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ACHILLE OUVRE
L’estampe "Coin de rue à Malakoff"
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L’estampe intitulée « Coin de rue à Malakoff », conservée à la Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art à Paris, est l’œuvre peu connue d’un grand illustrateur de la fin du dix-neuvième siècle, Achille Ouvré (1872-1951). Ce document représente une valeur documentaire intéressante sur le Malakoff d’hier. Explications.

L’estampe réalisée par Achille Ouvré est une eau forte, un procédé de gravure sur métal dont la taille se fait à l’aide d’acide et non à l’aide d’outils comme le burin. Son format est de 19,4cm sur 11,7cm. L’illustrateur fait figurer un homme revêtu d’une redingote et d’un chapeau haut de forme qui se promène et semble étonné par un réverbère bancal. L’habit bourgeois du personnage, à l’allure somme toute débonnaire, contraste avec le paysage modeste qui l’entoure. Cette scène de la vie quotidienne caractérise bien Malakoff vers la fin du XIXème siècle, puisqu’on y retrouve à la fois des cheminées d’usines (nombreuses à l’époque à Malakoff)  et un réverbère à bec de gaz.

 

Un illustrateur de la vie telle qu’elle est

 
Achille Ouvré, graveur parisien, est né le 26 juillet 1872 rue Fondary dans le XVème arrondissement. Il est décédé le 26 mars 1951 à son domicile rue Cassini dans le XIVème. Méconnu de nos jours, Achille Ouvré était pourtant un grand illustrateur de son temps, ayant collaboré à de nombreuses publications et portraituré les plus renommés de ses contemporains. En fin de carrière, il grave des timbres pour l’Administration des Postes, devient membre du comité du Salon d’Automne, Salon dont il présida la section gravure. Il a été décoré de la Légion d’honneur.
 
Achille Ouvré est avant tout un illustrateur de son époque. Il apprend sans maître à l’Académie Colarossi, école privée, alternative à l’école des Beaux-arts. Son œuvre est caractérisée par son attachement au portrait. Parmi ses représentations, on compte Anatole France, Paul Valéry, Jules Romains, Foujita. Il fut aussi l’illustrateur de Mallarmé, Oscar Wilde, Gustave Flaubert, et Jules Romains.
Louis Vauxcelles, grand historien de l’art qui donna leurs noms aux mouvements fauve et cubiste, dit d’Achille Ouvré qu’il a deux influences profondes : Hans Holbein le Jeune, à qui il doit « sa concentration et sa façon de scruter les visages en profondeur », et Hiroshige dont il apprécie « l’élégance cursive, l’arabesque décorative et la vie extérieure ».
 
Achille Ouvré transforme ces influences en une œuvre personnelle singulière. Il cherche avant tout à saisir le caractère de l’âme dans ses estampes, et va au-delà de la simple représentation graphique. Il n’y a pas de romantisme, ou d’idéalisation chez Ouvré, il s’attache à représenter la vie telle qu’elle est. Son œuvre est si authentique qu’elle présente aujourd’hui une valeur documentaire intéressante sur la société du début du XXème siècle.
 
 Agnès Gréca
 
Sources :
-Catalogue de peinture, sculpture, dessin, gravure, livre, arts appliqués : 6 novembre, 25 novembre 1951, Grand Palais, Société du Salon d’automne, Paris, 1951. ©Cliché publié avec l’autorisation gracieuse de la Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art (collections Jacques Doucet)

-Exposition d’œuvres d’Achille Ouvré, 12-26 Juin 1907, Agence musicale de Paris, Paris, 1907

 
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* Salon d’Automne : Exposition qui se tient à Paris depuis 1903. Crée au Petit Palais, elle avait pour vocation première de lancer la carrière de jeunes artistes, et de faire découvrir l’impressionnisme au grand public.

 

 


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