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AU-DELA DES FORTIFICATIONS
Où se trouvait donc la Tour Malakoff ?

Mais où se trouvait donc cette fameuse tour Malakoff, monument central du parc d’attraction à la mode situé aux portes de Paris au milieu du 19ème siècle ? Le lieu attirait des milliers de visiteurs le dimanche et les jours fériés. Laissons le guide touristique de l’époque décrire sans retenue ce lieu à la gloire des armées de l’Empereur et un nouveau quartier où il faisait "bon vivre". On apprend que la Tour Malakoff et la Californie parisienne sont situées aux portes de la capitale entre la route de Châtillon et celle de Vanves sur la plaine qui est contiguë aux fortifications qui composent le mur d’enceinte de Paris.

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Mais où se trouvait donc cette fameuse tour Malakoff, monument central du parc d’attraction à la mode situé aux portes de Paris au milieu du 19ème siècle ? Le lieu attirait des milliers de visiteurs le dimanche et les jours fériés. Laissons le guide touristique de l’époque décrire sans retenue ce lieu à la gloire des armées de l’Empereur et un nouveau quartier où il faisait "bon vivre". On apprend que la Tour Malakoff et la Californie parisienne sont situées aux portes de la capitale entre la route de Châtillon et celle de Vanves sur la plaine qui est contiguë aux fortifications qui composent le mur d’enceinte de Paris.

"Le visiteur qui, partant de Montrouge ou de Montparnasse, aboutit par la porte de Chatillon ou par celle de Vanves à cette plaine ou il peut apercevoir à une centaine de mètres de distance une tour et une tourelle flanquées de bastions et de remparts, un immense ballon aérien, l’extrémité d’un obélisque dont la point aiguë se découpe dans l’horizon et un ensemble de constructions de places fortes au milieu de bosquets d’arbres et d’une luxuriante végétation.

De plus près, le visiteur peut constater que la Tour Malakoff et la Californie composent deux parties bien distinctes. On rencontre d’abord les maisons de la Californie, qui est tout un village avec ses grandes rues composées d’habitations bourgeoises avec leurs jardins, des restaurants et des cafés forts animés le dimanche et les jours de fêtes..."
 
Un parc d’attraction et le début d’un vrai village

Dans ce jeune village, que le guide touristique décrit comme « enchanteur », les rues ont une dénomination choisie par son fondateur Chauvelot : la grande rue qui aboutit à la route de Chatillon se nomme Dépinoy, la rue Chauvelot (on est jamais si bien servit que par soi-même) forme l’une de ses principales artères. Les avenues portent des noms parfois surprenants mais conformes au thème cher à Chauvelot et rappelaient « un évènement du siècle ou du temps passé » : Montézuma, Céleste-Empire, Panama, Santa-Clara, Perle-du-Brésil, Oiseaux du Paradis, Tour-Malakoff, Alma, Camp-Français, Zone-Orientale, Amérique du Nord, Jardin des Hespérides, Régions Australes, Grand Carénage... Ces rues avaient entre 10 et 12 mètres de largeur.

Au centre de ce village se tient la Tour Malakoff « monument patriotique dédié à la gloire des armées, avec ses balcons dentelés et ses vingt deux chambres qui portent des noms de guerre, éclairées par des vitraux orientaux et des impressionnantes peintures dues à monsieur Vaillant qui passa cinq années de sa vie à les produire. Quarante trois médaillons à fond d’or représentent les portraits des généraux et de soldats qui se sont illustrés dans la guerre de Crimée...

Difficile aujourd’hui de se faire une idée de ce lieu "idillyque". Il ne reste plus rien de ce parc. Reste toutefois à découvrir le vieux Malakoff qui porte les traces de cette fabuleuse histoire : la naissance de tout un quartier populaire qui deviendra le début d’une ville "Malakoff-la-Tour"."

