SOMMAIRE :
Le bâti

Un territoire


Les activités


Le sacré


RETROSPECTIVE
100 ans de cinéma à Malakoff

Malakoff a eu jusqu’à quatre salles de cinéma implantées dans la partie historique de la ville. Le spectacle cinématographique est arrivé très tôt à Malakoff, en 1914, alors exclusivement muet. Le 7ème art à Malakoff a rassemblé beaucoup de spectateurs dans les différentes salles qui ont existé depuis cent ans. L’histoire du cinéma est toujours vivace grâce au nouveau Marcel Pagnol (salle municipale) toujours classée cinéma Art et Essais.

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Malakoff a eu jusqu’à quatre salles de cinéma implantées dans la partie historique de la ville. Le spectacle cinématographique est arrivé très tôt à Malakoff, en 1914, alors exclusivement muet. Le 7ème art à Malakoff a rassemblé beaucoup de spectateurs dans les différentes salles qui ont existé depuis cent ans. L’histoire du cinéma est toujours vivace grâce au nouveau Marcel Pagnol (salle municipale) toujours classée cinéma Art et Essais.

Le Family-Palace fut le plus grand cinéma de Malakoff pouvant accueillir 1110 spectateurs

Cent ans de projections à Malakoff

-1900  : projections récréatives du cinématographe dans les fêtes foraines et municipales

-1914  : ouverture d’une salle avenue Gabriel Péri (anciennement route de Montrouge)
-1920-1948 : 4 cinémas : Le Family, Le Palace, le Bijou, Idéal-cinéma (devenu le Rex)
-1950-1960  : 3 cinémas : le Celtic, Le Palace, le Family Palace
-1960-1972 : 3 cinémas : Le Celtic, Le Rex, le Palace
-1972-1980 : 1 cinéma : Le Palace
-1980 -1992  : le Théâtre 71 assure des projections de cinéma (et même un Festival)
-1992- 2006  : 1 cinéma : le Marcel Pagnol (salle municipale, avenue Pierre Larousse)
-2007 : Le Marcel Pagnol (salle moderne, place de l’Hôtel de Ville)
 
 Le cinématographe aux fêtes et dans les patronages
 
Dès le début du XXème siècle des projections du cinématographe furent organisées lors des fêtes de Malakoff. Des projections éducatives et récréatives étaient également proposées aux jeunes par le patronage laïque soutenu par la Municipalité situé au 26 avenue Pierre Larousse et le patronage catholique situé au 147 avenue Gabriel Péri.
Du début des années 1930 jusque dans années 1950, l’abbé Pirus, curé de la chapelle du Sacré Coeur, rue André Sabatier, organisait des séances de cinéma ouvertes à tous le samedi soir dans une salle située dans la cour du patronage.
 
Le Malakoff-Palace (1920-1980)
 
Situé place du 11 novembre, le Malakoff Palace fut à l’origine une salle de bals. Cette salle devint très tôt, en 1916, une salle de cinéma. C’est l’époque du cinéma muet. Un piano accompagne alors la projection.
Classé cinéma Art et Essai, la salle fait le bonheur des étudiants de Supelec, la célèbre école implantée à l’entrée de Malakoff en1927.

En juillet 1938 d’importantes améliorations sont réalisées, notamment pour l’accueil des spectateurs. La salle contient désormais 498 places au total : 281 à l’orchestre dont 20 strapontins, et 217 au balcon dont 26 strapontins.

Le Palace, le plus ancien et dernier cinéma privé de Malakoff ferme ses portes en mai 1980.
  
Le Bijou (1920-1948)
 
Situé au 47 avenue Pierre Larousse, ce cinéma ouvre ses portes en 1920. Il a la particularité de ne pas disposer de balcon.
 
Le Family Palace (1921-1960)
 
La salle était située au 8 place du 11 novembre 1918 (actuellement emplacement d’un immeuble d’habitation). Elle ouvre ses portes en 1921. L’imposant bâtiment est une réalisation en béton de l’architecte Emile Vergnes, l’architecte technique du syndicat des directeurs de cinémas. La salle est exploitée par la société Gaumont. Le Family pouvait accueillir 1117 spectateurs, 804 à l’orchestre dont 693 fauteuils et 111 strapontins, 313 au balcon. Il passait des grands films qualifiés de tout public. Au Family aussi se déroulait chaque année la distribution des prix des écoles de Malakoff.
En mai 1958 la salle obtient le renouvellement de l’autorisation de donner des intermèdes de chant et attractions.
La Compagnie Générale des cinémas Family Palace demande sa démolition en 1960. Il sera le premier cinéma à fermer ses portes à Malakoff et démoli en 1965.
Voir notre fiche spécifique
 

Le Rex (1922-1960) 

Située au 2, avenue Jules Ferry, appelé en 1922 « Idéal Cinéma », il est acheté dans les années 1960 par monsieur Russé, propriétaire du « Malakoff-Palace ».

