SOMMAIRE :
Le bâti

Un territoire


Les activités


Le sacré


1935
La peinture murale d’origine

De la peinture d’origine qui ornait la salle de Justice de Paix dès sa construction en 1938, il ne reste que quelques photos en noir et blanc. Les scènes peintes apparaissent sur le mur sud (côté ancienne poste) et ouest (côté porte d’entrée/escalier). On ne possède pas de gros plans photographiques rapprochés des différentes parties de la première peinture murale qui ornait la salle de Justice de Paix.. L’examen des photos permet toutefois de repérer les scènes reproduites.

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De la peinture d’origine qui ornait la salle de Justice de Paix dès sa construction en 1938, il ne reste que quelques photos en noir et blanc. Les scènes peintes apparaissent sur le mur sud (côté ancienne poste) et ouest (côté porte d’entrée/escalier). On ne possède pas de gros plans photographiques rapprochés des différentes parties de la première peinture murale qui ornait la salle de Justice de Paix.. L’examen des photos permet toutefois de repérer les scènes reproduites.

Sur le mur sud des hommes moissonnent, une femme allaite. Sur le mur ouest on distingue un homme lançant un javelot, deux hommes en costume de ville qui discutent, un sphinx, puis deux hommes en chemise blanche, habillés comme des ouvriers agricoles.

Les figures sont émaciées et le style assez raide. Reste qu’il est difficile de comprendre la signification générale de l’oeuvre et aucune documentation ne permet pour l’instant d’identifier l’auteur de ces peintures.

Photo : Archives Municipales

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DEUXIEME PEINTURE MURALE
L’oeuvre de 1942, une commande encadrée par le régime pétainiste

La restauration intérieure de l’ensemble du bâtiment de l’ancienne bibliothèque et Justice de Paix 8 avenue du Président Wilson a fait sortir de l’ombre la frise peinte horizontale de 53 m3 qui était masquée derrière une cloison depuis cinquante ans. Due au peintre Roubaisien Paul Alex Deschmacker elle comprend deux grands types d’iconographie : symbolisme de la justice et scènes du réel. Au-delà de son caractère esthétique et ornemental l’oeuvre réalisée sous le régime pétainiste demande d’en comprendre le contexte et le sens symbolique et politique.

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La restauration intérieure de l’ensemble du bâtiment de l’ancienne bibliothèque et Justice de Paix 8 avenue du Président Wilson a fait sortir de l’ombre la frise peinte horizontale de 53 m3 qui était masquée derrière une cloison depuis cinquante ans. Due au peintre Roubaisien Paul Alex Deschmacker elle comprend deux grands types d’iconographie : symbolisme de la justice et scènes du réel. Au-delà de son caractère esthétique et ornemental l’oeuvre réalisée sous le régime pétainiste demande d’en comprendre le contexte et le sens symbolique et politique.

L’actuelle peinture murale de la salle de Justice de Paix datée de 1942 fut l’objet d’une procédure de réalisation particulière en pleine période d’occupation et de collaboration.

Le régime de Vichy avait crée par la loi du 23 février 1941 une Délégation Générale à l’Equipement National chargée de mettre en œuvre une planification de l’économie par l’Etat, ayant rang de Secrétariat d’Etat. Il comprenait un Commissariat à la lutte contre le chômage au sein duquel fonctionnait le service des travaux artistiques. C’est ce service qui autorisa la réalisation d’une nouvelle peinture murale dans la salle de Justice de Paix de Malakoff et qui en fixa dans un contrat les conditions d’exécution et de financement. 

La signature de ce contrat dû satisfaire Georges Guillet Président de la Délégation spéciale remplissant les fonctions de Maire de Malakoff puisqu’il souhaitait ardemment le remplacement de la peinture d’origine. Dans une lettre à son cher ami le directeur du Service des travaux artistiques de la Seine il déclare que « celle qui dépare actuellement cette belle salle est à faire disparaître et serait reconnaissant de désigner un véritable artiste susceptible d’en composer et d’en exécuter une nouvelle... » (1)

Le contrat fut signé le 8 octobre 1941 pour « une décoration picturale dont le sujet est emprunté à la Justice, exécuté à l’huile sur toile marouflée par monsieur Deschmacker, désigné comme maître d’oeuvre par le Commissariat, et assisté d’un certain nombre de collaborateurs... ». Les frais d’exécution furent supportés par le Commissariat pour les dépenses d’ordre artistique et par la ville de Malakoff pour les frais d’ordre matériel.

On ne toucha pas à la physionomie de la salle qui resta en l’état avec son plafonnier, la mosaïque du sol, le mobilier et les boiseries.

1) Archives Municipales B1, contrat 926/5

Photo : Archives Municipales

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2020
Redécouverte de l’oeuvre peinte et restauration

Caché derrière une cloison depuis une cinquantaine d’années, l’état de la peinture murale n’était pas connu. Une fois les cloisons dégagées, la restauratrice Bérangère Ballet-Goulart a pu effectuer un diagnostic de l’oeuvre et faire des préconisations au nom d’un groupe de 10 restaurateurs indépendants en réponse à l’appel d’offre lancé par la Mairie le 27 septembre 2019 avec un financement de départ sur le budget communal de 90 000 euros. Le marché obtenu l’équipe de spécialistes de la restauration du patrimoine a travaillé à la restitution de l’unité esthétique de l’ensemble de la peinture murale de 53 m2.