 

Reconstitution en 3D de la Tour Malakoff sur l’endroit exact dans le Malakoff d’aujourd’hui

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LA TOUR MALAKOFF
Description extérieure d’un monument inclassable

En ce milieu du 19ème siècle, la tour Malakoff se voit de loin sur cette plaine de Montrouge très peu urbanisée. Le monument est insolite. Ca plait à la population parisienne. Son thème est dans l’air du temps « la gloire des armées ». Difficile d’imaginer un tel lieu de loisir aujourd’hui. Les matériaux de construction de la tour sont eux aussi particulièrement hétéroclites voir symboliques. La tour est grandiose, c’est le seul monument du haut duquel les visiteurs peuvent découvrir le paysage (la Tour Eiffel et Montmartre n’existent pas encore). Découvrons selon le guide touristique de l’époque cette tour aux façades décorées à la façon des arcs de triomphe.

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En ce milieu du 19ème siècle, la tour Malakoff se voit de loin sur cette plaine de Montrouge très peu urbanisée. Le monument est insolite. Ca plait à la population parisienne. Son thème est dans l’air du temps « la gloire des armées ». Difficile d’imaginer un tel lieu de loisir aujourd’hui. Les matériaux de construction de la tour sont eux aussi particulièrement hétéroclites voir symboliques. La tour est grandiose, c’est le seul monument du haut duquel les visiteurs peuvent découvrir le paysage (la Tour Eiffel et Montmartre n’existent pas encore). Découvrons selon le guide touristique de l’époque cette tour aux façades décorées à la façon des arcs de triomphe.

La Tour de forme carrée a cinquante mètres environ de hauteur. Bâtie dans un style tout particulier et qui ne rappelle aucun monument existant en France à cette époque.

Elle se compose de quatre parties bien distinctes : le socle affectant la forme d’un dôme très allongé, le col étranglé de sa base qui repose sur ce dôme, la partie pyramidale qui continue le prolongement de ce col et de la lanterne ou clocheton.
Cette masse imposante est divisée, dans son intérieur, par une section de dix étages comprenant des salles décorées. Le jour entre dans l’édifice par 125 ouvertures.
Quatre balcons ou galeries percés à jour font le tour de la construction. De ces balcons, les visiteurs découvrent un panorama inédit : « la plaine de Montrouge , le cours sinueux de la Seine, les coteaux de Meudon et de Saint-Cloud, le paysage de Sceaux et de Fontenay-aux-Roses, mais aussi des forêts, des villas, des prairies... »
La plupart des matériaux qui ont été employés pour monter cette tour et d’autres éléments du site, étaient restés, rapporte le guide touristique, pendant plus de 50 ans enfouis dans les magasins d’un ancien entrepreneur de fêtes publiques commandées par les gouvernements. Ainsi, ils avaient déjà servi aux fêtes de la Fédération en 1789.
 
La façade principale
Deux entrées principales donnent accès à l’intérieur de la Tour Malakoff. Les pierres du perron de la façade principale proviennent nous apprend le guide touristique « d’une maison appelée le Veau-qui-Tête, située sur l’ancienne place du Chatelet à Paris, où elles avaient été apportées pour servir à sa construction, après avoir été employées à celle de l’ancien Chatelet dont elle formait les assises de la prison ».
 
L’entrée de la Tour est une porte monumentale à plein cintre, haute et large, fermée par des vitrages colorés qui rappellent le souvenir des gloires militaires. A l’évidence, Chauvelot voulait lui donner un caractère grandiose et étonnant. Au sommet du dôme qui domine la porte, un peu au-dessous de la première galerie, est placé le symbole de la France impériale : un aigle majestueux aux ailes déployées. Juste au-dessous de lui, est placé le buste représentant Napoléon III.
Sur le côté gauche de la porte d’entrée, presque au niveau de l’imposte, deux portraits de militaires couronnés des lauriers de la victoire accueillent les visiteurs. On peut y lire les inscriptions suivantes : »Mort glorieuse du sergent-major Fleury, du 1er de Zouave, en plantant le drapeau français sur la crête de l’Alma, 9 janvier 1855 ». L’autre écusson rappelle l’action d’éclat d’un autre soldat : « Le Lieutenant Poitevin se dévoue et reçoit la mort, comme le sergent Fleury, en plantant le drapeau du 39ème sur la crête de l’Alma, 29 décembre 1856 ».
 
