SOMMAIRE :
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PLACE DU 11 NOVEMBRE 1918
Quand une place d’école devient centre ville

L’histoire de Malakoff est singulière : un quartier de la ville de Vanves devenu commune, un centre ville nullement destiné à l’être, une zone urbaine constituée comme point central d’animation grâce à l’implantation d’une première école publique avec un grand parvis et un vaste marché aux comestibles couvert. Morceaux d’histoire d’un espace public devenu le centre ville de Malakoff.

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L’histoire de Malakoff est singulière : un quartier de la ville de Vanves devenu commune, un centre ville nullement destiné à l’être, une zone urbaine constituée comme point central d’animation grâce à l’implantation d’une première école publique avec un grand parvis et un vaste marché aux comestibles couvert. Morceaux d’histoire d’un espace public devenu le centre ville de Malakoff.

La dynamique enclenchée par la construction d’une école avec une vaste esplanade dans le quartier Malakoff après la guerre de 1870 permet au fil des années l’élévation sur les abords de la place de petits immeubles de rapport, l’ouverture de commerces, d’une salle de banquet réputée... De là partiront des rues et des avenues enfin reliées entre elles. Mais il faudra attendre un siècle pour l’implantation sur la place du centre administratif communal, l’Hôtel de Ville, jusque là excentré au bout de la rue Victor Hugo, et de son symbole culturel fort, le Théâtre 71. Pas de centre urbain toutefois quand le quartier Malakoff devient commune en 1883. Pas d’ancien bourg rural centré comme partout en France autour de son église.

D’un terrain maraîcher à une école et son parvis

Tout commence le 13 juin 1873 lorsque le Conseil Municipal de Vanves composé en grande partie d’élus du quartier de Malakoff, décide la construction d’une école sur le plateau de la commune dans le secteur des Hauts-Clozeaux. Le besoin d’école est criant dans le quartier Malakoff qui dépasse largement le nombre de familles du vieux bourg de l’autre côté de la ligne du chemin de fer.

Il lance aussitôt une procédure d’expropriation pour cause d’utilité publique sur de vastes terrains maraîchers situés le long de la rue Parmentier (aujourd’hui rue Raymond Fassin) jusqu’à la rue de Beauvais (Pierre Larousse), aux Clozeaux (limite avenue Augustin-Dumont). 10 000 m2 sont réservés pour l’édification d’une double école publique, de garçons et de filles, et d’un vaste parvis public selon les plans et les devis de l’architecte Eugène Monnier qui a déjà construit la Mairie de Vanves.

Les espaces proches sont peu urbanisés. Créées par les lotisseurs Danicourt et de Turgie les rues Béranger, de Turgie (aujourd’hui Salvador Allende) et Sainte-Marie (aujourd’hui Louis Blanc) sont encore des impasses privées. L’expropriation dès 1873 permet à la rue Béranger de déboucher sur la rue de Clozeaux (aujourd’hui André Coin). Deux adjoints au Maire François Riotte et Louis Guironnet aménagent à leur frais une petite avenue (aujourd’hui Jean Jaurès) juste en face le campanile central des écoles qui part de la place des écoles jusqu’à la rue de Beauvais (aujourd’hui Pierre Larousse).

Le quartier des écoles commence a être désenclavé . Pour structurer le quartier il faut toutefois quelques années pour mettre en œuvre le plan d’alignement communal, fixer les limites des voies publiques, négocier avec les propriétaires riverains des morceaux de voies privées. L’espace public qui entoure la place des écoles est enfin constitué, l’alignement est achevé en 1898. Il est désormais possible d’aménager l’esplanade avec des plantations d’arbres, des bancs, des réverbères au gaz, deux urinoirs... Les riverains arrangent les abords et édifient des immeubles à loyers.

En 1900 après avoir envisagé une fontaine décorative au centre de la place des écoles, la ville acquière le kiosque à musique en bois du Colombia, le parc d’attraction de la Porte Maillot de l’Exposition Universelle de Paris. Il est inauguré en grand pompe le 14 avril 1901. Il prend alors une fonction importante dans les fêtes, commémorations, manifestations politiques et syndicales..

Dès lors, avec ses écoles qui regroupent un millier d’enfant, le marché trois fois par semaine, la caserne des pompiers située derrière les écoles, la première bibliothèque, le kiosque à musique, le cinéma le Family Palace de 1000 places, la salle de banquet Fillaud... la vaste place accessible par le tramway assure un rôle de point de ralliement pour les grands moments de la vie de la commune et de la vie quotidienne tout court de la population.