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Caché derrière une cloison depuis une cinquantaine d’années, l’état de la peinture murale n’était pas connu. Une fois les cloisons dégagées, la restauratrice Bérangère Ballet-Goulart a pu effectuer un diagnostic de l’oeuvre et faire des préconisations au nom d’un groupe de 10 restaurateurs indépendants en réponse à l’appel d’offre lancé par la Mairie le 27 septembre 2019 avec un financement de départ sur le budget communal de 90 000 euros. Le marché obtenu l’équipe de spécialistes de la restauration du patrimoine a travaillé à la restitution de l’unité esthétique de l’ensemble de la peinture murale de 53 m2.

Mise à jour de la peinture après 50 ans derrière une cloison

Près de 80 ans après son exécution la frise peinte sur une toile marouflée sur enduit avait subit inévitablement de nombreuses altérations du support et les peintures de nombreux chocs provoquant des boursouflures. Par endroit des scènes peintes portaient des fissures, des éraflures ou des griffures, voire quelques déchirures et des moisissures suite à un dégât des eaux. Certains espaces étaient couverts de perforations dues à des punaises et des clous. A tout cela s’ajoutait un dépôt de crasse important.

Après une série de tests l’équipe de restaurateurs a procédé à un sérieux nettoyage puis a repris les enduits, réparé les déchirures de la toile. La couche picturale a ensuite reçu un traitement des moisissures et une consolidation des zones fragilisées. L’opération s’est achevée par une réintégration picturale, phase fondamentale de la restauration, visant à combler visuellement toutes les lacunes de l’oeuvre. Tout ce travail spécialisé durant six mois révèle aujourd’hui une frise murale éclatante de couleur.

Des scènes entières à restaurer

Après restauration les scènes ont retrouvé leurs belles couleurs

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UN PARCOUR ARTISTIQUE
Paul Alex Deschmacker, l’artiste inspiré de la salle de Justice de Paix (1)

Paul Alex Deschmacker est choisi en 1941 par le Service des travaux artistiques du Commissariat à la lutte contre le chômage pour être le maître d’oeuvre d’une nouvelle peinture murale de la salle de Justice de Paix à Malakoff en remplacement d’une autre œuvre jugée non conforme par la Délégation Spéciale mise en place par la Préfecture de la Seine en remplacement du Conseil Municipal dissous.

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Paul Alex Deschmacker est choisi en 1941 par le Service des travaux artistiques du Commissariat à la lutte contre le chômage pour être le maître d’oeuvre d’une nouvelle peinture murale de la salle de Justice de Paix à Malakoff en remplacement d’une autre œuvre jugée non conforme par la Délégation Spéciale mise en place par la Préfecture de la Seine en remplacement du Conseil Municipal dissous.

Paul Alex Deschmacker le maître d’oeuvre de la peinture murale de 53m2 de l’ancienne salle de Justice de Paix à Malakoff est un artiste peu connu malgré les centaines d’oeuvres qu’il a produites. Ses peintures, dessins et aquarelles font encore l’objet de ventes chez les marchands d’art et les salles spécialisées plus de cinquante ans après sa mort (1973).

Si les archives manquent pour connaître le cahier des charges de l’oeuvre restaurée en 2020, les thèmes retenus montrent que ce fut une commande bien encadrée pour valoriser entre autre la politique du « travail, famille patrie » du gouvernement pétainiste.

Paul Alex Deschmacker est né à Roubaix en 1889. Son père Edouard Deschmacker est négociant en tissus, rue de Tourcoing. Sa vocation lui vient très tôt. Au lycée Saint Louis, à Roubaix, sa vocation perçait déjà et ses meilleures notes étaient en dessin. Son père le destinait à la fabrication textile, lui voulait aller aux Beaux-Arts. (Portrait ci-contre de 1929).

Ses débuts dans la peinture sont modestes. Il est malheureusement handicapé par une mauvaise vue et n’a pas de lunettes. Dès qu’il a des lorgnons le démarrage est foudroyant. Il est rapidement reconnu pour ses talents. Quand papa Deschmacker voit son fils rafler de nombreuses récompenses il donne son accord pour des cours de dessins et de peinture à l’Ecole des Beaux-Arts de Lille. Son passage dans la capitale des Flandres est marqué par des médailles d’or, par un prix départemental et il reçoit une bourse pour quatre ans afin d’étudier à Paris à la prestigieuse Ecole des Beaux-Arts. Sous la houlette de Fernand Cormon, membre de l’Académie des Beaux-Arts, il parfait sa technique dans « l’atelier Cormon » qui a vu passer des grands artistes comme Vincent van Gogh, Henri Matisse, Henri de Toulouse-Lautrec... Ses camarades d’école le baptisent « Van Dyck » pour sa facilité dans le portrait.