La salle de dimension réduite ne disposait pas de balcon et proposait des films mineurs .La salle cesse de fonctionner au début des années 70. Elle sera louée pour le tirage de la Loterie Nationale, et deviendra par la suite l’entrepôt du Loto, puis une salle de répétition pour une chorale de France Télécom et désormais une annexe de l’Ecole des Médias et de la Communication (EMC) toute proche. Le nom du Rex est encore gravé dans une mosaïque sur le sol devant l’entrée.
 
Le Celtic (1948-1972)
 
Après travaux, le Bijou devient Le Celtic et propose 400 fauteuils. Y furent projetés beaucoup des films de cow-boys. La salle ferme définitivement en 1972. Elle restera inoccupée durant vingt ans. 

 
Le Théâtre 71 comble un vide provisoire (1972-1992)
 
Après la dernière séance du Celtic en 1992, le cinéma n’a pas totalement abandonné la ville. Le Théâtre 71 conformément à sa mission de Centre d’Action Culturelle assura une vie cinématographique sur la commune en présentant une programmation régulière qui s’intercalait entre les autres spectacles, moyennant quelques contraintes techniques et problèmes d’organisation.. Il organisa aussi le festival « ciné-forain » durant trois jours avec projections de films de Méliès, Max Linder ou Louis Feuillade, restaurés et diffusés sur écran géant en plein air. Et chaque année, ce sont 10 000 spectateurs qui, en moyenne, prenaient le chemin de cette salle obscure d’un soir.

Le Marcel Pagnol (1992-2006)

1992, vingt ans après la fermeture du Celtic , une nouvelle petite salle à la façade bleue vient de nouveau animer le centre ville. L’offre de fauteuils est de 153 places sur 17 rangs de 9 sièges. La pente de la salle est complètement revue et les derniers rangs sont relevés. Pour l’image, la nouvelle salle dispose d’un écran de 5,65m par 2,40m, placé au-dessus d’une scène pour la perspective.
La salle sera démolie en 2006 pour faire place à un immeuble d’habitation qui a pris le nom de « Le 7ème art ». Un portail en fer forgé portant les noms d’artistes rappelle la présence d’un cinéma à cet endroit pendant plus de 85 ans.
Voir notre fiche spécifique
 
Le nouveau Marcel Pagnol (2007)
 
Dans le cadre de la rénovation du centre ville près de l’Hôtel de Ville une nouvelle salle de cinéma moderne et mieux équipé est prévu pour remplacer la salle de l’avenue Pierre Larousse. En 2007, le nouveau cinéma municipal voit le jour au 17 rue Béranger. Il garde le nom de l’ancienne salle de la rue Pierre Larousse, le Marcel Pagnol. Il peut accueillir 153 spectateurs dans un confort nettement amélioré. Fiche spécifique en préparation
 
1957, un projet de salle sur l’ancienne zone sud maraîchère
 
Dans le sud de Malakoff dépourvu de salle de cinéma, les habitants pouvaient se rendre dans la salle de cinéma proche, notamment Le Paris implanté au 14 rue de Vanves à Clamart. Cette salle a disparu en 1962 pour faire place à un supermarché Parunis, puis G 20 et aujourd’hui Super U.
 
Mais l’idée d’implanter un cinéma dans le quartier en plein développement au sud de la ville était régulièrement évoquée. Dans le contexte de la crise du logement en région parisienne l’Office Public d’Habitations de la ville de Paris lance en 1957 l’opération « Malakoff-Sud ». L’architecte Denis Honegger est chargé de la conception d’une cité de 600 logements conçue pour vivre en autonomie, dotée d’espaces verts, de commerces...et d’un cinéma.

 
La salle sera construite en 1962, au 21 boulevard de Stalingrad sur les plans et la technique de construction en béton chère à l’architecte : un immense cube aux murs gris, une grande façade, un hall spacieux ouvrant directement sur une vaste salle de projection capable d’accueillir plusieurs centaines de spectateurs.
La salle ne fonctionnera jamais comme cinéma. La ville de Malakoff rachète le bâtiment à l’Office HLM en 2001 pour un euro symbolique. Elle deviendra en 2009 « La Fabrique des Arts », une salle de répétition pour les compagnies théâtrales, gérée par le Théâtre 71.

