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HISTOIRE
8 septembre 1855, la prise de Malakoff

En 2005, le 150ème anniversaire de la prise de Malakoff fut sélectionné. Gabriel de Broglie, membre de l’Académie française rédigea la notice explicative que nous reproduisons ici. Un éclairage saisissant sur la prise du bastion central d’une vaste forteresse que les Russes nommaient Kornikoff, tragédie diront certains, fabuleuse victoire de l’armée française diront les autres, en tout cas à l’origine de la reconstitution d’une tour aux abords de Paris, par un certain Alexandre Chauvelot. On connaît la suite…

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En 2005, le 150ème anniversaire de la prise de Malakoff fut sélectionné. Gabriel de Broglie, membre de l’Académie française rédigea la notice explicative que nous reproduisons ici. Un éclairage saisissant sur la prise du bastion central d’une vaste forteresse que les Russes nommaient Kornikoff, tragédie diront certains, fabuleuse victoire de l’armée française diront les autres, en tout cas à l’origine de la reconstitution d’une tour aux abords de Paris, par un certain Alexandre Chauvelot. On connaît la suite…

"La guerre de Crimée est l’exemple même d’une guerre prétexte, d’une guerre de chancellerie, qui a éclaté toute seule à propos d’une question abstraite, sur des griefs anciens, sans animosité ni colère, sans esprit de conquête ni même de terrain d’opération choisi à l’avance.
Ni la protection des Lieux saints confiés à la France, ni le patronage des Chrétiens d’Orient revendiqué par la Russie, ni la liberté de navigation dans la mer Noire ne justifient une guerre terrestre en Russie. Les opinions, mal informées, sont artificiellement excitées, les états-majors se laissent surprendre. La réalité est que la Russie se lance dans une aventure, que Londres veut assurer sa prépondérance navale et que Paris voit une vraie guerre européenne qui efface les revers de 1815 et soude une nouvelle entente cordiale avec l’Angleterre à laquelle, pour mieux la dominer, Napoléon III joint déjà le royaume de Sardaigne.
 
 À plus de 3.000 kilomètres de Marseille et 4.000 des côtes anglaises, cinq cents navires sillonnent les mers et approvisionnent une armée coalisée dont les effectifs passent de 30 000 à 240 000 hommes. Les troupes d’Afrique sont expédiées avec leur équipement léger et croient à une expédition sur une côte d’azur. Le froid l’hiver, la sécheresse l’été et la maladie feront beaucoup plus de victimes que les combats. Les erreurs de commandement sont nombreuses et les combats acharnés. Pendant ce temps, c’est le Carnaval aux Tuileries et l’Exposition universelle à Paris. On aura toutes les peines du monde à empêcher Napoléon III de se rendre sur la mer Noire. D’ailleurs, ira-t-on sur le Danube, en Ukraine ou en Crimée ? C’est ce dernier champ de bataille qui est choisi.
 
La campagne commence par une série d’opérations manquées, ponctuées par quelques victoires brillantes, toutes meurtrières, l’Alma, Balaklava, Inkermann, Tchernaïa, Traktir dont les noms deviennent familiers aux Parisiens. Finalement, tout l’enjeu se concentre sur Sébastopol, la grande cité-forteresse fondée par la grande Catherine et Potemkine, puissamment défendue et si difficile à investir.
 
Après une année de siège et deux assauts repoussés, dont le deuxième, le 18 juin 1855, jour choisi comme l’anniversaire de Waterloo, n’a pas surpris les Russes, les combattants se sont rapprochés, parfois à 25 mètres des défenses dans des tranchées creusées dans le roc. En deux ou trois secondes, les tireurs d’élite logent une balle dans la tête de celui qui apparaît au créneau. 300 canons pilonnent les fortifications autour de la ville et l’assaut général sera donné par 50 000 hommes. Le jour du 8 septembre 1855 est choisi par le commandant en chef, le général Pélissier, assisté de Bosquet qui commande le 2e corps et de Mac Mahon, fraîchement débarqué d’Algérie, qui commande la 1re division, celle à laquelle est réservée, en raison de ses exploits récents, la tâche décisive de s’emparer du bastion de Malakoff.
 
Les Français appellent tour Malakoff une vieille tour arasée qui n’est que la partie centrale, mais la plus extérieure, d’une vaste forteresse que les Russes nomment Kornifoff. Cette forteresse possède quatre lignes de défense intérieures et une seule ouverture à l’arrière vers Sébastopol. Depuis les précédents assauts, cette ouverture a été resserrée et ne laisse que le passage d’un seul homme, pour empêcher l’envahissement du fort. Cette précaution sera cause de sa perte car elle empêchera sa reprise par les Russes.
 