Durant cette formation il obtient une première participation au fameux Salon d’Automne créé au Petit Palais en 1903 dans le but de faire découvrir de jeunes artistes. Il raconte au comédien Jean Piat (1) comment il arrive à postuler au prestigieux salon. « Mon professeur le peintre Cormon me dit un jour que je devais envoyer quelque chose au Salon d’Automne. Je me suis mis alors au travail, un grand portrait, d’une jeune fille brune dont le père était professeur au lycée de Tourcoing. J’ai consacré de longues heures de pose et six semaines de travail. J’y avais mis tout mon savoir… Cormon l’apprécia mais aperçu un petit portrait de ma sœur en blouse bulgare que j’avais peint en m’amusant en deux semaines aux vacances précédentes. Il me pressa de l’envoyer aussi au Salon. Et de fait, le jury du Salon refusa la grande toile et accepta la petite, en la proposant même pour une mention… »

Enseignement et vrai début artistique

Paul Alex ne reste que deux ans à Paris à l’Ecole des Beaux Arts souhaitant rejoindre l’armée alors que s’annonce la Première Guerre Mondiale. A son grand regret sa demande d’engagement volontaire est rejetée à cause de sa mauvaise vue.

De retour à Roubaix sa ville natale il y reste bloqué comme beaucoup d’autres par l’occupation ennemie. Il n’a pas le temps de rester inoccupé, le Directeur de l’Ecole Nationale des Arts et Industries Textiles de Roubaix cherche à combler les vides provoqués par la mobilisation des professeurs. Grâce à son expérience parisienne il lui offre un poste. Dès octobre 1914, il dispense son jeune savoir dans l’école qu’il avait quitté depuis peu comme étudiant.

Après la Grande Guerre il s’installe à Paris avec son épouse Juliette et pendant plus de cinquante ans il travaille dans un immense atelier sous une haute toiture en baie-vassistas qui dispense une belle lumière. A côté, son appartement spacieux situé aux pieds de la butte Montmartre, entre Blanche et Pigalle, se prolonge avec un grand balcon en face des toits qui s’étagent jusqu’au Sacré-Coeur.

C’est la Galerie Allard à Paris qui lui offre sa première exposition en 1924. Il y expose des figures de femmes. La critique voulu voir en lui le successeur de Boldini, ce peintre italien auteur de portraits d’élégantes, peint avec une extraordinaire virtuosité. La réputation de Deschmacker comme portraitiste commence à s’affirmer, mais il ne veut pas se laisser enfermer dans le portrait. A une époque ou l’on avait coutume de choisir entre le paysage et la figure, Deschmacker s’empare avec autorité de chacun des éléments observe un critique d’art parisien. Un autre écrit « que l’on ne sait qui l’emporte du paysage ou du nu et que l’on est obligé de constater qu’ils s’accordent complètement, merveilleusement.. » En fait Deschmacker est un artiste figuratif peu tenté par l’abstraction qui se manifeste par la représentation du visible sous plusieurs genres : le portrait, le paysage, la nature morte.

A partir de 1927 il expose au Salon des Tuileries où sont confrontées toutes les écoles nouvelles et régulièrement au prestigieux et incontournable Salon d’Automne.

C’est dans la période de l’entre-deux guerres que Paul Alex Deschmacker est reconnu pour ses qualités de portraitiste, ses nus de femmes, ses paysages, ses natures mortes, et pour son goût du symbolisme où l’on retrouve l’influence d’Odilon Redon le célèbre peintre graveur du symboliste français. Ses œuvres traduisent un classicisme enlevé en phase avec le style Art Déco alors à son apogée. Les personnages mythologiques peuplent ses toiles. Dans leurs comptes-rendus des salons les critiques d’art parlent de Deschmacker comme « un artiste sensible, coloriste distingué, décorateur, habile. Ses paysages et ses nus sont harmonieux et riches ».

Pour ses compositions les critiques n’hésitent pas la comparaison. Ils évoquent Claude Lorrain le peintre considéré comme le représentant le plus éminent du paysage classique. William Turner, le précurseur britannique de l’impresionnisme. Jean Baptiste Corot, connu pour ses paysages composés, Puvis de Chavannes, auteur de grands décors muraux au 19ème siècle, et Nicolas Poussin, représentant majeur du classicisme pictural…

Selon les spécialistes Deschmacker est un moderniste et un rêveur, ses sujets et ses compositions sont classiques mais modernes, colorées mais composées, créant une certaine ambiance lyrique. Les personnages féminins très nombreux dans ses toiles sont fortes, comme des déesses, et regardent souvent l’observateur. L’artiste affectionnait particulièrement le vert et le bleu. La peinture murale de la salle de Justice de Paix de Malakoff réalisée en 1942 traduit bien son style. En fait on rattache Deschmacker à la fois au classicisme, à l’antique, à la beauté du paganisme.

L’influence des Nabis, mouvement artistique postimpressionniste, se fait également sentir dans ses œuvres. Plus tard, il en fera la synthèse à travers de grandes compositions aux personnages inspirés de l’antiquité et de la Renaissance et s’inscrivant dans de larges paysages ouverts. Il produit également des dessins pour des revues médicales et de poésies.

Après la Seconde Guerre Mondiale, il enseigne à l’Ecole des Arts appliqués de Paris et à la Grande Chaumière l’académie privée du quartier Montparnasse tout en exposant régulièrement lors des salons. Avec le temps Deschmacker délaisse l’huile pour le pastel ou pour l’aquarelle.

