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Une bataille administrative entre Vanves et Malakoff
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En 1888, l’administration pris la décision de mettre à nouveau à l’étude un remaniement des cantons du département de la Seine. Seulement la situation avait changé d’autant plus que le quartier Malakoff était devenu commune distincte de Vanves après bien des tensions et qui continuaient à se chamailler. Le Conseil municipal de Malakoff en dépit de la récente autonomie communale vint lui aussi à réclamer le bénéfice du chef-lieu de canton dans sa séance du 12 février 1888 renouvelée le 7 juin 1891. Des chiffres et une étude topographique furent fournis comme preuve à l’appui, renforcés par une population dépassant largement celle de Vanves. Malakoff, c’était déjà 8.761 habitants

Tout avait démarré au début de l’année 1835, l’Administration centrale avait ouvert une enquête dans les communes de l’arrondissement de Sceaux pour avoir leur avis sur le siège de la sous-préfecture de la Seine. Plusieurs villes du département réclamaient ce privilège pour Choisy-le-Roi, quelques unes auraient préféré Bercy ou Villejuif, d’autres proposèrent Montrouge comme étant le point central dans l’arrondissement. Vanves fut de ce nombre. En fait, Sceaux resta chef-lieu de l’arrondissement jusqu’à la suppression des sous-préfectures du département de la Seine.

Sceaux était en même temps depuis l’an IV (1795 et 1796 du calendrier grégorien) le chef-lieu du canton auquel appartenait Vanves, avec douze autres communes. Vanves s’accommoda longtemps de cette situation, mais le 12 août 1878, son Conseil Municipal délibéra pour réclamer l’érection de la commune en chef-lieu de canton dont ressortiraient Issy, Clamart et Montrouge. Ce vœux fut renouvelé plusieurs fois les 11 novembre 1878, 21 juin et 31 décembre 1884, 13 novembre 1885, 27 avril 1886, 10 novembre 1887, 5 février 1888 et appuyé plusieurs fois par le Conseil général et le Conseil d’arrondissement.
 
L’ARGUMENTAIRE DE LA VILLE DE VANVES
En 1888, l’administration pris la décision de mettre à nouveau à l’étude un remaniement des cantons du département de la Seine. Face aux revendications de la nouvelle commune de Malakoff, Vanves qui avait déjà par trois fois été amputée d’une partie de son territoire riposta et diffusa largement dans les communes intéressées un argumentaire qui faisait valoir les avantages qui militaient en sa faveur.
 
« D’après le projet de remaniement des cantons du département de la Seine, le nouveau canton doit être formé avec les territoires des communes de Vanves, Issy, Clamart, Montrouge, Malakoff, Chatillon, estimait le Conseil municipal. Vanves, par sa situation au centre de ces six communes, est tout désigné pour être chef-lieu de ce nouveau canton. Issy, Clamart, Chatillon, Montrouge étant aux extrémités, ne peuvent prétendre à être ce chef-lieu.
A première vue, Malakoff parait presque autant au centre que Vanves, dont elle dépendait avant 1884, mais l’examen de la carte du secteur fait bien vite voir le contraire.
Le véritable centre d’une commune, pour celles voisines, est celui de ses divers services. Or, les quelques services actuels de Malakoff sont dans le bout de son territoire, près des fortifications de Paris.
Les moyens de communications avec Vanves sont des plus faciles pour Clamart et Issy par les tramways-sud, et il n’en existe pas pour ces deux communes avec Malakoff.
Une belle route relie Chatillon à Vanves. La seule commune de Montrouge a, avec Malakoff, des moyens de communication plus faciles qu’avec Vanves, car leurs territoires se touchent, néanmoins, Montrouge est très rapproché de Vanves.
Vanves possède déjà tous les services d’un chef-lieu de canton, ce que n’a pas Malakoff, où tout est à créer, même la Mairie.
Ainsi, insiste le Conseil, Vanves possède : le bureau de perception des contributions de cinq communes de Vanves, Issy, Clamart, Chatillon et Malakoff, un commissariat de police, une brigade de gendarmerie, une succursale de la Caisse d’Epargne de Paris, une étude d’huissier, un bureau de poste et télégraphes. En outre, Vanves a sur son territoire le lycée Michelet, le plus grand établissement universitaire de France, la gare du chemin de fer de l’Ouest, qui se trouve à cinq minutes de son centre, tandis qu’elle est à vingt minutes du centre de Malakoff. Il ne lui manque plus pour l’organisation du chef-lieu qu’une justice de paix. Tout est prêt à Vanves. Tout serait à faire à Malakoff. Dans le cas peu probable, pour ne pas dire impossible, où Malakoff serait choisit comme chef-lieu, il leur faudrait donc que les services déjà existants à Vanves depuis longtemps se transportassent à Malakoff. Cela ne serait pas à faire : Vanves a des droits acquis qu’on ne peut lui enlever. Vanves doit être le chef-lieu, et par sa situation centrale et parce que les services d’un chef-lieu y sont déjà organisés.
Du reste, le Conseil Général, (à plusieurs reprises a émis un avis favorable pour Vanves chef-lieu de canton… »
 
Une nouvelle consultation des communes par la Préfecture eut lieu en 1891. Finalement la loi du 12 avril 1893 donna satisfaction à Vanves en la faisant chef-lieu de canton avec les communes de Chatillon, Issy et Malakoff. En 1897, une autre loi lui rattacha la commune de Clamart, distraite du canton de Sceaux.
 
Cette bataille d’un autre temps n’aura pas résisté évidemment aux transformations de la Région parisienne au XXème siècle. Le département des Hauts-de-Seine est aujourd’hui divisé en trois arrondissements Antony, Boulogne-Billancourt, Nanterre. Les communes de Vanves et Malakoff sont rattachées à l’arrondissement d’Antony (12 cantons). Les villes qui se disputaient le canton à la fin du 19ème siècle sont toutes devenues un canton à part entière.
 
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Arrondissement d’Antony (12 cantons - sous-préfecture : Antony

 

 

 

 

 


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