 L’escalade de Malakoff est presque impossible : six mètres de fossé, plus six mètres de parapet sous le feu de la mitraille et des boulets. L’assaut est donné à midi. Les zouaves grimpent sans échelle, à main nue, aidés de courtes pioches, se poussant les uns les autres. Parvenus au sommet, les Russes livrent un corps à corps farouche et seule la pression des nouveaux assaillants fait avancer la première ligne et reculer les défenseurs. La première ligne de défense est emportée, puis la deuxième. La troisième résiste et reprend la deuxième. Enfin toutes les réserves sont employées, les sapeurs découvrent par hasard des fils électriques reliés par des batteries à l’immense dépôt de poudre sous la forteresse. S’ils ne les avaient pas coupés, l’armée entière sautait. Le drapeau tricolore est alors planté sur la tour. Les Russes lancent trois contre-offensives mais ne peuvent franchir la gorge construite par eux-mêmes et que les Français, devenus défenseurs, commandent. À quatre heures, Malakoff est conquise, aucun autre point de la défense de Sébastopol n’a pu être emporté. Pélissier ordonne l’arrêt des combats.
 
 Cet exploit a un héros, c’est le général de Mac Mahon. Celui-ci a fait l’admiration de l’armée toute entière par son ardeur, son mépris du danger, son activité, son ascendant sur les troupes. Il voulait prendre la tête de l’assaut. Ses adjoints l’ont retenu. Il a pénétré dans l’enceinte au cours des combats, s’est placé au sommet de la tour pour exhorter les hommes, aurait interpellé de vive voix le général russe Todleben et lancé le célèbre « J’y suis, j’y reste ! ». Ce mot a-t-il été prononcé ? Ce n’est pas sûr, mais c’est le propre des mots historiques de résumer toute une situation : ici, préparation méthodique, furieuse bravoure, détermination inébranlable. À 10 heures du soir, le ciel s’enflamme. Les Russes incendient leurs casernes et font sauter leurs dépôts de munitions en évacuant la ville.
 Les récompenses viennent couronner cette glorieuse journée. Canrobert, Bosquet et Pélissier reçoivent le bâton de maréchal. Pélissier est fait duc de Malakoff. Mac Mahon pensait que ce titre aurait dû lui revenir. Il attendra trois ans le bâton et le titre de duc de Magenta.
 
L’expédition de Crimée apparaît, du point de vue militaire, comme le premier des conflits modernes. L’éloignement fait progresser la machine à vapeur, les premiers cuirassés apparaissent, et la Russie perd la guerre faute d’un réseau ferroviaire moderne. Une coalition armée entend faire la police dans une zone troublée au nom de la Communauté internationale. Les armements progressent. La précision de l’artillerie, le fusil à canon rayé, les carabines de précision, le blindage, gagnent en efficacité. Le rôle du génie et de l’approvisionnement devient primordial.
 
Du point de vue diplomatique, l’Angleterre et l’Autriche obtiennent des avantages substantiels. La France, qui est le grand vainqueur de cette guerre, n’en retire pas d’avantages concrets, mais un renforcement de sa situation internationale. Le Congrès de Paris qui clôt le conflit au début de 1856 est bien la revanche du congrès de Vienne. Il marque le début du rapprochement avec la Russie qui se développera jusqu’à l’alliance à la fin du siècle. Enfin, la question des nationalités est posée pour la première fois devant l’Europe. Par l’affirmation de ce principe aux conséquences encore voilées, Napoléon III apparaît comme le démiurge des temps nouveaux ».

 

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HISTOIRE
La tour Malakoff, un bastion de Sébastopol (Crimée)

La tour Malakoff a réellement existé. Le 8 septembre 1855, lors de la bataille de Sébastopol en Crimée, la tour Malakoff tombe aux mains des Français, dirigés par le maréchal Mac-Mahon, devenu célèbre notamment pour cette victoire au cours de laquelle il aurait lancé son fameux « J’y suis, j’y reste »..
La prise de ce bastion par les zouaves de l’armée française, entraîna la chute de la ville de Sébastopol le 8 septembre1855 et marqua la fin de la Guerre de Crimée.
L’exploit fut célébré dans toute l’Europe. L’évènement fut largement popularisé par le pouvoir en place, l’armée et par la presse populaire en plein développement.