L’exposition qui sort l’artiste de l’oubli

A l’occasion de la seule rétrospective consacré à Deschmacker au Musée de la Piscine à Roubaix en juin 1986, Didier Schulmann, alors conservateur du musée (2) parle d’une peinture de qualité : « Sa longue carrière dit-il a été marquée plus par ses choix esthétiques et les contraintes de son inspiration que par le foisonnement des mouvements artistiques qui jalonnèrent le XXème siècle. Il fut fidèle à l’esprit « Art Déco » dans ce qui le caractérise le plus positivement : souci des formes simples, amples, rondes et harmonieuses, intentions décoratives, lisibilité, accessibilité, couleurs… Ses nus offrent une très belle image de la femme parfaitement bien posée, installée, inscrite dans le monde comme dans la toile, auxquels répondent dans le paysage, des arbres aux troncs solides et massifs…Cette capacité à camper les corps dans le repos, l’alanguissement où la mélancolie se retrouve à l’état pur dans les admirables dessins et les très belles gravures… »(3) et la peinture murale de la salle de Justice de Paix.

Plusieurs grands musées conservent les œuvres de Deschmacker principalement le Musée de La Piscine à Roubaix, qui a organisé en juin 1986 la seule rétrospective des peintures de Deschmacker avec plus de deux cents œuvres qui ont montré la diversité de son style. Dans cette exposition figurait notamment l’oeuvre N°109, une étude au crayon de Deschmacker pour la salle de Justice de Paix de Malakoff. Plusieurs grands musées français conservent aussi des œuvres de Deschmacker : le Louvre, le musée Cantini de Marseille, le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg.... La ville de Malakoff peut s’enorgueillir de posséder une œuvre majeur de Paul Alex Deschmacker dans l’ancienne salle de Justice de Paix, dédiée aujourd’hui au tiers-lieu artisanal. Une œuvre qui traduit bien le style de l’artiste.

Jacques Hamon

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1)Jean Piat : acteur et écrivain, Sociétaire de la Comédie Française (1924§2018)

2)Didier Schulmann à été ensuite conservateur du patrimoine au Musée National d’Art Moderne/Centre Pompidou Paris

3) Propos exprimés dans la plaquette de l’exposition Deschmacker au Musée de Roubaix en 1986

 

Quelques tableaux de Paul Alex Deschmacker

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L’ETUDE DE CATHERINE FEREY (1993)
Paul Alex Deschmacker : une vie pour l’art figuratif (2)

A l’occasion de la préparation de l’unique exposition rétrospective des œuvres de l’artiste en 1986, Catherine Ferey alors Conservatrice adjointe du Musée la Piscine à Roubaix procède à un premier inventaire. Cette laborieuse entreprise va par la suite nourrir son mémoire de maîtrise sur Paul Alex Deschmacker en 1993.
Nous empruntons à ce travail universitaire unique (1) des informations peu diffusées sur le travail artistique très divers de Deschmacker et notamment comment il a été choisi pour être le maître d’oeuvre de la peinture murale de la salle de Justice de Paix de Malakoff en 1942.

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A l’occasion de la préparation de l’unique exposition rétrospective des œuvres de l’artiste en 1986, Catherine Ferey alors Conservatrice adjointe du Musée la Piscine à Roubaix procède à un premier inventaire. Cette laborieuse entreprise va par la suite nourrir son mémoire de maîtrise sur Paul Alex Deschmacker en 1993.
Nous empruntons à ce travail universitaire unique (1) des informations peu diffusées sur le travail artistique très divers de Deschmacker et notamment comment il a été choisi pour être le maître d’oeuvre de la peinture murale de la salle de Justice de Paix de Malakoff en 1942.

« Paul Alex Deschmacker est un artiste résolument figuratif. Le parcours de l’artiste des années 1920 à 1973 est timidement jalonné par des étapes de la peinture contemporaine, mais reconnaît Catherine Ferey, Deschmacker à la particularité ne s’être engagé dans aucune grande voie novatrice. Un critique Maximilien Gauthier le dit bien à propos d’une exposition à la Galerie de la Tournelle en 1966 : Deschmacker à fait sa réputation au salon d’Automne et au salon des Tuileries des années 30. Il ne s’est pas laissé aller à suivre le courant de la mode, mais pas davantage à la prendre à rebours.

Le style éclectisme convient bien aussi à Paul Alex Deschmacker. L’artiste s’est nourri de l’enseignement de ses maîtres dont Cormon. Ses humanités l’imprègnent aussi d’une culture classique.

Jean Daniel Mautblanc dans son livre « Tempérements » dévoile les grands guides de l’artiste « Raphaël » aux formes si pleines, devient l’un de ses fanatismes. Poussin qui lui fut un jour révélé pour son souci constant d’équilibre, l’harmonie parfaite de ses formes et de ses compositions qui devinrent pour Deschmacker l’idéal et la loi.

Les Fauves ont marqué le début de sa carrière note Catherine Ferey. Un article paru dans le journal de Roubaix insiste sur l’importance de la couleur :  L’artiste ne fuit pas l’emploi d’aucune couleur, mais il recherche les harmonies et en trouvent d’inattendues réalisées dans une belle pâte pleine et grasse .

