SOMMAIRE :
Les activités

Un territoire


Le bâti


Le sacré


PATRIMOINE - Les activités - Le maraîchage
Imprimer -

AGRICULTURE URBAINE
Le maraîchage à Malakoff (1)

Parmi les productions agricoles locales qui donnaient lieu à un commerce actif dans la dernière moitié du 19ème siècle et le premier tiers du 20ème, trois activités se détachaient à Malakoff : l’horticulture, les pépinières et la culture des champignons. Jusqu’à la Première Guerre Mondiale les activités maraîchères couvraient une part importante de l’espace communal soit 25,4% ; Au coeur de la ville en développement.

En savoir +

Parmi les productions agricoles locales qui donnaient lieu à un commerce actif dans la dernière moitié du 19ème siècle et le premier tiers du 20ème, trois activités se détachaient à Malakoff : l’horticulture, les pépinières et la culture des champignons. Jusqu’à la Première Guerre Mondiale les activités maraîchères couvraient une part importante de l’espace communal soit 25,4% ; Au coeur de la ville en développement.

 

Déjà à Vanves avant la séparation de 1883, les activités de jardins-marais comme on les appelaient étaient très importantes tout comme elles l’étaient autour de la capitale et dans Paris même. En 1845 dans Paris intra-muros les terres cultivées représentaient 1378 hectares et 1800 maraîchers en exercice. Les maraîchers devaient leur nom à ces ancêtres parisiens qui cultivaient depuis plusieurs siècles les marais de la capitale situés à l’emplacement actuel du quartier dit « du Marais ». Selon le recensement officiel de 1872 la culture du sol du seul département de la Seine fournissait du travail à 3560 horticulteurs et 4053 maraîchers.

L’enquête décennale de 1894 menée par le Ministère de l’Agriculture concernant les divisions des cultures est précieuse pour comprendre l’importance de l’activité potagère et florale à Malakoff. L’espace agricole représentait 61 hectares sur les 240 que représentait la superficie de la jeune commune ; 40 hectares concernaient les potagers et jardins-marais, 10 hectares les cultures florales et d’ornement, 10 hectares de prairies artificielles produisant notamment de la luzerne.

A la fin du siècle les surfaces pour les cultures maraîchères et les pépinières se répartissaient en moyenne entre une vingtaine d’exploitations dont les trois plus importantes occupaient un peu plus d’un hectare et les autres de faibles surfaces coincées entre des habitations et quelques petites entreprises.

Une activité agricole florissante

Selon les listes par départements et villes établies régulièrement par le Ministère de l’Agriculture, l’on connaît précisément les noms des pépiniéristes et horticulteurs exploitants des marais sur la commune de Malakoff. Pour l’année 1887 ils étaient vingt sept exploitants, période qui semble la plus active. En 1896 vingt exploitants dont quinze horticulteurs et 5 pépiniéristes. En 1902 s’amorce le déclin avec douze exploitants. En 1913 il ne restait que deux horticulteurs et sept pépiniéristes qui exerçaient le métier. Au plus fort de la Première Guerre Mondiale la tendance s’inverse avec sept horticulteurs et deux pépiniéristes, plus de légumes donc peut être pour faire face à la demande locale et parisienne plus importante car privée des apports de la province durant la guerre.

La commune de Malakoff comptait en 1891 10% des actifs travaillant dans l’agriculture ; jardiniers, champignonnistes, maraîchers, horticulteurs, nourrisseurs représentent 94,5% des actifs agricoles à Malakoff. En 1911 il y avait trois ouvriers pour un patron dans le secteur agricole. Pour l’exploitation d’un hectare on comptait 5 à 6 personnes. L’entreprise conservait une structure familiale et artisanale. Dans un couple de maraîcher c’est la femme qui allait aux halles ou sur le marché et qui faisait la criée. Patrons et ouvriers partageaient la même existence très dure. Levés tôt, leur journée commençait à 4 ou 5 heures du matin jusqu’à 20 heures ou 22 heures selon les saisons. La maison d’habitation était située sur le terrain même de l’exploitation, le travail étant trop intensif pour s’accommoder d’un habitat éloigné

Le banquet de la Saint-Fiacre à Malakoff qui avait lieu tous les ans rassemblait au moins 200 personnes, maraîchers et leurs familles.

