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FORT DETACHE PARISIEN
Description du Fort de Vanves
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Construit de 1841 à 1846 sur le territoire de la commune de Vanves, au sud de l’enceinte de Paris fortifiée par Thiers, le fort de Vanves se trouve sur celui de Malakoff depuis la séparation en 1883. Du fort des origines, seuls demeurent des blocs de pierre qui ont été les témoins muets des bombardements de 1871, des casemates qui ont survécu aux aménagements successifs, la porte du fort, des éléments du rempart Au Fort de Vanves comme sur l’ensemble du système de défense de Paris, les conflits de 1870-1871 révéleront l’extrême faiblesse de ce type d’ouvrages militaires.

 

Le positionnement des forts du sud de la capitale Issy, Vanves et Montrouge , Bicêtre et Ivry se situent entre 1,5 et 2,5 km au-delà de l’enceinte de Thiers. Celui de Vanves est exactement à 2,1 km.
Cette distance correspondait à la moitié de la distance entre l’enceinte et les hauteurs de Meudon à Orly. Etablir ces forts sur ces hauteurs aurait permis de contrôler le plateau de Meudon, mais l’appui militaire réciproque de l’enceinte et des forts aurait été impossible. La distance de 1,5 km à 3 km correspondait aux portées pratique et maximum de l’artillerie en 1840.
 
Aujourd’hui, les aspects extérieurs du Fort de Vanves surprendraient les parisiens de 1850 qui s’aventureraient près de ses abords. En effet, ils ne pouvaient d’ailleurs guère s’approcher du site en raison des restrictions militaires, même si encore aujourd’hui l’accès au fort demeure réglementé. Surtout, ils le savaient et le voyaient isolé dans la campagne de Paris, relié aux autres forts par l’unique route stratégique. Aujourd’hui l’urbanisation de Malakoff a non seulement comblé le vide entre l’ancienne enceinte et les forts, mais l’a pratiquement noyé dans la ville. Bien plus, elle a même envahi le fort. Le Fort de Vanves n’a pas échappé à cette évolution irréversible de la densification à l’extérieur comme à l’intérieur du fort historique.
 
Caractéristiques du Fort
 
Le Fort de Vanves originel se présente donc un trapèze de 385 mètres sur 275 de la pointe d’un bastion à l’autre. Sur les quatre bastions, deux sont vides (1 et 4 sur le plan), abritait l’artillerie du fort et la poudre à canon. Ces bastions étaient défendus chacun par six casemates, salles fermées en maçonnerie résistant aux projectiles de siège. Ils assuraient le flanquement, la défense du flan du fort, à savoir, les fossés et les espaces entre les forts. Les bastions (2 et 3, sur le plan) quant à eux, étaient pleins, c’est-à-dire, comblés de terre. 
 
Le fossé avait une quinzaine de mètres de largueur au niveau des bastions. Il a été au fil des ans comblé en grande partie, mais demeure encore visible aujourd’hui à l’est du fort, à l’emplacement sur lequel a été édifié le stand de tir. (visible en circulant sur la rue André Rivoire). Là, on peut constater que l’escarpe, c’est-à-dire le mur soutenant le massif de terre du rempart, ne s’élève pas à plus de cinq mètres, alors qu’avant sont comblement partiel, il atteignait la dizaine.
L’escarpe est en moellons, taillés dans la pierre provenant des carrières d’Arcueil toutes proches. Les matériaux de constructions du fort viennent de la région parisienne : la meulière, cette roche calcaire et silicieuse, dont une variété, la meulière caverneuse, est encore visible dans la construction de deux pavillons encadrant l’entrée du fort vient des carrières de Buc.Le sable fut tiré de la Seine et des carrières de Neuilly. L’argile vint d’Issy et de Vanves même, la chaux de Champigny.
 
L’épaisseur de l’escarpe est de cinq à six mètres, contreforts compris. La contrescarpe, c’est-à-dire le mur au-delà du fossé soutenait la terre du glacis. Elle s’élevait à cinq mètres de haut.
Sur les flancs est et ouest du mur d’escarpe s’ouvrait deux poternes dans la courtine. Au-dessus de celle de l’ouest, aujourd’hui bouchée, se trouve insérée une pierre gravée portant la date de 1844.
 
L’entrée principale du fort qui s’ouvrait face à Paris, était accessible par un pont-levis au-dessus du fossé. C’est la même porte qui est encore en usage aujourd’hui. On peut remarquer de part et d’autre du portail deux ouvertures verticales qui correspondaient au passage des chaînes du pont-levis. On accédait au fort par la « route stratégique » qui reliait tous les forts entre eux et qui fut achevée en 1845 (aujourd’hui boulevard Stalingrad).
 