Michèle Pierrard

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Bibliographie
« Le cinéma et les Hauts de Seine » sous la direction de Jean-Barthelemy Debost, Ed. Sogemo, 1993)
Eugène Vergnes, Le Family-Cinéma à Malakoff , La Construction moderne25 décembre 1921, p. 97, et du 1er janvier 1922, p.108.
Bulletins Notre Malakoff et Malakoff-infos, Archives municipales
 

Le nouveau cinéma municipal Marcel Pagnol

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LE CINEMATOGRAPHE ARRIVE A MALAKOFF
Le « ciné-Malakoff », première salle en 1914

En région parisienne, à la veille de la première guerre mondiale le spectacle cinématographique apparaît déjà comme un loisir de masse. C’est à la fois un spectacle et une attraction. Nous en avons la preuve par le programme de la grande fête de 1907 à Malakoff qui annonçait des projections cinématographiques avant de devenir sédentaire dans une salle avenue Gabriel Péri dès 1914.

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En région parisienne, à la veille de la première guerre mondiale le spectacle cinématographique apparaît déjà comme un loisir de masse. C’est à la fois un spectacle et une attraction. Nous en avons la preuve par le programme de la grande fête de 1907 à Malakoff qui annonçait des projections cinématographiques avant de devenir sédentaire dans une salle avenue Gabriel Péri dès 1914.

Dans son étude sur les usages politiques de la fête Albert Demangeon signale qu’à la veille de la première guerre mondiale Malakoff s’était déjà dotée, route de Montrouge (actuelle avenue Gabriel Péri) d’une salle de projection du cinématographe. Cette information étonnante est confirmée par l’existence d’une carte postale reproduisant une illustration de Sarah Bernhardt dans son dernier film inédit « Jeanne Doré » (2) sortie en octobre 1915. La projection est annoncée du 20 au 26 avril (probablement 1916) au Ciné-Malakoff.

 
Si nous avons aujourd’hui encore une vision moderne du spectacle du cinématographe quasiment assimilé aux films de fiction, les chercheurs en étudiant la presse locale ont depuis une trentaine d’années remis en cause cette image. Ils soulignent désormais l’extrême diversité des séances de cinéma notamment avant 1914, souvent du fait de spectacles forains, foires de ville dans les centres urbains avant de devenir sédentaire. Malakoff n’était pas en dehors de ce mouvement.
 
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1)Jeanne Dorée, est un film de 1915 réalisé aux USA par René Hervil et Louis Mercanton qui dure 1h17. Il raconte comment Jeanne Dorée se fait complice de son fils Jacques qui commet malencontreusement un crime pour aider sa maîtresse Fanny à trouver de l’argent.
 
 
Recherche complémentaires en cours
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1922 : L’ARRIVEE DU CINEMA PARLANT
La salle du Family-Palace, une construction d’avant-garde

La salle de cinéma du Family-Palace, ouverte en 1922 et démolie en 1965, fut présentée dans la revue « La construction moderne » en janvier 1922 comme un exemple d’équipement culturel d’avant-garde. L’architecte Emile Vergne a tenu compte à la fois des avancées en matière de construction, du confort des spectateurs et de la qualité des projections. Le Family-Palace bénéficia d’un système de structure moderne pour l’époque : une galerie en ciment armé, des murs latéraux en pans de ciment armé également et une charpente métallique. Globalement un aspect sobre, mais imposant. Laissons décrire en détail cette nouvelle salle de cinéma par son concepteur.

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La salle de cinéma du Family-Palace, ouverte en 1922 et démolie en 1965, fut présentée dans la revue « La construction moderne » en janvier 1922 comme un exemple d’équipement culturel d’avant-garde. L’architecte Emile Vergne a tenu compte à la fois des avancées en matière de construction, du confort des spectateurs et de la qualité des projections. Le Family-Palace bénéficia d’un système de structure moderne pour l’époque : une galerie en ciment armé, des murs latéraux en pans de ciment armé également et une charpente métallique. Globalement un aspect sobre, mais imposant. Laissons décrire en détail cette nouvelle salle de cinéma par son concepteur.

A la veille de l’explosion du cinéma parlant, la salle du Family-Palace se situait parmi les meilleurs équipements de France. Elle fut exploitée par la Société Gaumont.

 … « La capacité de cet établissement devait répondre à une population d’environ 20 000 habitants. Deux petites salles de cinéma existaient déjà dans le voisinage. Il nous fallait donc les concurrencer avec avantage, l’une ayant 600 places et l’autre 400. Une supériorité devait s’imposer par le nombre de place.