Pendant de nombreuses années la fête de la ville a lieu sur la place et dans les rues adjacentes durant les trois week-end après Pâques. L’esprit « parc d’attraction » inventé par Chauvelot à la Tour Malakoff perdure. Le programme festif de 1907 par exemple soutenu par le Comité des Fêtes est tourné vers la modernité des attractions. Pêle-mêle sont prévus : retraite aux flambeaux, cirque, projections de cinématographe, représentations du Grand Théâtre Derly, balançoires, chevaux de bois et vélocipèdes. Les rues principales sont illuminées. Le clou de la fête est le lancement d’un aéronef baptisé « La ville de Malakoff »...Périodiquement la place s’anime avec le bal du 14 juillet, des concerts donnés au kiosque par les sociétés musicales de la ville...

Un nouveau nom

Le 10 décembre 1920 le Conseil Municipal décide de donner un nouveau nom à la place qui devient Place du 11 novembre 1918 « afin de commémorer à jamais l’Armistice qui, imposé à l’Allemagne par les sacrifices et le dévouement des Armées de la République, met fin à la dernière guerre ».

En juin 1925 de grandes manifestations rassemblent la population qui fête l’avènement de la municipalité d’Union Ouvrière élue aux élections municipales du 10 mai. A l’occasion de l’installation du nouveau Conseil municipal une manifestation accueille sur la place du 11novembre un meeting présidé par Marcel Cachin, Député de la Seine, Directeur du Quotidien l’Humanité.

En 1931 à l’angle de la rue Béranger et l’avenue du Président Wilson une école maternelle vient conforter l’offre scolaire. La 6 octobre 1929 le Conseil Municipal avait approuvé la construction d’une nouvelle école maternelle. Ainsi l’extrémité Est de la place est close par un bâtiment d’une belle qualité architecturale et innovatrice dans sa conception pour le bien des enfants. L’école Jean Jaurès reçoit la même année le 1er prix de l’exposition des plans d’écoles et est de nouveau célébrée à l’occasion de l’Exposition Universelle de Paris 1937.

Alors que l’avenir s’assombrit et que la guerre menace en 1939, une grande manifestation artistique est organisée sur la place pour commémorer le 150ème anniversaire de la Révolution de 1789. Elle rassemble plus de 3000 personnes.

En 1942 un abri anti-aérien souterrain est construit à l’angle de la place, côté rue Béranger.

A différents moments de crises et de périls, d’évènements qui marquent l’histoire syndicale et politique en France (mai-juin 1936, soutiens aux mineurs en grèves, contre les armes atomiques, contre l’OAS, mai 68...) la place est le lieu de rassemblements importants. Elle l’est aussi lors des conflits sociaux dans les entreprises de la ville avec les manifestations de soutien aux revendications de leurs salarié-es..

En 1960 la place perd l’un de ses éléments attractifs, le kiosque à musique jugé en mauvais état est remplacé par un bassin octogonal avec un jet d’eau central. Plus tard le bassin est entouré de verdure et de compositions florales. C’est l’ère de la voiture, la place sert en alternance de parking et de marché non alimentaire, et de moins en moins de lieu de rencontre intergénérationnel et familial.

Mais c’est en 1970 qu’a lieu l’électrochoc avec la destruction du groupe scolaire centenaire devenu vétuste et dangereux. Un repère disparaît pour la population habitué à la longue façade du bâtiment d’école et à son campanile central et aux cris des écoliers depuis un siècle . La place n’y perd pas au change avec le nouvel Hôtel de Ville tant attendu et dans son prolongement en 1971 le théâtre 71.

La place prend alors un autre visage dans l’air du temps jusqu’en 1982 ou son aspect change de nouveau. Après la destruction totale de la grande halle du marché des comestibles un immeuble de verre le remplace avec l’espace forain en rez-de-chaussée et des bureaux aux étages pour des entreprises suite à une habile négociation du Maire Léo Figuères avec les services de l’Etat. On en profite pour recomposer le bassin et son jet d’eau en le déplaçant sur le côté vers la rue Béranger.

Trente ans plus tard en 2012 la place à bien besoin d’une cure de rajeunissement. Elle va entamer sa plus grande transformation pour continuer à être un espace de rencontres et d’activités au cœur du centre ville qu’elle est devenue.

Sources : Archives Municipales et Exposition Bâtir la banlieue/Catherine Bruant

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