Paul Alex Deschmacker garde tout au long de sa vie un vif attrait pour la couleur. Jacques Faneuse dans le catalogue d’une exposition à Châteauroux donne une idée de sa palette les œuvres qu’il compose déroutent par la hardiesse de leurs accords. Des bleus et des rouges assourdis, des tâches intensément vertes constituent des harmonies spectrales .

Paul Alex Deschmacker est un homme de son siècle, reconnaît Catherine Ferey, la naissance de l’ethnologie et une meilleure connaissance de l’art des sociétés d’Afrique et d’Océanie révolutionnent le monde de l’art à partir des années 1910. L’exposition coloniale de 1931 vulgarise l’esthétique des arts autochtones de cette France d’Outre-Mer. Deschmacker reçoit ces influences « exotiques », il exécute des dessins et des gravures qui en sont très fortement imprégnés.

Deschmacker était donc un artiste complet, ses œuvres diverses l’attestent. Son répertoire artistique comprend plusieurs techniques qu’il maîtrisait bien : la gravure tout d’abord, le dessin et l’aquarelle ensuite et enfin la fresque et la peinture au chevalet. Pour chacune d’entre elles on retrouve les paysages, les personnages,les fleurs, les natures mortes, les sujets religieux.

L’oeuvre gravée de Deschmacker est également très diverse. Il utilise toutes les techniques : gravure sur bois, eau-forte, burin, pointe sèche, aquatinte. Ces œuvres gravées sont identiques dans l’esprit à ceux de son œuvre peinte : des paysages, habités ou non, où la présence des arbres est constante. Des personnages seuls ou en groupe, nus ou savamment dévêtus de drapés.

L’oeuvre dessinée tient une place significative dans le parcours de l’artiste en raison de la variété des techniques utilisées, avec une préférence pour le crayon et de la mine de plomb. A noter que Deschmacker fut l’un des membres fondateur du Salon du dessin et de la peinture à l’eau en 1939.

dessine pour préparer son travail de peintre. Il utilise le crayon pour tracer les esquisses. Ses œuvres dessinées sont nombreuses. 120 travaux ont été répertoriés dans l’inventaire de Catherine Ferey.

Deschmacker utilisait aussi le pastel. Mais ce sont les aquarelles qui permettent l’approche du coloriste si souvent loué par la critique ainsi que la découverte d’un technicien aguerri. L’aquarelle semble le plus souvent une étape préparatoire qui ne sont pas moins des œuvres abouties. Deschmacker les exposent et les vend comme telles. Quatre ont été acquises par l’Etat.

Deschmacker s’est aussi fait remarqué dans l’art par la peinture murale. L’inventaire de Catherine Ferey en décrit trois. Une commande privée de trois grands panneaux pour un bar des Champs-Elysées à Paris et deux commandes publiques : une « pêche à la baleine (15m de long) pour l’Exposition Internationale de Paris 1937, et le mur peint de la salle de Justice de Paix à Malakoff. La peinture murale a donné l’occasion à Paul Alex Deschmacker de s’exprimer sur des formats qui dépassent largement le cadre de la peinture au chevalet. En cela, son expérience se confond avec celle de nombreux contemporains comme Fernand Léger ou Yves Brayer .

La commande publique de 1942 à Malakoff

Pour de nombreux artistes la commande publique était souvent indispensable pour survivre. La commande pour la salle de Justice de Paix de Malakoff fut la bienvenue pour Deschmacker. En fait Catherine Ferey à découvert que Deschmacker sollicitait depuis des années une commande publique. En 1938, à l’occasion de l’achat par l’Etat de sa peinture « Paysages avec figures » l’Inspecteur Général des Beaux-Arts et des Musées écrit au Directeur des Beaux-Arts  Monsieur Deschmacker vous avait fait part de son désir de recevoir la commande d’une grande peinture décorative..., la commande de Malakoff en 1941 fut peut-être la réponse à cette sollicitation.

La revue des Beaux-Arts rapporte que cette décoration fort importante a coûté de longs mois de travail à l’artiste . Il a selon ses habitudes réalisé de nombreux croquis préparatoires qui ont été conservés par sa famille. Parmi eux les études de groupe ou les figures féminines seules. Le couple en fait partie. L’homme est débout, la femme assise à ses pieds, elle lui tient les bras. Cette composition est tout à fait traditionnelle, elle convient bien à l’époque comme au lieu. Elle exalte le couple, fondement de la famille si chère au Maréchal Pétain.

En effet, dans la France de Vichy, l’art est chargé de véhiculer la volonté de rénovation, de redressement et d’exaltation des sentiments collectifs comme le dit Laurence Bertrand d’Orléac dans son histoire de l’art, Paris 1940-1944. Et la famille est bien le lieu d’épanouissement des ces sentiments collectifs par excellence. René Borelly dans le numéro 1 d’Atalante en décembre 1941 précise que la pratique monumentale doit avant tout tendre vers le grandiose qui laisse une impression plus durable que le charmant. Elle doit exprimer la noblesse, sérénité, héroïsme alors que joie, tendresse maternelle, amour devront rester à l’échelle humaine c’est à dire la peinture au chevalet.

Les représentations choisies par Deschmacker pour la salle de Justice de Paix sont par conséquent conformes à ce souhait de grandeur, de noblesse comme le montre ses études au crayon pour plusieurs allégories de la peinture murale de Malakoff, intitulées la concorde et la paix.