La commune de Malakoff étant susceptible d’extension, nous sommes arrivés à déterminer le chiffre de 1400 places comme nécessaire et raisonnable car il ne faut pas trop exagérer le nombre de place afin d’éviter le creux pendant les représentations de semaine.

Comme il n’y avait pas de théâtre à Malakoff ni dans le voisinage proche, une scène avec tous les accessoires fut prévue pour des représentations théâtrales comportant un répertoire d’opérette et même d’opéra-comique.

 Une salle imposante pour le centre ville

La forme allongé du terrain, le petit côté étant sur une des places principales de la ville, imposait l’entrée en bout du bâtiment, la scène à l’autre extrémité contre un mur mitoyen. Les services de la scène étaient ainsi rendus commodes puisqu’ils venaient en façade le long d’une rue latérale. Les artistes avaient leur loge en sous-sol, éclairée et aérée sur rue, avec leur entrée séparée. Tous les services de la scène et de l’orchestre étaient ainsi rendus indépendants.

Le public du rez-de-chaussée qui était entré par la place pouvait s’évacuer en secours sur la façade latérale, celui de la galerie sortait directement par des portes spéciales placées à la base des escaliers d’accès.

Pour l’entrée des spectateurs il a été prévu pour tout le rez-de-chaussée un contrôle unique placé dans un tambour central ; les portes latérales donnant dans le hall ne servant qu’à la sortie. Les portes d’accès dans la salle et sur le tambour furent placées latéralement afin que la lumière à l’ouverture des portes ne vienne pas jeter un reflet sur l’écran et que le courant d’air ne frappe pas les derniers spectateurs directement dans le dos.

Les escaliers latéraux conduisant à la galerie servaient l’un pour la première catégorie des places, l’autre pour le deuxième. Le terrain était du côté de l’entrée déjà affouillée. Pour profiter de cette excavation, fut prévu au sous-sol un bar et des lavabos, mais pour que trop enterrées les surfaces de ventilation ne risquent pas d’être insuffisantes, surélevé le porche d’entrée fut surélevé permettant, en outre, une plus grande pente dans la salle facilitant la visibilité. La scène restant au niveau de la rue pour la commodité des décors, chars ou animaux.

 Une cabine de projection particulièrement étudiée

Nous nous sommes préoccupés ensuite de la plus importante des questions dans une salle de représentation cinématographique, celle de la position de la cabine pour obtenir la meilleure d projection. Nous l’avons mise à la hauteur du centre de l’écran afin que le faisceau des rayons lumineux soit perpendiculaire à l’écran, le résultat étant une image non déformée qui constitue le but à atteindre pour une projection type.

Nous avons donc été amenés à mettre cette cabine dans un entresol au-dessus des entrées et au-dessous de la galerie. Cet entresol que nous pourrions presque appeler entrepont est un véritable poste de commandement. Au centre : la cabine aérée et ventilée par deux cheminées à double enveloppes (ciment armé et métal) allant jusqu’à la toiture. Cette cabine construite en ciment était absolument incombustible.

A droite de la cabine, les services électriques : convertisseur, transformant le courant alternatif en courant continu, groupe pour la recharge des accumulateurs, tableau de commande pour l’éclairage de la salle, réserve des films.

De l’autre côté de la cabine : le bureau du directeur qui, de sa place, par trois ouvertures, pouvait surveiller l’entrée de la salle ou causer avec l’opérateur. Il avait à proximité le tableau électrique de commande générale, le poste téléphonique interurbain et le poste intérieur qui lui permettait de communiquer avec la scène, le chef d’orchestre et les caissières. Ce poste de direction à cheval entre le rez-de-chaussée et la galerie fut commode pour le contact avec les deux catégories du public. En outre, au même étage se trouvait un lavabo pour l’opérateur et une pièce spéciale pour la réserve des tickets et des affiches.

Un écran de grande dimension

Une autre de nos préoccupations fut celle de la visibilité de la projection. Nous avons d’abord déterminé les dimensions de l’écran, vu la longueur de la salle nous lui avons donné six mètres de largueurs sur quatre mètres soixante dix de hauteur.

Si nous n’avons pas de déformation dans la projection, nous n’en avons voulu aucune par vision oblique, car sur une cinquantaine de spectateurs qui voient sous un angle de 30 degrés au maximum, les 1350 autres le voient de face. La pente du sol et la hauteur des gradins font que les spectateurs placés en avant ne gênent en rien la visibilité. L’absence de point d’appui dans la salle a rendu encore cette visibilité plus parfaite.

Une salle prévue pour le cinéma parlant

Nous avons bien étudié l’acoustique puisque les représentations cinématographiques sont toujours accompagnées d’auditions musicales qui doivent mettre le public dans l’ambiance.