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La tour Malakoff a réellement existé. Le 8 septembre 1855, lors de la bataille de Sébastopol en Crimée, la tour Malakoff tombe aux mains des Français, dirigés par le maréchal Mac-Mahon, devenu célèbre notamment pour cette victoire au cours de laquelle il aurait lancé son fameux « J’y suis, j’y reste »..
La prise de ce bastion par les zouaves de l’armée française, entraîna la chute de la ville de Sébastopol le 8 septembre1855 et marqua la fin de la Guerre de Crimée.
L’exploit fut célébré dans toute l’Europe. L’évènement fut largement popularisé par le pouvoir en place, l’armée et par la presse populaire en plein développement.

La prise de Sébastopol marqua fortement fortement l’esprit des Français, notamment celui d’un certain Alexandre Chauvelot qui reconstituera une tour au cœur d’un parc d’attraction et qui ironie du sort connaîtra le même sort que la tour d’origine : la destruction totale pour ne pas servir de repère à l’ennemi en 1871.

La tour fut érigée au sommet d’une colline face aux remparts pour défendre la ville de Sébastopol en Crimée (aujourd’hui l’Ukraine). On lui donna le nom d’un ancien capitaine russe dont le souvenir restait attaché au lieu, Vladimir Malakhov. A l’origine, c’est une tour à deux étages, haute de dix mètres et dotée de puissants canons installés à son sommet, la tour constituait une défense redoutable et centrale.
 
Au cours de la guerre de Crimée lors du siège de Sébastopol, la tour est arasée pour ne plus servir de repère aux artilleurs alliés. Elle conserve toutefois un étage et une plate-forme où des pièces d’artillerie sont également installées. Recouverte d’une épaisseur de terre pour résister aux tirs des Alliés, avec un revêtement extérieur en pierre blanches et des embrasures, elle mesure 4 mètres de haut. Elle est reliée au réduit par un fossé de trente mètres de chaque côté avec une pièce chargée à mitraille à chaque extrémité.
 
L’ouvrage est entouré par un fossé profond de six mètres et large de sept mètres. Au plus fort de la bataille, le bastion de Malakoff abrite 62 pièces fixes et quelques pièces mobiles garnissant les trois lignes de retranchements qui cloisonnent l’intérieur du réduit. Le réduit contient des abris blindés (pour 2 000 à 2 500 soldats) fait de mâts de bateau, de planches, de pierres et de masses de terre. La poudrière est protégée par une montagne de terre surmontée par 3 gabions.
Parce qu’il domine la rade avec ses navires, le pont de bateau, mais aussi la ville et le faubourg de Karabelnaïa, parce qu’il permet de prendre à revers la courtine, le Petit Redan et la Batterie de la Pointe à l’est et la Batterie Gervais et le Grand Redan à l’ouest, le bastion Malakoff est la clef de la défense de Sébastopol.
 
Devant ce bastion imprenable, les généraux alliés (français, anglais et turcs) se trouvant découragés, un conseil de guerre fut tenu le 19 octobre 1854. Lors de ce conseil, Lord Raglan recommanda d’éparpiller les feux (tirs), au lieu de les concentrer, et ajouta : « Vous devriez commencer vos travaux d’approche en les dirigeant vers la tour Malakoff, car, tôt ou tard, c’est là que vous serez obligés de porter votre attaque définitive. »
 
Ce fut seulement cinq ou six mois plus tard, lorsque l’on vit les Russes réunir toutes leurs forces de résistance autour de la tour, que l’on comprit que la clé de la position était là.
Le 8 septembre 1855, lors de la bataille de Malakoff, la tour Malakoff tombe aux mains des Français, dirigés par le maréchal Patrice de Mac-Mahon, devenu célèbre notamment pour cette victoire au cours de laquelle il prononça son fameux « J’y suis ! J’y reste ! » entraînant la chute de la ville.
 
(Source Wikipédia)

 

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HISTOIRE
L’unique photo de la tour Malakoff de Sébastopol

La guerre de Crimée (1854-1856) est le premier grand conflit couvert par la photographie. Et c’est au Colonel et peintre Jean-Charles Langlois que l’on doit l’unique photographie de la tour Malakoff lors de la bataille de Sébastopol. Cette photographie conservée au musée d’Orsay à Paris est une épreuve sur papier albuminisé à partir d’un négatif papier dont le ciel à été retouché au pinceau. Ce document historique fait partie d’une série de 14 clichés formant un panorama, clichés réalisés depuis la tour Malakoff prise par les français avant sa démolition totale.

