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ART DECO
Les bas-reliefs antiquisants de Supelec aux portes de Malakoff
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L’ancienne Ecole Supérieure de l’Electricité, située à la porte de Malakoff aujourd’hui occupée par l’Université de Droit Paris-Descartes, possède sur sa façade principale rue Pierre Larousse un décor art déco d’une grande originalité, typique des années de la construction du bâtiment (1925-1927) . Il incarne le prestige de cette grande école. Deux bas-reliefs du sculpteur-statuaire Paul-Moreau-Vauthier empruntent à la mythologie grecque les symboles de l’énergie et du savoir chez Zeus et Athéna.

Sur la longue et imposante façade du l’école Supelec (1927-1975) sont évoqués au sommet de la frise en lettres romaines tous les grands chercheurs et inventeurs de l’électricité. Mais c’est sur la partie haute du pavillon d’entrée monumental de l’école que sont placés deux bas-reliefs d’un grand intérêt architectural en grès flammé dont la thématique symbolique ne s’écarte pas de la fonction du bâtiment : apprendre à maîtriser et à développer l’industrie électrique.

Le sculpteur-statuaire de grande renommée Paul-Moreau-Vauthier (1) a représenté dans un style « antiquisant » Zeus brandissant l’éclair et Athéna la fée électricité mettant cette nouvelle énergie à la disposition des activités humaines.

Produits par la manufacture Gentils-Bourdet de Boulogne-Billancourt, spécialiste de la céramique architecturale décorative, les deux bas-reliefs sont composés par une série de carreaux de grès flammé obtenus à partir d’une argile cuite à très grande température et qui prend à la cuisson une couleur assez foncé, entre le gris et le marron. Les deux bas-reliefs datés de 1926 formés de l’un des matériaux le plus représentatif de l’art du premier tiers du XXème siècle habillent avec éclat le sommet du pavillon d’entrée de la nouvelle école supérieure.

Zeus, tout un symbole

Paul-Moreau-Vauthier a voulu marquer la force de l’énergie électrique en empruntant à la mythologie grecque la majesté théâtrale du dieu de l’Olympe : Zeus dieu du ciel et de la foudre. La représentation de Zeus sur le bâtiment de Supelec n’est donc pas anodine. Zeus a dans sa dépendance tous les grands phénomènes où se manifeste la vie cosmique. Il règle la succession du jour et de la nuit. Il est le maître du temps météorologique. Sur le bas-relief, l’artiste a choisi de le représenter en dieu tout puissant. L’énergie en ce début du XXème siècle est loin d’avoir révélé tout son potentiel et ses secrets. L’école d’application est là pour former tous ceux qui vont faire avancer la science et devenir les cadres supérieurs de l’industrie électrique.

Le bas-relief présente Zeus assis sur un trône le corps amplement drapé. Sa tête d’homme mûr est couverte de cheveux épais formant une sorte de crinière et continuée par une barbe abondante. Il tient serré avec force dans ses deux mains l’égide, son arme merveilleuse symbole de sa puissance souveraine et d’invulnérabilité. L’égide est ici représentée par un faisceau de dards en feu et en zigzags terminés par une flèche. A ses côtés se tient un soldat traditionnel de l’armée grecque coiffé de son casque Troyen et qui garde le bouclier de Zeus son symbole de protection. Le bouclier porte la signature de l’oeuvre originale : 1926 Paul-Moreau-Vauthier.

Athéna protectrice des nouvelles activités

Athéna, fille préférée de Zeus, déesse de la sagesse, des arts, de la science qui s’appuie sur un savoir raisonné fait l’objet de l’autre bas-relief. Elle est ici évoquée par Paul-Moreau-Vauthier comme la fée électricité mettant à la disposition de l’humanité la nouvelle énergie électrique. La déesse est présentée avec plusieurs de ses symboles : la branche d’olivier qu’elle tend dans une main bras tendu, arbre de la sagesse. Son visage est encadré par une longue chevelure et par une sorte d’auréole qui peut rappeler la tête de la méduse qu’elle contribua à tuer. Près de sa tête un poteau électrique vertical supporte des conducteurs.

Figure aussi en arrière plan l’autre symbole qu’elle partage avec Zeus, le bouclier protecteur. Près d’Athéna un autre personnage fait le lien entre la symbolique qu’elle représente et les fonctions de l’école. Une jeune femme coiffée à la garçonne, portant un casque audio, est assise devant une table-standart téléphonique manuel. L’électricité engendre de nouvelles technologies et a besoin d’ingénieurs compétents. C’est le but de l’’école.

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1). On doit notamment à Paul-Moreau-Vauthier une sculpture de plein air de 1909 située dans la partie basse du Jardin Samuel de Champlin (Paris 20ème) qui rend hommage aux victimes des Révolutions et qui porte la dédicace de Victor Hugo « Nous voulons la justice non la vengeance », élevée en hommage au 2000 communards fusillés. Le bas-relief a été réalisé avec les pierres du mur où les derniers combattants ont été adossés pour être fusillés.


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