Si cette peinture est fortement marquée par le régime du moment il serait injuste de se servir de cette unique commande publique obtenu par l’artiste durant cette période pour reconnaître en lui un pétainiste militant. Deschmacker est issu de la petite bourgeoisie catholique du Nord, soucieuse de l’ordre et des valeurs traditionnelles. Il a pu exprimer ses propres convictions à travers l’opportunité de créations de la belle oeuvre de Malakoff obtenue après de nombreuses démarches.

En 1949 Deschmacker réitère une demande de commande publique de peinture murale, ce qui prouve combien cette technique lui était chère. Monsieur Cogniat, Inspecteur principal des Beaux-Arts s’exprime déclarait a cette occasion que l’oeuvre de Deschmacker confirme les caractères qu’elle a depuis des années, c’est à dire une grande sérénité, le goût des compositions calmes avec des nus dans de nobles paysages, une science murale réelle qui amène l’artiste a traiter ses personnages en grandes surfaces. Il est certain que Deschmacker est l’un des artistes les plus qualifiés pour faire ces décorations... »

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1) Extraits choisis dans le mémoire de Catherine Ferey « Deschmacker », Université Charles de Gaule Lille III. Sciences humaines, lettres et arts, 1993 sous le direction de Marcel-André Stalter, professeur Emérite.

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SCENES PEINTES (1)
Les symboles de la Justice et du droit

Salle de Justice de Paix, le décor peint se devait d’évoquer des références à la loi et à la justice. Une bonne moitié de la surface peinte visualise la justice et l’ordre. Avec des allégories classiques empruntées à la mythologie grecque et romaine l’artiste a peint des scènes avec des personnages traditionnellement féminins aux attributs symboliques toujours reconnaissables comme le glaive, la balance, le laurier, le livre, le sceptre, le trône... Attributs des déesses, des héros, des seigneurs ils symbolisent la justice et la souveraineté, la puissance et l’autorité, le droit...

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Salle de Justice de Paix, le décor peint se devait d’évoquer des références à la loi et à la justice. Une bonne moitié de la surface peinte visualise la justice et l’ordre. Avec des allégories classiques empruntées à la mythologie grecque et romaine l’artiste a peint des scènes avec des personnages traditionnellement féminins aux attributs symboliques toujours reconnaissables comme le glaive, la balance, le laurier, le livre, le sceptre, le trône... Attributs des déesses, des héros, des seigneurs ils symbolisent la justice et la souveraineté, la puissance et l’autorité, le droit...

Paul Alex Deschmacker le maître d’oeuvre interprète dans sa vaste peinture murale tous les codes et symboles contemporains de la Justice porteurs d’un héritage culturel. Vision traditionnelle toujours actuelle d’ailleurs.

La femme au caducée. Le personnage féminin est montré avec une baguette de laurier surmontée de deux ailes et entourée de deux serpents entrelacés : un caducée. C’est l’attribut du dieu Hermès, emblème des sages qui servait à guérir des morsures de serpents. Il est devenu symbole de paix et attribut de la Justice. Derrière est placé le laurier, dédié à Apollon dont il est le symbole, il représente l’immortalité acquise par la victoire. Aux pieds de la Déesse apparaît une corne d’abondance, symbole de richesse et de fécondité. Enfin, la femme est assise sur un siège à tête de lion, une figure allégorique de puissance, de souveraineté et de sagesse.

Le glaive et la balance. Autre personnage de la mythologie grecque présent sur la peinture murale la Déesse Thémis avec ses attributs classiques le glaive et la balance. L’arme symbolise l’aspect répressif de la justice, l’application des peines. Tenu toujours dans la main droite le glaive symbolise le pouvoir de la justice qui tranche les problèmes et les litiges. Dans sa main gauche Thémis tient une balance sur laquelle elle soupèse les forces de soutien et d’opposition, le principe de contradiction juridique. C’est le symbole le plus ancien qui fait référence à l’idée d’équilibre et de mesure que représente la justice humaine.

Appliqué aux combats contre l’injustice, la malfaisance ou encore l’ignorance le glaive par exemple devient ici un instrument constructif de justice et de paix. Associé au symbolisme de la balance, le glaive sépare le bien du mal et frappe le coupable.

Le genou dénudé. Sur le mur sud le personnage masculin, un éphèbe nu, exprime une justice qui se veut réceptive au drame humain. Cette clémence est symbolisée par le genou dénudé. Traditionnellement la position du genou est une marque de pouvoir. Les écrits antiques matérialisent le genou comme l’attribut corporel de la pitié, de la magnanimité et la clémence du puissant.

Le livre des lois. Deux scènes mettent en valeur le livre des textes de lois. Aux pieds de l’éphèbe nu est posé un grand livre ouvert qui porte les noms de juristes ayant marqué l’histoire du droit.

-Jacques Cujac (1522-1590). Il chercha à réinscrire le savoir antique dans la culture juridique de son époque.

-Charles Dumoulin (1500-1566). On lui doit une étude essentielle sur les coutumes du royaume qui constitue l’un des principaux apports à la pensée juridique de son temps.

-Jean Domat (1625-1696). Ses « lois civiles dans leur ordre naturel » restent aux yeux des juristes contemporains un ouvrage majeur dans l’histoire du droit.