Sources : Etat des communes : Malakoff (Edition Montevrain 1901). Les caractères originaux de la vie rurale de la banlieue (Michel Philipponneau, 1952). Horticulteurs et maraîchers parisiens de la seconde moitié du XIXème siècle à la Première Guerre Mondiale (Chantal Gaulin, 1987). Journal de la Société Statistique de Paris (T18, 1877). La ville des élites locales : parcours, gestion et représentations en banlieue parisienne 1860-1914 (Juliette Aubrun, 2004). Listes des horticulteurs et pépiniéristes de France 1887-1916 (Archives Nationales). Archives Municipales de Malakoff.  Photos : Photothèque malakoff-patrimoine.fr

Maraîchers dans le sud de Malakoff, vers 1910 (Photothèque malakoffpatrimoine.fr)

 

 

X Fermer
AGRICULTURE URBAINE
Des terrains de maraîchage et des lieux de ventes (2)

On peut s’interroger sur l’installation de la culture maraîchère sur la Plaine de Montrouge particulièrement éventrée par les carrières de pierre dont les sols n’étaient pas réputés fertiles. Mais la jeune commune de Malakoff encore peu urbanisée au nord comme au sud avait plusieurs atouts : des terrains adaptés à la culture en châssis et un énorme marché avec Paris.

En savoir +

On peut s’interroger sur l’installation de la culture maraîchère sur la Plaine de Montrouge particulièrement éventrée par les carrières de pierre dont les sols n’étaient pas réputés fertiles. Mais la jeune commune de Malakoff encore peu urbanisée au nord comme au sud avait plusieurs atouts : des terrains adaptés à la culture en châssis et un énorme marché avec Paris.

Espace maraîcher à Malakoff vers 1905

Les cartes postales de Malakoff d’avant 1914 sur les espaces cultivés découpés en damiers au sud de Malakoff sont fort parlantes. Encore dans la dernière partie du 19ème siècle la banlieue est encore peu urbanisée ce qui permettait le développement d’une activité agricole sur de petits espaces grâce au système de culture forcée devenu la base de toute culture maraîchère avec notamment la mise au point d’un système de culture sous châssis vitrés et sous cloches de verre de 40 centimètres de diamètre à la base et d’une hauteur d’environ trente sept centimètres. 

Les maraîchers et pépiniéristes du sud parisien avaient de bonnes possibilités de ventes directes de leurs produits particulièrement pour ravitailler Paris lorsque les transports étaient lents et difficiles aux halles ou directement sur le marché de Malakoff . On sait aussi que le 19ème siècle fut un grand amateur et un grand consommateur de fleurs qui accompagnaient toutes les circonstances de la vie.

De l’engrais à proximité

L’engrais essentiel pour la culture forcée était aussi un atout en banlieue, il provenait principalement de l’enlèvement des boues de terre et gadoues dans les rues non pavées de Malakoff formées de résidus végétaux, ordures ménagères auxquels s’ajoutaient le fumier de cheval et de vache, voire la matière fécale tirée des fosses d’aisance.

Pour le fumier de cheval par exemple les maraîchers pouvaient compter sur la forte présence des chevaux à Malakoff estimée à environ 400 assurant la traction d’environ 300 attelages utilisés par la plupart des professions à Malakoff. De son côté le dépôt de tramway hippomobile installé à Malakoff sur l’actuel dépôt des autobus RATP Sud employait une véritable cavalerie de 400 chevaux sur les lignes de la banlieue sud reliant le centre de Paris. Autant dire qu’on ne manquait pas de fumier de cheval des écuries de Malakoff même si la concurrence existait avec les champignonnistes gros utilisateurs du fumier pour leurs cultures dans les anciennes carrières de pierre.

Pour le maraîchage le fumier de cheval était un très bon engrais car cela permettait de créer une couche chaude ce qui hâtait les cultures. En se décomposant le fumier produit une chaleur pouvant atteindre 70 degrés. On en tapissait le fond des châssis en bois dans lequel le terreau était ensuite versé. Un véritable chauffage écologique. Des cloches en verre légèrement bleuies pour réduire l’éclat du soleil étaient ensuite disposées sur les plants, de janvier à août ce qui permettait d’avoir des primeurs en avril sans aucun engrais.

Pour l’arrosage pas de cours d’eau sur la Plaine de Montrouge, on utilisait donc les puits et les réservoirs en tôle passés au goudron installés sur un pilier de maçonnerie afin de recevoir les eaux de pluie.

La culture maraîchère était très diversifiée. Les légumes cultivés étaient le chou, le chou-fleur, les salades, les melons, les courges, potirons et concombres, la tomate et l’aubergine, l’ail, l’oignon, la ciboule et la civette, betteraves, carottes, radis, salsifis, épinard et oseille, fève et haricot, asperge, artichaut et cardon, cerfeuil, persil, estragon...

La culture des fleurs se divisait en plusieurs spécialités : fleurs à vendre sur les marchés, fleurs pour bouquets, plantes d’ornements, plantes et fleurs pour les parcs et jardins.. L’hiver sous les chassis on préparait la rose de noël et les violettes des quatre saisons....

