saison 1966-1967 Malakoff attira une moyenne de deux mille spectateurs au stade Marcel Cerdan. Alors qu’à quelques kilomètres de là l’équipe de « Paris Joinville » évoluant pourtant dans une division supérieure jouait dans un Parc des Princes quasiment désert. Le public encourageait ses favoris à domicile mais n’hésitait pas à parcourir de nombreux kilomètres pour les suivre à l’extérieur. Tous les modes de transport furent utilisés : la voiture particulière, l’autocar mis à disposition par la municipalité, le train régulier ou le train spécial comme à l’occasion du match retour de coupe de France face à Rouen en 1977 et même la mobylette en certaines occasions pour des déplacements de près de deux cents kilomètres.

Bien sûr, les affluences enregistrées au stade Marcel Cerdan se déliteront au fil des saisons. On peut y voir deux raisons majeures. D’une part, le déclin progressif du club d’un point de vue sportif. D’autre part le développement de la société des loisirs a joué un impact négatif sur la fréquentation du Stade Marcel Cerdan. Dans les années cinquante et soixante les sources de distraction étaient rares. La télévision n’avait pas encore envahi tous les foyers. Par ailleurs à l’époque la semaine de travail s’étendait du lundi au samedi. Une des rares possibilités de se distraire à moindre coût était donc de se rendre au stade le dimanche. L’équipe « du coin » présentant un jeu spectaculaire et des résultats intéressants le public répondait donc présent.

UN CLUB ATYPIQUE

L’équipe de football de l’U.S.M.M. durant ces années était un concentré de brassages d’origines différentes. « Inter-générationnel » tout d’abord, car Malakoff était un club où se mêlait, au sein de l’équipe fanion, des joueurs de tous les âges. Les plus jeunes ayant leur chance rapidement en équipe première côtoyaient les plus anciens qui les couvraient. Et ce d’autant plus facilement qu’ils les avaient vu passer dans les rangs des équipes de jeunes dont certains avaient en charge l’encadrement ou l’entraînement.

Brassage géographique ensuite, la région de provenance des uns et des autres ne fut pas source de problème. Les provinciaux bien accueillis faisaient bon ménage avec les « Parisiens ». Quand il arrive au club en provenance de Bretagne Fercoq est pris sous son aile par Squividant « un pays » plus ancien au club. De même les Corses de l’équipe des années soixante (Padovani, Cristofari, Lucciani et Thétard) sont tout de suite intégrés au sein de l’effectif.

Mixité « socio-professionnelle » enfin. Dans les équipes qui vont se succéder l’ouvrier va passer le ballon à l’étudiant, le professeur transpire sur le terrain à l’identique de son partenaire employé de banque ou magasinier. C’est ainsi que l’équipe qui évolua lors de la saison 1973-1974 comptait dans ses rangs des étudiants, des professeurs, un docteur, des ouvriers du secteur secondaire (plombier, carreleur, électricien, …), des employés du secteur tertiaire (analyste, employé de banque, inspecteur des P et T., …). Dans l’équipe qui jouait en seconde division le Docteur Le Roux défenseur protègeait le but de son gardien ouvrier Delpouve. Le professeur d’éducation physique Gilles Bocq passait la balle à l’étudiant N’Djemba, l’artisan carreleur Abbate donnait les ballons de buts au comptable Collat.

Le club n’hésitait pas à donner de lui-même et à répondre présent pour les causes les plus diverses. En 1952 un match est organisé face à l’équipe amateur du Stade de Reims au profit des colonies de vacances de la ville. L’année suivante, la recette du match face à grande l’équipe de Hongrie fut versée à la caisse des écoles. En 1973, lors des grandes inondations en Bretagne, Malakoff fut la seule équipe de football française à verser un chèque au profit des sinistrés bretons. En 1974, Malakoff jouait un match de bienfaisance au bénéfice des travailleurs en lute de la CSF Thomson, usine implantée sur le territoire de la commune. En juin de la même année l’ « U.S.M.M. » donnait la réplique à l’équipe de l’usine Claas France, le sponsor de l’époque, au profit des vieux travailleurs de Malakoff.

Le club s’appuyait sur le tissu économique de la ville notamment pour le soutien financier. Les entreprises du cru étaient mises à contribution. L’ « U.S.M.M. » ne cherchait pas à s’appuyer sur le soutien financier de grands groupes. Ce n’était pas dans la philosophie du club. Comme le relate le Président Yves Pinon au journal l’Aube Nouvelle en 1987 : « le recours au sponsoring ne doit pas la soumission du sport à d’autres objectifs que ceux d’un club de masse ». Tout est dit. Certes le club mettait à contribution les entreprises locales mais dans des proportions qui ne permettaient pas de mener grand train. Dans les années soixante-dix, il peut sembler étrange au premier abord de voir le nom d’une entreprise de machines agricoles s’afficher sur le maillot d’une ville de la proche banlieue parisienne. Le président de cette société implantée à Malakoff était un passionné de football et c’est avant tout à ce titre que son entreprise servait de « sponsor maillot » à l’équipe locale. Sur le programme du match ou sur les panneaux publicitaires du stade on retrouvait principalement, même lorsque l’équipe évoluait en deuxième Division, le nom d’entreprises et sociétés locales.

 

En 1966, quand il accède au Championnat de France Amateur, Malakoff devient l’un des clubs phare du football d’Ile de France. A cette époque, seules deux équipes évoluaient à un niveau supérieur (le Stade Français et le Red Star alors en Division 1). En compagnie des clubs de Juvisy, l’A.S. Amicale, C.A. Montreuil ou de l’Entente le club des Hauts de Seine rapidement s’imposera comme l’un des ténors du football amateur national. La suprématie régionale fut d’ailleurs une affaire d’honneur. Les derbys furent donc souvent musclés et tendus. Lors de la saison passée en Division 2 en 1975-1976, l’U.S.M.M. devint même, en compagnie du Red Star et du Paris F.C., le seul dauphin du Paris Saint Germain alors club de l’élite. La politique sportive mise en place et les résultats qui en découleront attireront bien des convoitises. C’est ainsi qu’au début des années 80 l’U.S.M.M. se verra même proposer une fusion avec le club du Red Star. Une proposition refusée poliment mais sans ambiguïté par le club qui préfèrera mourir avec ses idées plutôt que vivre avec celles des autres.

Pascal Smigiel

 


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