Sur le côté droit de la porte d’entrée de la Tour, c’est un tableau de la bataille de Magenta qui complète la décoration murale de la façade principale. Les médaillons à fond d’or reproduisent ici aussi des portraits de « braves » : le général Brown, l’amiral Dundas, d’Ismaël-Pacha, de l’amiral Hamelin, de Lord Raglan, du duc de Cambridge et de la Reine d’Angleterre, en fait, les personnages clés ayant oeuvrés à l’alliance Franco-Anglaise en vue de la guerre d’Orient.
 
Sur la même façade entre les archivoltes des fenêtres d’autres médaillons représentent une galerie militaire de généraux et personnages illustres : Saint-Arnaud, Canrobert et Pelissier, Victor-Emmanuel, roi de Sardaigne, Omer-Pacha, Schamyl, amiral Napier
 
La façade sud-est de la tour possède des détails pittoresques. Ainsi, sept médaillons sur fond d’or rappellent les traits de quelques militaires qui se sont distingués sur les champs de bataille, tel que le général Lourmel et de deux diplomates célèbres : le baron Hubner et de Bourqueney.
 
Sur le sommet de la tour, des canons sont braqués. A la cime du clocheton se dresse la statue d’Utrope, personnification de la gloire qui tient à la main droite l’olivier, symbole de la paix, et à sa main gauche un livre et une couronne de laurier. Cette déesse, honorée par les Grecs et les Romains résume selon son constructeur Chauvelot « l’idée de cette belle construction, qui a pour objet de transmettre à la postérité les noms des gloires militaires et les valeurs de l’empire ».
 
La seconde entrée de la tour Malakoff
L’entrée du monument peut se faire aussi par la Tourelle, appelée aussi Tour de la Bastille, qui, séparée de la tour Malakoff, s’y joint par le pont de Traktir.
A cette tourelle se rattachait des souvenirs historiques selon le guide touristique. Les marches qui composent l’escalier intérieur proviennent de l’une des descentes des souterrains de la Bastille. Après la démolition de la prison d’Etat, ces marches avaient été utilisées à la construction d’un escalier en forme de limaçon dans une maison de la rue de la Tonnellerie à Paris. Celle-ci ayant été démolie pour faire place aux Halles-centrales, Chauvelot en fit l’acquisition pour servir à l’escalier à la Tourelle de la Bastille. Il y fit par ailleurs graver à l’entrée gauche cette inscription : « Témoin de soupirs et de larmes, ces marches ont été foulées par d’illustres prisonniers où tant d’autres victimes du despotisme ont enduré mille fois la mort pendant des siècles de captivités et sans jugement. Tel était le bon plaisir des gouvernements d’alors, avant 1789 ».
Autre objet accompagnant la mise en scène, suspendue à un crampon scellé dans le mur, une clé qui proviendrait de la Bastille.
 
Quatrième façade
La quatrième façade de La Tour Malakoff offre un immense aigle aux ailes déployées supportant le prince impérial qui résume selon le guide touristique « toute la pensée de l’Empire : La Paix ». Mais ce n’est pas tout, sept autres médailles sont placées au-dessous et au-dessus de l’emblème Napoléonien. On peut y reconnaître les portraits du général Bosquet, et celui du colonel Bizot couronnés des lauriers de la victoire. Les cinq autres sont ceux de Plumridge, La Marmora, Baraguay-d’Hilliers, Saint Jean-D’Angely, Beschir, l’amiral Bruat.

 

 

 

 

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LA TOUR MALAKOFF
Description des sept étages-musée

A l’intérieur de la tour, l s’agit bien ici d’aller encore plus loin dans la sublimation des faits vécus par l’armée et ses grognards. Tout est fait pour mettre le visiteur en condition d’adhésion aux grands principes de l’action militaire au service de la gloire de la France. Il s’agit aussi de montrer le courage, le dévouement des soldats qui se battent avec honneur. Les sept étages de la tour évoqueront donc tout cela par des tableaux gigantesques, des peintures murales, des plans-reliefs, des objets, et pour finir par une vision inhabituelle des abords de Paris à partir du belvédère et avec une vue imprenables sur toutes les attractions du parc et le nouveau quartier de la Nouvelle Californie