Sources : Etat des communes : Malakoff (Edition Montevrain 1901). Les caractères originaux de la vie rurale de la banlieue (Michel Philipponneau, 1952). Horticulteurs et maraîchers parisiens de la seconde moitié du XIXème siècle à la Première Guerre Mondiale (Chantal Gaulin, 1987). Journal de la Société Statistique de Paris (T18, 1877). La ville des élites locales : parcours, gestion et représentations en banlieue parisienne 1860-1914 (Juliette Aubrun, 2004). Listes des horticulteurs et pépiniéristes de France 1887-1916 (Archives Nationales). Archives Municipales de Malakoff.  Photos : Photothèque malakoff-patrimoine.fr

Etal de vente directe de la veuve Lavis, maraîchère rue d’Arcueil (rue Paul Vaillant Couturier aujourd’hui)

 

X Fermer
AGRICULTURE URBAINE
Le maraîchage laisse la place à la ville (3)

Avec l’urbanisation croissante après le Première Guerre Mondiale, la culture potagère proche de Paris va progressivement laisser la place aux lotissements, entreprises, équipements publics...La ville se densifie. Malakoff voit disparaître ses derniers jardins-maraîchers dans les années 1950-1960.

En savoir +

Avec l’urbanisation croissante après le Première Guerre Mondiale, la culture potagère proche de Paris va progressivement laisser la place aux lotissements, entreprises, équipements publics...La ville se densifie. Malakoff voit disparaître ses derniers jardins-maraîchers dans les années 1950-1960.

 

A la veille de la Première Guerre Mondiale une nouvelle forme de culture s’installe : maraîchers et jardiniers, souvent propriétaires de leur terrain ne cultivent qu’un espace parcellisé. Le découpage en lanières s’accentue avec le morcellement de la propriété agricole. Ces petits exploitants propriétaires soumis à une pression foncière en hausse les poussent souvent à vendre pour des opérations de lotissement. Le passage du rural à l’urbain est alors largement entamé à Malakoff.

Pendant un temps le maraîchage à Malakoff constitue des parcelles étroites localisées sur des espaces les moins favorables à d’autres activités ou encore impossible à lotir, notamment autour de la zone de servitude militaire du Fort de Vanves et sur laquelle tentaient de travailler les derniers jardiniers selon la logique des jardins ouvriers qui fleuriront à Malakoff dans l’entre-deux guerres.

Après la seconde guerre mondiale l’activité des jardins-maraîchers décroît au fur et à mesure des opérations d’aménagement urbain. Au sud de Malakoff les glacis du Fort de Vanves sont en pleine transformation. Le parc Léon Salagnac et le stade Marcel Cerdan (1951) prennent la place des cultures maraîchères qui s’étaient développées sur cette zone non constructible entourant le Fort et qui fut déclassée en 1929. Non loin de là des logements sociaux sont construits sur les jardins-marais des Nouzeaux.

Des terrains progressivement urbanisés

Plus proche du centre ville, des terrains maraîchers ont fait l’objet d’achat par les municipalités successives . En 1873 le Conseil Municipal de Vanves achète de vastes jardins-marais situés dans le secteur actuel du centre ville pour y construire le premier groupe scolaire. En 1884 la nouvelle municipalité issue de la séparation achète à sont tour des terrains maraîchers situés entre la rue Béranger et l’avenue Gabriel Péri avec comme ambition la réalisation d’une opération foncière pour financer la construction d’une Mairie à l’emplacement actuel du square de Verdun.

De toute cette époque des rues de Malakoff portent encore le témoignage de la présence des maraîchers dans la ville. Alexis Martin, était maraîcher et champignonniste au 42 rue Hoche. Il fut élu adjoint au Maire de la nouvelle municipalité le 10 mai 1925. Il était encore adjoint en 1935 jusqu’à sa mort subite ou il sera remplacé par Léon Salagnac. L’impasse Ressort porte le nom de deux sœurs maraîchères à cet endroit au 19ème siècle. La villa Geneviève était aussi un quartier consacré au maraîchage.

Sources : Etat des communes : Malakoff (Edition Montevrain 1901). Les caractères originaux de la vie rurale de la banlieue (Michel Philipponneau, 1952). Horticulteurs et maraîchers parisiens de la seconde moitié du XIXème siècle à la Première Guerre Mondiale (Chantal Gaulin, 1987). Journal de la Société Statistique de Paris (T18, 1877). La ville des élites locales : parcours, gestion et représentations en banlieue parisienne 1860-1914 (Juliette Aubrun, 2004). Listes des horticulteurs et pépiniéristes de France 1887-1916 (Archives Nationales). Archives Municipales de Malakoff.  Photos : Archives Municipales/Malakoff

Secteur des Nouzeaux 1955 (Archives Municipales)

X Fermer
Malakoffpatrimoine.fr - Site internet participatif
>> Nous contacter