-Robert-Joseph Pothier (1699-1772). Ses travaux ont très largement inspiré les rédacteurs du code civil français.

-Etienne-Marie Portales (1746-1807). Il prit une part active à la rédaction du code civil ainsi qu’à la mise en œuvre du Concordat de 1801. Il fut Ministre des cultes.

Sur le mur nord, encadré par un éphèbe au sceptre et une femme au glaive est représenté le livre du code civil français, c’est à dire l’ensemble des règles qui permettent le « vivre ensemble ». Autre personnage lié au livre, une femme au miroir se porte garante des textes du code civil et du droit commercial. Le miroir qu’elle tient de sa main droite rappelle l’importante de la réflexion personnelle. Avec le miroir on s’interroge sur soi-même, il devient le symbole de la réflexion et de la sagesse.

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SCENES PEINTES (2)
La vie réelle selon Vichy

Pour comprendre la signification de la peinture murale de la salle de Justice de Paix réalisée en 1942 il faut rappeler le contexte de sa création dans une municipalité non élue, aux ordres des idéaux de la Révolution Nationale menée par le Maréchal Pétain après la défaite de juin 1940 substituant à la devise Républicaine universaliste la primauté des trois sociétés « professionnelle, familiale, nationale ». Dans leur domaine les Beaux-Arts de la zone occupée étaient chargés de diriger les institutions publiques, y compris les musées, les expositions, les commandes et les productions et acquisitions d’oeuvres. Ce fut le cas pour cette oeuvre particulièrement encadrée.

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Pour comprendre la signification de la peinture murale de la salle de Justice de Paix réalisée en 1942 il faut rappeler le contexte de sa création dans une municipalité non élue, aux ordres des idéaux de la Révolution Nationale menée par le Maréchal Pétain après la défaite de juin 1940 substituant à la devise Républicaine universaliste la primauté des trois sociétés « professionnelle, familiale, nationale ». Dans leur domaine les Beaux-Arts de la zone occupée étaient chargés de diriger les institutions publiques, y compris les musées, les expositions, les commandes et les productions et acquisitions d’oeuvres. Ce fut le cas pour cette oeuvre particulièrement encadrée.

A côté de l’évocation symbolique assez classique de la Justice, la peinture murale du peintre Deschmacker reproduit des scènes qui comprennent de nombreux personnages féminins. Probablement un message en accord avec l’idéologie du régime de Vichy qui considérait les femmes et les jeunes filles comme « une pièce maîtresse dans l’élaboration du dispositif de la Révolution Nationale ». Dans ce contexte l’artiste maitre d’oeuvre de la scénographie devait répondre aux critères résumés dans la formule lapidaire Vichychoise « Travail, famille, patrie » et justice pour s’accorder au lieu.

Paul Alex Deschmacker et ses collaborateurs ont donc mis tout leur talent pour exprimer à travers une dizaine de belles scènes ce modèle de société qui reposait sur les différences de genre et sociales lesquelles dans un même dessein devaient « régénérer la nation décadente ».

Les scènes de la peinture murale ont donc visualisé l’orientation politique voulue par les autorités à savoir que les femmes soient avant tout épouses et mères patriotes par la maternité et éducatrices . Sous la collaboration, l’émancipation de la femme équivalait à la destruction de la famille. Deschmacker n’avait pas d’autre choix que de restituer dans plusieurs scènes des éléments de la propagande sur l’institution familiale, base du redressement national.

Autres thèmes évoqués dans la peinture murale une vision du sport. Pour le gouvernement du Maréchal il s’agit de valoriser des corps sains et virils pour les garçons et aux jeunes filles un corps sain et gracieux. La peinture murale s’y emploie dans plusieurs petites compositions en arrière plan.

Elle offre aussi par petites touches des images rassurantes d’une France mythique éternelle, au travail, agraire, unie autour de sa terre nourricière, de sa famille, de sa jeunesse.

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SCENES PEINTES (3)
L’homme et l’ordre patriarcal

L’appel à la virilité sous toutes ses formes a fait partie de l’univers des français durant la période de collaboration et d’occupation (1940-1944). L’art durant ces années a été mis à contribution par le régime de Vichy pour renforcer le mythe de la virilité masculine. Plusieurs scènes de la peinture murale de la salle de Justice de Paix réalisée en 1942 traduisent cette conception idéalisée de l’homme.

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L’appel à la virilité sous toutes ses formes a fait partie de l’univers des français durant la période de collaboration et d’occupation (1940-1944). L’art durant ces années a été mis à contribution par le régime de Vichy pour renforcer le mythe de la virilité masculine. Plusieurs scènes de la peinture murale de la salle de Justice de Paix réalisée en 1942 traduisent cette conception idéalisée de l’homme.

Les scènes de la peinture murale sont sans équivoque. Elles représentent une conception de l’homme fondée sur la force, les assignations spécifiques et les rapports de genre. Elles confortent ici le rétablissement du masculin qui occupe alors une position centrale dans l’idéologie pétainiste. Il s’agissait de redonner à l’homme son autorité de père et d’époux, de lui réserver le travail nourissier, bref, restaurer l’ordre patriarcal.