Nous savions, en outre, que le film parlant, absolument au point grâce aux efforts de monsieur Gaumont allait être prochainement vulgarisé lorsque le prix de revient serait accessible à tous les exploitants.

Pour favoriser des ondes sonores nous avons évité les saillies. Un plan coupé a été fait entre la partie verticale des murs et la partie horizontale du plafond afin d’éviter l’angle nuisible à la propagation des ondes sonores. La saillie du balcon a été réduite à un minimum qui ne gêne en rien les spectateurs placés au dessous et pendant les représentations théâtrales avec une émission normale, la voix porte facilement à trente mètres. Afin d’obtenir les meilleures rendements de l’orchestre, nous l’avons mis dans une fosse à double parements formant une véritable boite de résonnance.

Les dessous du proscenium est incurvé et constitué par une surface élastique en contreplaqué afin de remplir le double but d’abat son et d’abat jour puisqu’ils renvoient les sons dans la salle et empêchent les rayons lumineux de l’orchestre de nuire à la projection.

Un éclairage sophistiqué

En façade nous avons voulu un éclairage très rutilant : une rampe accuse au haut de la corniche le motif principal de la façade. Le porche d’entrée est lui éclairé par trois groupes de lumière venant du plafond, mais le motif principal d’éclairage fut constitué par deux lampadaires portant deux grandes vasques éclairées sur la périphérie et au centre desquelles deux feux rouges tamisés par un globe donnant l’impression de flamme.

Les vitraux placés en haut du porche étaient aussi éclairés par la lumière du hall intérieur. A fur et à mesure que l’on pénètre dans l’établissement l’intensité de la lumière devient décroissante. Dans le hall cinq points lumineux suffisent.

Dans le tambour de contrôle précédent immédiatement la salle, une seule lampe. L’œil en effet s’habitue progressivement à la salle demie obscure dans laquelle a lieu la projection. Dans cette salle même l’éclairage est bleuté. L’indication de sortie est sur feu rouge.

Pendant les entractes, la lumière venait progressivement au moyen de résistance afin que la rétine ne subisse pas le choc qui amènerait une douleur, car l’œil pendant les représentations cinématographiques est suffisamment fatigué par le spectacle.

Nous n’avions pas installé un éclairage par reflet, le plus parfait, mais d’un prix de revient trop fort pour un établissement d’un petit rendement comme celui de Malakoff. Mais nous n’avons mis aucun points lumineux sur les murs latéraux : tous l’éclairage venaient des plafonds, volontairement peu intensif puisqu’il était obtenu par 28 lampes au maximum dont 4 sont suffisante en temps normal. Cette lumière venant du point le plus haut était très douce car venant d’ampoules dépolies.

Un nouveau luxe : l’aération

L’aération et la ventilation fut sont délicates dans un cinéma car il faut faire des ouvertures par lequel l’air sera renouvelé une fois et demie par heure. Cette aération faite devait éviter les courants d’air. Si l’air doit facilement circuler par des ouvertures, le son par contre ne devait pas sortir pour ne pas gêner le voisinage. De même, la lumière extérieure ne devait pas non plus pouvoir rentrer afin de ne pas gêner la projection.

Nous avons donc prévu un grand lanterneaux central muni sur tout son périmètre de persiennes à lames mobiles et à fermeture hermétique permettant de régler les ouvertures à volonté suivant la direction du vent.

Le plafond en staff placé à trois mètres au dessus et sans ouverture dans la partie centrale protégeait les spectateurs des coups de froids venant du haut. L’introduction de l’air dans l’inter plafond fut prévue sur les faces latérales au moyens d’ouverture fermant à guillautine.

L’air chaud vicié et les fumées venaient s’emmagasiner dans les pans coupés entre le plafond et la toiture et le courant d’air établi entre les ouvertures latérales et le lanterneaux les chassent dans le sens déterminé par le vent 

Le chauffage était assuré par des radiateurs avec circulation de vapeur à basse pression. Les services de chauffage furent placés en sous sol, la réserve de charbon venant directement en façade pour les facilités d’approvisionnement.

Des sièges solides

L’étude des sièges a attiré aussi notre attention, car dans un établissement populaire ils devaient être d’une grande solidité. La carcasse en fer plat fut considéré comme trop flexible du fait même de la forme donnée au fer. Nous avons préféré le fer a T passant en double T dans les endroits recevant le maximum d’effort. Les assemblages ont été faits au chalumeau oxhydrique au lieu d’être rivés ou vissés. L’étoffe a été volontairement choisi en panne au poil ras pour être plus résistante.