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A l’intérieur de la tour, l s’agit bien ici d’aller encore plus loin dans la sublimation des faits vécus par l’armée et ses grognards. Tout est fait pour mettre le visiteur en condition d’adhésion aux grands principes de l’action militaire au service de la gloire de la France. Il s’agit aussi de montrer le courage, le dévouement des soldats qui se battent avec honneur. Les sept étages de la tour évoqueront donc tout cela par des tableaux gigantesques, des peintures murales, des plans-reliefs, des objets, et pour finir par une vision inhabituelle des abords de Paris à partir du belvédère et avec une vue imprenables sur toutes les attractions du parc et le nouveau quartier de la Nouvelle Californie

Déjà attiré par l’aspect extérieur insolite de la Tour, les visiteurs qui vont y pénétrer ne seront pas au bout de leur surprise. Le thème des expositions aux différents étages gardent une certaine unité/
 
Le rez-de-chaussée de La Tour
En pénétrant dans la tour Malakoff par l’entrée principale le visiteur accède à une grande salle carrée, une sorte de vestibule du monument. L’attention du visiteur est tout de suite attirée par un tableau de grande dimension représentant une vue de la ville et du pont de Fribourg, en Suisse et par deux autres plus petits qui offrent en perspective les villes Turques de Sinope la plus grande cité de la mer noire et de Constantinople.
Placé immédiatement au-dessous du pont de Traktir, voici le Salon de Sébastopol, vaste et carré, il est garni de tables en marbre destinés au service des rafraichissements. Un fronton au deux extrémités de la pièce comporte deux statues dorées, celle de la Pudeur et celle de la Force. Une peinture murale retrace l’épisode des Zouaves au canal de Palestro.
Ce salon est éclairé par un demi-jour laissant entrer le soleil à travers des vitraux orientaux qui sont dus à messieurs Guyon et Ulmann, précise le guide touristique.
Les trois côtés des murs sont peints avec les allégories du Courage, du Dévouement et de la Récompense. Les vitraux comportent des reproductions d’oiseaux, de papillons, de fleurs et de fruits.
 
En prenant l’escalier pour arriver à l’étage supérieur formant l’entresol, deux zouaves grandeur nature sont en discussion sur leur rencontre avec les Russes.
L’entresol se compose de deux salons : le salon d’Eupatoria et celui de l’Alma, ornés de plusieurs tableaux notamment les « Blessés de l’Alma, prétexte pour l’artiste de réunir plusieurs costumes militaires.
 
Le premier étage, un musée
Tout le premier étage est un musée patriotique et napoléonien qui rassemble des objets d’art. Chauvelot l’ayant intitulé « Musée d’Orient » et qui nécessite, selon le guide touristique, au moins une heure de visite. On peut y admirer sous un dôme de verre le plan relief de Sébastopol, des régiments de cavalerie et d’infanterie représentés par de petites figurines en bois mises en situation lors du « Passage du pont d’Arcole », une des plus terribles batailles de l’armée de Napoléon. D’autres figurines reproduisent les phases les plus marquantes de la campagne en Espagne. La salle présente également une série de tableaux lithographiés qui retracent jour par jour la guerre d’Orient.
 
Le deuxième étage, des tableaux de grandes batailles
En reprenant l’escalier pour aller au deuxième étage, on rencontre des peintures de personnages militaires. A ce niveau, deux nouvelles salles agrémentées de grand tableaux : la vallée d’Inkermann et une imposante scène de bataille qui se déroule sur toute l’étendue du mur intitulée « la bataille de nuit » qui retrace un accrochage nocturne entre les Français et les Russes.
 
Le troisième étage, des tableaux héroïques
Cet étage a son lot de tableaux héroïques : la « Pièce de Pérécop » qui montre l’intérieur de la grotte d’Inkermann, et le « Cabinet de Balaclava » une ville proche de Sébastopol. En quittant les lieux, le visiteur ne peut pas ignorer un énorme médaillon représentant Abdul-Medjid, sultan ottoman.
 
Le quatrième étage, un espace pour se poser
Le quatrième étage marque le milieu de la tour. La salle qui s’y trouve est une sorte de lieu de conversation garni de divans rustiques sur lesquels les visiteurs peuvent s’asseoir pour regarder toujours et encore les nombreux trophées militaires dont les murs sont couverts. Ce « salon Oriental » s’ouvre sur une galerie ouverte sur l’extérieur.
 