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La guerre de Crimée (1854-1856) est le premier grand conflit couvert par la photographie. Et c’est au Colonel et peintre Jean-Charles Langlois que l’on doit l’unique photographie de la tour Malakoff lors de la bataille de Sébastopol. Cette photographie conservée au musée d’Orsay à Paris est une épreuve sur papier albuminisé à partir d’un négatif papier dont le ciel à été retouché au pinceau. Ce document historique fait partie d’une série de 14 clichés formant un panorama, clichés réalisés depuis la tour Malakoff prise par les français avant sa démolition totale.

La photographie de la tour Malakoff témoigne de ce lieu emblématique du conflit. Toutes les photos de Jean-Charles Langlois sont mises en ligne sur le site du musée. 

 En octobre 1855, Jean-Charles Langlois est envoyé par le Ministère de la guerre en Crimée pour réunir des photographies nécessaires à la réalisation d’un panorama montrant la campagne de Crimée à partir d’un l’assemblage de diverses photographies sur un plan horizontal. Arrivé après les combats, il s’en tiendra à des vues de ruines qui témoignent toutefois de la dureté des attaques.
 
Langlois séjourna en Crimée de 1855 à 1856. Peintre de formation et envoyé comme tel en Crimée, il a recours dans la phase préparatoire de son panorama à une nouvelle technique : la photographie. En 1839 en effet, Arago, au nom du gouvernement français avait fait don de la photographie au monde. La photo restait donc pour Langlois une nouvelle technique de 16 ans lorsqu’il décide de l’utiliser.
 
Pendant son séjour en Crimée, il écrira de nombreuses lettres à sa femme dans lesquelles il exprime ses réflexions, son enthousiasme, mais aussi ses difficultés et ses craintes à propos d’une technique à laquelle il faut se soumettre : luminosité, météo, temps de pose…
Souhaitant mener à bien les prises de vue avant l’hiver, le temps lui est compté, les militaires détruisant le site, il voulait saisir ce qui avait été. « J’ai fais suspendre la destruction de trois batteries près de la tour Malakoff écrira-t-il et je les ai photographié toutes les trois.. »
 
Les négatifs rapportés à Paris en juin 1856 par Langlois furent développés par Frédéric Martens alors spécialiste des prises de vues panoramiques et photographe du cabinet de l’empereur. Ses tirages furent offerts au maréchal Pélissier, général en chef de l’armée d’orient et à l’empereur Napoléon III. Le panorama peint de Langlois fut présenté à Paris en août 1860, dans une rotonde des Champs-Elysées.
 
(Sources/ article de Françoise Denoyelle dans la revue « Réseau » 1992)

Pour voir les clichés de Langlois  :

www.musee-orsay.fr/fr/collections/catalogue-des-oeuvres/notice.html

 
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INTERVIEW
Une ville qui doit son nom à une guerre

Malakoff a un passé lié à la guerre de Crimée. Malakoffiot de longue date Michel Rousseau, s’est intéressé à cette guerre à laquelle notre ville doit son nom. Près de 160 ans après la prise de la tour de Malakoff à Sébastopol, en Crimée, il nous ouvre un morceau d’une histoire souvent occultée, dans une interview donné au journal municipal Malakoff infos. Extraits.

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Malakoff a un passé lié à la guerre de Crimée. Malakoffiot de longue date Michel Rousseau, s’est intéressé à cette guerre à laquelle notre ville doit son nom. Près de 160 ans après la prise de la tour de Malakoff à Sébastopol, en Crimée, il nous ouvre un morceau d’une histoire souvent occultée, dans une interview donné au journal municipal Malakoff infos. Extraits.

 

Malakoff-infos : Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser
à l’histoire de votre commune ?
 
Michel Rousseau : Enfant de Malakoff, je trouvais ça exotique d’habiter une ville dont le nom sonnait différemment des villes alentour. Je m’amusais quand mes camarades provinciaux, incrédules, me faisaient répéter ce nom qui sentait la steppe. Au fil des ans, j’ai découvert les pièces du puzzle : l’existence d’une guerre lointaine et oubliée… en Crimée ; la prise de la “tour de Malakoff” à Sébastopol, déterminante pour l’issue de cet te guerre ;la construction, en 1856, aux portes de Paris, de la tour de Malakoff et de son parc de loisirs par le promoteur Chauvelot ; son succès, puisque des milliers de Parisiens venaient s’y promener,
danser, faire la fête. Mais il restait un mystère : Malakoff semblait sortir du néant pour y replonger aussitôt.
 