La position de ces sièges a été établie suivant les règles de la préfecture de police pour permettre une circulation commode et une évacuation rapide. 

Une décoration générale simplifiée

La décoration qui a été recherchée fut simple vu la modicité des crédits. Nous l’avons concentrée dans un haut soubassement qui relie la galerie au rez-de-chaussée. L’ouverture de la scène fut décorée en proportion avec l’écran et toutes les lignes en accusant encore la proportion par un parallélisme voulu des verticales et des horizontales.

Les deux gorges successives reliées par un plan placé en avant de l’écran voulaient elles faire ressortir la projection. On donna à ces gorges et toute la décoration surmontant le proscénium des tons plus soutenus pour mieux faire apparaître par contraste l’éclat de l’image. Quant a la partie haute de la salle on lui donna une tonalité claire afin que l’obscurité ne soit pas complète, car l’œil se fatigue moins dans une salle légèrement éclairée et la circulation pendant la projection en est facilité pour le spectateur qui va trouver sa place.

Un porche largement ouvert et accueillant

Le porche d’entrée du cinéma a volontairement été largement ouvert pour abriter les spectateurs dans leur attente de l’heure du spectacle. Les marches voulaient également donner un caractère plus ouvert a la façade pour mieux attirer la clientèle. Quant aux panneaux d’affiches placés en façade, ils avaient comme fonction de retenir surtout les passants. Un guichet de location était placé à l’extrémité de la façade afin de ne pas obliger le public à entrer à l’intérieur. Les caisses ordinaires étaient placées dans le hall desservant à droite et à gauche le rez-de-chaussée et la galerie… »

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Ont participé à la réalisation de l’établissement : M. Azam, décorateur, M. Binet sculpteur, M. Schenck, ferronnier. Pour la structure en ciment armé la maison Durnerin et Lefort

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1992 : LA SALLE DU RENOUVEAU
Le Marcel Pagnol succède au Celtic

Lorsque la municipalité se rend propriétaire du cinéma Le Celtic en 1987, le projet n’est pas d’en faire une salle de cinéma, mais un lieu permettant l’accueil d’expositions et d’animations culturelles. L’opportunité d’acquisition de la maison directoire, actuelle Maison des arts, située avenue Pierre Brossolette, change la donne. L’ancien Bijou devenu Celtic pouvait redevenir une salle de cinéma.
Tout en assurant la part la plus importante du financement de la rénovation, la ville a trouvé deux autres partenaires qui ont apporté un soutien financier à l’opération : le Centre National du Cinéma et le Département des Hauts-de-Seine. Les travaux peuvent commencer.

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Lorsque la municipalité se rend propriétaire du cinéma Le Celtic en 1987, le projet n’est pas d’en faire une salle de cinéma, mais un lieu permettant l’accueil d’expositions et d’animations culturelles. L’opportunité d’acquisition de la maison directoire, actuelle Maison des arts, située avenue Pierre Brossolette, change la donne. L’ancien Bijou devenu Celtic pouvait redevenir une salle de cinéma.
Tout en assurant la part la plus importante du financement de la rénovation, la ville a trouvé deux autres partenaires qui ont apporté un soutien financier à l’opération : le Centre National du Cinéma et le Département des Hauts-de-Seine. Les travaux peuvent commencer.

 

Une rénovation en attendant mieux
 
1992, vingt ans après sa fermeture, la nouvelle petite salle du 7ème art à la façade bleue après plusieurs mois de travaux vient de nouveau animer le centre ville.
La ligne architecturale de l’ancien Celtic est conservée. Le petit hall d’accueil, directement ouvert sur l’extérieur est réaménagé. Un couloir latéral permettant l’accès à la salle pour les handicapés et d’issue de secours rapide est créé avec toutefois l’inconvénient de réduire la largueur de la salle de projection. L’offre de fauteuils reste toutefois suffisante, 17 rangs de 9 sièges, soit 153 places. Assez en ce temps de crise de la fréquentation des salles obscures.
 
L’intérieur de la salle de projection offre comme pour la façade des murs une douce ambiance bleutée. Les spectateurs exigent désormais un confort accru de vision. La pente de la salle est complètement reprofilée et les derniers rangs sont relevés.
Pour l’image, la nouvelle salle dispose d’un écran de 5,65m par 2,40m, placé au-dessus d’une scène pour la perspective.
Au dessus-du hall, la cabine de projection est agrandie et un espace de ventilation est crée.
 