Le cinquième étage, Sébastopol
Au cinquième étage c’est le souvenir du siège de Sébastopol qui est évoqué. Une scène de bivouac, un soldat à l’impressionnante moustache boit tranquillement la goutte, pendant que l’un de ses camarades un petit marmot sous le bras, allaite à l’aide du biberon un nourrisson recueilli sous le feu des canons. Et l’on découvre aussi cette gaie attitude qui représente les soldats cueillant des raisins dans une vigne et poussant des cris joyeux découvrant qu’il s’agit de « Chasselas de Fontainebleau ».
 
Le sixième étage, des scènes au bivouac
Une scène du même genre meuble le sixième étage et porte le titre « Fraction du camps français ». On y voit un grognard fumant voluptueusement sa pique, sans se préoccuper des balles qui sifflent autour de lui, à ses côtés se tient la cantinière, une robuste femme, à la peau bronzée, à l’œil ardent, qui verse un petit verre d’eau-de-vie au un jeune conscrit monté sur un mulet.
 
Le septième étage, le cabinet-salon
Cet ultime étage comporte des vitraux colorés qui rappellent les couleurs du drapeau tricolore. C’est le lieu de méditation précise le guide touristique. C’est une sorte de cabinet-salon dans lequel le visiteur sur des divans rustiques peut se reposer et rêver à cette armée triomphante décrite depuis le rez-de-chaussée.
 
Le sommet de la tour, le belvédère
Encore quelques marches et l’on atteint le dernier étage de la Tour. Le visiteur est cerné par les douze canons placés dans les meurtrières. Au centre s’élance un petit clocheton de forme octogonale qui supporte la statue d’Eutrope. Cette statue est composée de fragments d’une vieille poutre de quatre cents ans. Elle termine la Tour Malakoff, comme la statue de la liberté termine la colonne de la Bastille.
Sur le balcon belvédère, le visiteur a devant lui un panorama étonnant (la tour Eiffel n’existe pas). D’un côté, l’immense plaine, parsemée de villages qui avoisinent Paris, de l’autre l’étendue de la capitale depuis Vincennes jusqu’à Belleville, depuis la barrière du Trône jusqu’à l’arc de triomphe de l’Etoile. Cette vision de Paris a suscité une poésie :
 
O noble et belle tour, d’où l’on voit tout Paris,
Garde les souvenirs des triomphes conquis,
Sous le ciel inclément de l’antique Crimée.
Je vois revivre ici notre immortelle armée.
Tout est beau, tout est grand et tout parle à nos cœurs.
Tout redit les hauts-faits de nos soldats vainqueurs.
Et puis, à ce balcon, un horizon immense.
Ravit l’œil étonné qui perce la distance.
Je suis monté souvent au haut du Panthéon,
Et sur cette colonne où vit Napoléon.
J’ai gravi maintes fois les buttes de Montmartre ;
Mais jamais monument, colonne, amphithéâtre,
N’ont charmés mes regards, en montrant à la fois
Un spectacle plus beau que celui que je vois.
 

 

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LA TOUR MALAKOFF
Les trois attractions symboliques aux abords de la Tour

En sortant de la Tour Malakoff, le visiteur bien mis en condition est invité à poursuivre son périple. Quittant la Tour par la façade intérieure de la Tour, le visiteur avait devant lui trois « objets » : la boule panoramatique, le puits miraculeux de l’Evangile et l’obélisque consacré aux souvenirs des victoires de la Patrie

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En sortant de la Tour Malakoff, le visiteur bien mis en condition est invité à poursuivre son périple. Quittant la Tour par la façade intérieure de la Tour, le visiteur avait devant lui trois « objets » : la boule panoramatique, le puits miraculeux de l’Evangile et l’obélisque consacré aux souvenirs des victoires de la Patrie

 La boule panoramatique, sorte de mappemonde, s’élève au centre d’un salon champêtre. Les visiteurs sont autour pour admirer ce qui est pour le guide touristique « l’emblème de la félicité terrestre dont elle reproduit de nombreux aspects ».