L’intérieur du fort
 
Dans la vaste cour centrale, se trouvaient à l’origine du fort seulement deux bâtiments de casernement de trois étages chacun, destinées au logement de la troupe et des officiers. On a une idée de ces bâtiments par les cartes postales montrant les destructions durant la guerre de 1870. Une grande partie de l’intérieur était donc vide. Ce grand espace vide s’explique par les capacités de l’artillerie de 1840.
 
L’armement des forts n’était cependant pas prévu par la loi de 1841. Aussi, ce n’est qu’en 1845 que sera voté un crédit supplémentaire de 14 millions pour doter la fortification de Paris.
 
La courtine sud, entre les bastions 2 et 3 sur le plan était pourvue de dix sept casemates. Encore visibles aujourd’hui, elles constituaient le rez-de-chaussée du bâtiment 017. Ces casemates comme l’indique le plan du fort de 1850 constitueront durant des années une prison militaire regroupant environ 250 détenus. Cette prison avait été installée provisoirement en 1848 pour recevoir les détenus politiques jugés par le conseil de guerre. Elle devint définitive lors de la suppression du pénitencier de Saint-Germain-en-Laye.
 
La destination des dix-sept casemates est indiquée sur les plans conservés au Service Historique de l’Armée au Fort de Vincennes. La première située du côté du bastion 2 abritait une écurie de cinq chevaux. La deuxième l’infirmerie, la huitième abritait le corps de garde des détenus. La cuisine se trouvait dans la sixième casemate, les deux dernières comprenant un four assurant les 330 rations journalières et enfin une chapelle. Toutes les autres casemates constituaient des cellules de prisonniers.
 
Jusqu’en 1870, la vie à l’intérieur du Fort de Vanves fut donc celle d’une prison militaire dont on a peu d’informations exploitable. En 1858, alors que la prison accueille 180 détenus, un rapport d’inspection fut effectué afin d’établir le projet de creusement d’un puits ; « Le manque d’eau ne permettait pas de donner cinq bains par an, prescrits come règle hygiénique à chaque détenu », écrivait le rapporteur. En outre le même rapport faisait mention d’ateliers qui « exigeaient une grande quantité d’eau ».
Dans le même temps, il se trouvait que l’eau procurée à partir d’un puits situé à la gorge du bastion 2 se trouvait en dehors de l’enceinte carcérale. Ce service nécessitait l’emploi de dix hommes de corvée par jour « constamment en contact avec les soldats de la garnison, la discipline en souffrait, et la vue d’hommes libres inquiétaient les détenus qui ne devaient jamais quitter le lieu de leur détention.. »
Au hasard d’autres rapports, on trouve le souci d’aération des cellules des prisonniers. Cette préoccupation fut majeure ay 19ème siècle. Pour les hygiénistes en effet, la lutte contre les maladies passait par celle d’avoir un air sain. Aussi convenait-il d’augmenter les volumes des pièces afin de limiter la concentration des fameux miasmes responsables des maladies.
 
Une efficacité contestée
 
Achevé à partir des années 1845-1846, l’efficacité de l’ouvrage fut cependant remise en question dès les années 1860. En effet, la France avait adopté en 1858 le principe de l’artillerie rayée. Désormais, l’intérieur des canons n’était plus lisse mais pourvu de rayures. Celles-ci imprimaient au projectile un mouvement de rotation qui allongeait sa portée efficace et multipliait sa précision. De plus, le canon rayé ne tirait non plus des boulets mais des obus, projectiles cylindro-coniques remplis d’explosif. Le fort de Vanves était prévu pour résister aux boulets.
Les années qui précédèrent le conflit de 1870 marquèrent une prise de conscience de l’inadaptation de l’ancien système fortifié face à une évolution et une accélération de l’artillerie en général. En 1867, le Comité des Fortifications étudia donc un nouveau programme de défense, mais les contraintes budgétaires le réduisirent à des travaux sur quelques forts dans l’Est de la France. Les forts de Paris, quant à eux, ne reçurent que quelques améliorations qui concernèrent notamment les traverses sur le rempart, cette masse de terre perpendiculaire à la crête du rempart qui protégeait les pièces d’artillerie des tirs de flanc. Au Fort de Vanves comme sur l’ensemble du système de défense de Paris, les conflits de 1870-1871 révéleront l’extrême faiblesse des ouvrages militaires.
 
Sources :
-Dossier d’information édité par le Service communication du Fort à l’occasion des Journées du patrimoine de 1986
-Archives de la Défense, Fort de Vincennes

 


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