Un nom prestigieux du cinéma français populaire
 
Fallait-il garder l’ancien nom le Celtic ou innover. Finalement, un nouveau nom est choisi, celui de Marcel Pagnol, le metteur en scène de 21 films populaires :Marius, César…
Le 6 octobre 1945 il avait épousé à la mairie de Malakoff une jeune actrice originaire de la ville, Jacqueline Bouvier qui incarnera, entre autres rôles « Manon des Sources ». En souvenir de cette rencontre avec la ville, la municipalité décide de donner le nom de Marcel Pagnol à la nouvelle salle. Sa façade s’illuminera fièrement durant 14 ans en lettres rouges du nom du cinéaste.
La rénovation de la salle s’accompagne d’une redynamisation de la programmation gérée par le Centre d’Action Culturelle du Théâtre 71. Chaque semaine le Pagnol propose trois films différents dont un destiné au jeune public. Régulièrement au cours de l’année, différents cycles sont développés à partir de rencontres, de thèmes, de films inédits parfois commentés par des acteurs, metteurs en scène, représentants d’un courant esthétique du cinéma. En octobre 1991 le Pagnol organise un évènement qui marque encore les cinéphiles : Ciné forains.
 
La réouverture d’un cinéma à Malakoff en pleine période de chute du nombre de spectateurs, plus attirés par la télévision, est un évènement que le maire Léo Figuères explique comme « s’inscrivant dans la volonté de la municipalité de permettre à la population de retrouver dans sa ville un véritable cinéma en attendant un lieu plus adapté… ». Ce sera le nouveau Pagnol 17 rue Béranger, une salle moderne réalisée dans le cadre de la rénovation urbaine du quartier de l’Hôtel de Ville. Mais çà c’est une autre histoire.
 
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Depuis 1972, date de fermeture du Celtic situé au 47 avenue Pierre Larousse, anciennement dénommé dans les années 30 Le Bijou, le nouveau Théâtre 71 dans la mesure de ses possibilités assura un rôle de salle obscure d’un soir et proposa des films grands publics, bien que ce ne soit pas sa vocation. Chaque année ce sont pourtant en moyenne 10 000 spectateurs qui viendront au cinéma grâce à cette organisation. Une nouvelle salle dédiée au cinéma était souhaitée par la population. En 1987 la ville de Malakoff devient propriétaire du Celtic. Tout deviendra alors possible.
 
 

 

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TEMOIGNAGE
Jacqueline Pagnol : J’en rêve encore de mon vieux cinéma de Malakoff

Jacqueline Bouvier originaire de Malakoff, devenue Jacqueline Pagnol par son mariage avec le poète, cinéaste, romancier… Marcel Pagnol le 6 octobre 1945 en Mairie de Malakoff revient dans un entretien pour le Journal municipal « Malakoff infos » sur ses origines malakoffiottes et la naissance d’une passion pour le 7ème art dans la modeste salle de quartier, au 47 avenue Pierre Larousse.

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Jacqueline Bouvier originaire de Malakoff, devenue Jacqueline Pagnol par son mariage avec le poète, cinéaste, romancier… Marcel Pagnol le 6 octobre 1945 en Mairie de Malakoff revient dans un entretien pour le Journal municipal « Malakoff infos » sur ses origines malakoffiottes et la naissance d’une passion pour le 7ème art dans la modeste salle de quartier, au 47 avenue Pierre Larousse.

La famille Bouvier habitait rue de la Tour et les enfants grandissaient, bercés par la musique du cinéma à deux pâtés de maison de là. « « J’en rêve encore de mon vieux cinéma de Malakoff » raconte Jacqueline Pagnol. Nous écoutions de notre chambre. Je me souviens surtout du générique des actualités. A quatre ans, j’ai commencé d’y aller tous les jeudis avec mon frère Roger et ma sœur Zette, une mandarine à la main pour l’entracte. Je vois encore la dame à l’entrée, superbe dans sa robe de satin noir qui la moulait. Et je me souviens du piano…

Les séances comprenaient un dessin animé, les premiers Mickey, des actualités et, après l’entracte, le grand film. Ah « La 42ème rue, « Frankenstein », et Ginger Rogers, Fred Astair et Garbo ! Je sortais de là, la tête bourrée d’images et de rêves. Rentrés à la maison, nous jouions. Roger était cinéaste : il fixait le moulin à café sur un tabouret et il tournait la nanivelle. Moi je dansais devant : j’étais star de cinéma. Et puis ma sœur et moi, nous écrivions « cinéma » à la craie sur les murs de la salle à manger.
Notre père en rentrant du travail disait : « J’ai compris » et dimanche, nous y allions en famille. Mais maman n’a pas voulu nous laisser voir « Marius et Fanny » ? « Ce n’est pas des films pour vous » disait-elle.
 