Pour illustrer cette idéologie Paul Deschmacker le maître d’oeuvre de la peinture et ses collaborateurs ont restitué des scènes représentant les hommes dans des positions dominantes, certains avec des corps musclés mis en évidence, courageux dans le travail manuel et agraire, séducteur auprès des jeunes femmes, protecteur de la famille. De belles scènes qu’il faut en fait bien décoder.

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SCENES PEINTES (4)
L’école du devoir plus que celle des droits

La représentation de la nouvelle école du Clos Montholon construite en 1938-1939 qui prendra le nom d’Henri Barbusse après la Seconde Guerre Mondiale, en arrière plan d’une scène de la peinture murale n’est sans doute pas anodine. Elle est associée à une scène d’éducation des jeunes filles. C’est logique car pour le régime de Vichy l’école est la clé de voûte de la représentation hiérarchique de l’ordre social.

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La représentation de la nouvelle école du Clos Montholon construite en 1938-1939 qui prendra le nom d’Henri Barbusse après la Seconde Guerre Mondiale, en arrière plan d’une scène de la peinture murale n’est sans doute pas anodine. Elle est associée à une scène d’éducation des jeunes filles. C’est logique car pour le régime de Vichy l’école est la clé de voûte de la représentation hiérarchique de l’ordre social.

Pour l’enseignement des jeunes filles le décret du 15 août 1941 du Ministre de l’Education Nationale précise que les programmes comporteront « des dispositions spéciales conformes à leurs aptitudes et à leur rôles ». Jusqu’en première par exemple les filles feront une heure de gymnastique en moins que les garçons. Celle-ci sera remplacée par une heure d’enseignement ménager « correspondant aux travaux les plus appropriés à leur nature et à leurs missions ». Cet enseignement ménager obligatoire uniquement pour les filles remettait en cause le principe d’instruction égale pour les deux sexes. La peinture murale traduit bien cette représentation traditionnelle des femmes alors que l’école de la IIIème République et le Front Populaire avaient commencé à la faire évoluer.

Ainsi, plusieurs scènes expriment cette vision de la place des garçons et des filles dans la nouvelle société voulue par le régime de Vichy : rôle d’éducatrice auprès des enfants, tâches ménagères dévolues aux sexe féminin symbolisées par l’eau récupérée à la fontaine, enseignement des travaux de couture, soins aux malades et aux blessés..

Deux petites scènes concernant la gymnastique sont par ailleurs significatives. Pour l’enseignement des filles une place importante devait être accordée à l’éducation rythmique « pour favoriser le développement de la souplesse et de la grâce ». Même la tenue faisait l’objet d’une réglementation : culotte ou jupette et sandales étaient de rigueur pour « assurer la décence des jeunes filles sur les stades et les lieux d’éducation ».

Les scènes de la peinture murale montrent donc des jeunes filles participant à un exercice rythmique de souplesse et d’adresse, les garçons eux sont dans l’action symbolisée par la course à pied.

Sources :

1) L’idéologie vichyste de l’école fut l’aboutissement d’un courant de pensée qui existait dans la droite française depuis de longues années. Le régime de Vichy lui a donné l’occasion de s’exprimer haut et fort.

-Vichy et l’éternel féminin. Contribution à une sociologie politique de l’ordre des corps.

Francine Muel-Dreyfus. Edition Le Seuil, 1996.

-Réformer l’école sous Vichy, de Juliette Fontaine. Revue Education et Sociétes N°36. 2015

-Vichy idéologue de l’école. Jean Michel Barreau.

Revue d’histoire moderne et contemporaine. 1991.

-Education et enseignement sous le régime de Vichy 1940-1944.

Stéphanie Calcagni. Master MEEF 2013

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SCENES PEINTES (5)
La tour Malakoff

Située au-dessus de la porte d’entrée de la salle de Justice de Paix, une scène peinte représente la tour Malakoff érigée par Alexandre Chauvelot en 1851 dans son environnement . Elle semble être d’un style différent que l’ensemble des scènes de la peinture murale. D’un style plus enlevé, la peinture s’apparente à une représentation stylisée de la fameuse tour historique de Malakoff.

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Située au-dessus de la porte d’entrée de la salle de Justice de Paix, une scène peinte représente la tour Malakoff érigée par Alexandre Chauvelot en 1851 dans son environnement . Elle semble être d’un style différent que l’ensemble des scènes de la peinture murale. D’un style plus enlevé, la peinture s’apparente à une représentation stylisée de la fameuse tour historique de Malakoff.

Étonnamment, cette représentation est inversée par rapport au blason historique dont s’est dotée la ville en 1890. Mais en fait elle respecte bien l’apparence de la vraie tour Malakoff édifiée par Chauvelot telle qu’on la voit sur deux photographies d’époque, des gravures et plans de la fin du 19ème siècle qui ont probablement servit de modèle à Deschmacker ou un autre peintre.

Cette peinture de 1942 qui reprend l’iconographie de la tour de 1857 n’aurait probablement pas existé à quelques mois près puisque la Délégation Spéciale avait horreur de cette représentation de la tour Chauvelot qui ne correspondait pas à son idéologie de la France éternelle. On trouva en 1943 la parade en utilisant le nouveau blason de Malakoff avec sa tour féodale plus conforme aux valeurs de la France

Ce blason sera placé au dessus d’une Marianne dominant la table des Juges sur une estrade.

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