J’en étais là, lorsque internet m’a enlevé mes illusions sur l’originalité du nom de ma ville. Cette appellation avait, en fait, beaucoup servi. J’ai dû me rendre à l’évidence. Dans le passé, beaucoup de monde avait trouvé malin de s’appeler Malakoff : roses, gâteaux, chansons, fromages, galeries, restaurants, champagnes, tours, ducs et villes. Paradoxalement, je tenais la pièce qui me manquait pour comprendre : tous ces Malakoff à travers le mon de étaient les traces fossiles d’une énorme vague médiatique qui s’était retirée en les laissant sur le sable.
 
M.-i. : Pourquoi la guerre de Crimée a-t-elle eu cet écho,
alors qu’elle est aujourd’hui quasiment oubliée ?
 
M. R. : Elle est sans doute la première guerre médiatisée. Les moyens d’information récents le permettent. Un câble télégraphique passe au fond de la mer Noire et relie Paris au théâtre des opérations ; la photo existe depuis quelques années ; la diffusion des journaux progresse constamment. Avant que la guerre ne commence, la presse prépare l’opinion par des campagnes sur “la garde des lieux saints”.Au lendemain de chaque victoire, la gravure permet de l’illustrer. Dans le journal L’Illustration, les gravures font parfois une double page ! Des peintres comme Du rand Brager ou Horace Vern et se rendent sur place.
 
En octobre 1855, le Gouvernement français envoie le colonel et peintre J. C. Langlois pour réunir les photographies nécessaires à un panorama célébrant la campagne de Crimée. La tour Malakoff est le centre des prises de vues. Le panorama est ensuite peint et ex posé, entre 1860 et 1865, dans une rotonde au rond- point des Champs- Elysées.
De nombreux artistes – les peintres Adolphe Yvon, Isidore Pils, Protais, Dumaresq, Bellange, Duvaux, Fontaine, Giraud, Jumel de Noireterre, Wachsmuth et Dawant ; les photographes Méhédin, Robertson… célèbrent faits d’armes et victoires. Les journaux sont remplis de la reproduction de leurs oeuvres. La Comtesse de Ségur va chercher son gén éral Dourakine à la Guerre de Crimée ! Les ex positions universelles de 1855 et 1867, qui drainent des millions de visiteurs, diffusent en France et à travers le monde cet te propagande. Dans ce contexte, Chauvelot, en construisant sa tour, ne fait que participer à la vague médiatique initiée par le régime de Napoléon III.
 
M.-i. : Quelles sont les autres caractéristiques de cette guerre ?
 
M. R. : C’est un conflit quasiment mondial, puisqu’il oppose la Russie à une coalition unissant France, Royaume-Uni, royaume de Piémont- Sardaigne (noyau de l’unité italienne) et Empire ottoman(Turquie). Près de 800 000 soldats – plus d’un million sel on les sources russes – y trouvent la mort et , parmi eux, 95 000 Français. Globalement, cela représente la moitié des effectifs engagés. De ce point de vue, c’est une guerre aussi meurtrière que celle de 1914. De plus, à l’hécatombe par les armes, s’ajoute celle de plusieurs épidémies de choléra et de typhus. C’est la première guerre moderne .On y utilise l’obus explosif et le cuirassé. Des centaines de milliers d’hommes sont “projetés” sur des milliers de kilomètres. Quant à la météorologie, elle doit son invention à des désastres navals subis pendant le conflit.
 
M.-i. : Après un tel retentissement, comment expliquer
le silence et l’oubli ?
M. R. : L’euphorie n’a duré que 15 ans. En1870, la douche froide de la défaite sur le sol national, f ace aux Prussiens, dans une guerre d’une intensité meurtrière aussi grande, explique l’oubli dans lequel on a désormais préféré tenir la guerre de Crimée. L’évoquer, c’était rappeler la manipulation médiatique à laquelle elle avait donné lieu, en plein milieu du
désastre auquel elle avait abouti. La tour de Malakoff, dynamitée en novembre 1870, ne s’en est pas remise. Ce silence s’est poursuivi parce que, sous l’image d’Epinal, l’expérience de la guerre de Crimée montrait que les guerres à venir pouvaient faire plus d’un million de morts…
 
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Extrait de l’article paru dans le journal municipal « Malakoff-infos N° 194 Septembre 2005

 

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