Madame Bouvier ne se doutait pas que, quelques années plus tard, Jacqueline deviendrait comédienne et qu’un jour d’octobre 1945, elle épouserait Marcel Pagnol. « Je vais revoir mon vieux cinéma » disait-elle » quelques jours avant l’inauguration de la nouvelle salle de Malakoff devenue Le Marcel Pagnol. « Comme le hasard fait bien les choses » dit celle qui fut « Naïs et Manon des Sources »…
 
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Extrait de Malakoff infos N° 76 janvier 1992
 
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TEMOIGNAGE
Nadine Russé : Les multisalles de Montparnasse
ont tué nos cinémas

Madame Nadine Russé qui habite toujours à Malakoff près des anciens lieux historiques du cinéma de Malakoff conserve les souvenirs d’une vie familiale très marquée par la gestion de son père des salles du Rex et du Malakoff Palace. Une vie d’exploitant de cinéma marquée par des moments très forts.

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Madame Nadine Russé qui habite toujours à Malakoff près des anciens lieux historiques du cinéma de Malakoff conserve les souvenirs d’une vie familiale très marquée par la gestion de son père des salles du Rex et du Malakoff Palace. Une vie d’exploitant de cinéma marquée par des moments très forts.

« C’est mon grand père qui a acheté le Malakoff Palace. Il n’était pas originaire de Malakoff, mais de Ménilmontant où il avait tenu une petite entreprise de mécanique. La salle qu’il avait achetée en 1916 était une salle de bals populaires. Beaucoup de parisiens sortaient de Paris par les fortifications (Porte de Vanves et Didot notamment) pour venir trouver la bonne ambiance du bal à Malakoff. Mon arrière grand-mère, elle, jouait du piano pendant les projections à cette époque du cinéma muet.

Avant la seconde guerre mondiale il y avait quatre cinémas à Malakoff et beaucoup de monde dans les salles. Il y a eu le Celtic devenu Le Marcel Pagnol géré par un particulier puis par la commune. Le Family Palace exploité par la Société Gaumont. Le Malakoff Palace exploité par mon père, et le Rex acheté dans les années soixante par ma famille. Le Rex d’ailleurs a été loué par la suite pour le tirage de la Loterie nationale et les essais du jeu du Loto....
 
Grands films et projections Art et Essais
 
En 1959, le Malakoff Palace a obtenu en exclusivité le grand film Ben-Hur, de William Wyler qui a fait salle comble à chaque séance. Devant le cinéma, une réplique grandeur nature du char de Ben Hur était exposée. Un grand moment !
 
Après les années 60, ça été le début de la fin des cinémas de Malakoff. Alors qu’auparavant on faisait la queue les samedis et les dimanches après-midi, le lancement des premières multisalles à Montparnasse a tué les salles de la proche banlieue sud de Paris.
 
Le Malakoff Palace a été plusieurs années une salle Art et Essais. Nous étions même classés parmi les quinze premières salles de France pour sa fréquentation. Notre public était notamment composé d’étudiants de l’école Supelec (aujourd’hui Université Descartes avenue Pierre Larousse). Les séances avaient lieu le mardi et le jeudi. L’une des deux était en VO.
Je me souviens particulièrement d’une séance qui m’a marqué en 1965 lorsque Jean Rostand (écrivain et académicien) est venu présenter le film « La bombe » de Peter Watkins et participer au débat qui a suivi (1).
 
On a tout essayé pour sauver le cinéma. Mon père a tenu le Rex et le Malakoff Palace jusqu’à leur fermeture, avec une parenthèse de 1941 à 1944 ou les cinémas ont été fermés. Pendant cette période il a trouvé du boulot dans une usine de décollage à Boulogne... 
Pour nous les enfants cette vie était dure, je n’ai passé que peu de soirées avec mes parents trop occupés par les projections. Ils quittaient la salle après l’entracte en rapportant la caisse à la maison... »
 
(1) La BBC avait demandé à Peter Watkins de réaliser une simulation crédible des lendemains d’une attaque nucléaire sur l’Angleterre, hautement d’actualité en 1965. Elle a ensuite refusé de diffuser le résultat, très documenté et réaliste, donc très alarmiste et aux antipodes des déclarations politiques britanniques. Une lacune du contrat de production permit au film de tout de même sortir en salles. Il fut récompensé d’un Oscar et du prix spécial du Festival de Venise, ce qui pour une simulation est une prouesse. Il remporta également un succès considérable en salles malgré sa durée de 48 min.
 
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