Le puits miraculeux de l’Evangile, où l’eau se change en vin comme dans les noces de Cana (épisode cité dans l’Evangile de Saint-Jean), pourrait être une animation fort déplacée dans un établissement consacré à l’histoire militaire. Mais non rassure le guide touristique « cette transformation de l’eau en vin rappelle que le courage et les forces du soldat comme du travailleur ne se récupèrent que dans la boisson réparatrice née de la vigne ».
Chauvelot aura ainsi voulu, à l’imitation du Christ, opérer la transformation de l’eau en vin d’une manière à étonner et à ravir à la fois. Pour cela, le puits de l’Evangile, rempli d’eau jusqu’à son orifice, possède un conduit qui plonge à l’intérieur et c’est par un robinet qui parait destiné à fournir de l’eau, que l’on voit couler un excellent vin distribué aux visiteurs à raison de 15 centimes le verre.
 
L’obélisque de trente mètres de hauteur est dressé vers les cieux « pour indiquer que la gloire militaire auquel il est consacré est immortelle ». L’Obélisque se compose d’un socle et d’une aiguille à quatre faces constellées en lettres d’or par les noms et principaux évènements de la guerre de Crimée. Répétées sur les quatre côtés du socle, est reproduite une simple phrase : « Amour de la patrie, honneur aux combattants ».
 
Chaque face raconte une période de cette guerre glorifiée :
Guerre d’Orient, année 1854 :
première période : la Turquie. « Désastre de Sinope : l’escadre ottomane fut tout à coup surprise dans le port par la flotte russe…le combat fut terrible ».
« Kadry-bey et Hussein-Pacha préfèrent sombrer plutôt que de se rendre, et ensevelirent dans les flots leur immortalité. Aly-bey imita ce noble exemple de la patrie ».
Silestrie : « Défense héroïque de l’armée turque commandée par Omer-Pacha ; les Russes levèrent le siège après avoir envahi les provinces danubiennes contre les lois de la guerre ».
Guerre d’Orient, 1854-1855 :
troisième période : la Crimée. « Alma, 20 septembre ; bataille gagnée par l’armée française commandée par le général Saint-Arnaud contre 40.000 Russes protégés par des hauteurs inexpugnables ». Suivent les noms des lieux de la bataille : Balaclava, Inkermann, Kinburn, Baïdar, Eurpatoria, Tchernaïa, le Carénage, Kerch, le Mamelon-Vert, le petit et le grand Redan, la Tour Malakoff, Sébastopol.
Guerre d’Orient, année 1854 :
deuxième période : la Baltique. « Combat de Tortoka et d’Uléaborg. Une bombe, près d’éclater, tombe sur le vaisseau l’Hecta ; un matelot la ramasse et la jette à la mer…Débarquement des troupes et du matériel de siège sous la protection des vaisseaux le Duperré et l’Edimbourg ; quatre vaisseaux anglais et quatre vaisseaux français prennent part à l’attaque de Presto ; elle tombe et provoque la reddition de la forteresse de Bomarsund, sentinelle avancée des îles d’Aland, place de guerre de grande importance ».
Guerre d’Orient : Traité de Paris, 30 mars 1856 :
la Paix : signée par Baron Bourqueney, lord Cowley, conte Walewski, conte Cavour, marquis Villamarina, conte Orloff, baron Hubner, Ali-Pacha, lord Clarendon, Mehemet-Djenil-bey, baron Brunow, conte Buol-Schauenstein. Dieu protège la France.

 

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LA TOUR MALAKOFF
Ponts, tourelles, batteries, bosquets et salle de bal

A l’intérieur de parc d’attraction, la Tour Malakoff n’est pas la seule reproduction symbolique des exploits de l’armée. L’établissement de Chauvelot propose encore bien d’autres découvertes qui rappellent des évènements et des moments forts vécus par les troupes de l’Empereur. Et comme nous sommes au temps des bals populaires et des guinguettes, la parc proposait l’un de ces lieux de divertissement « honnête », un bal en plein air qui connu un franc succès

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A l’intérieur de parc d’attraction, la Tour Malakoff n’est pas la seule reproduction symbolique des exploits de l’armée. L’établissement de Chauvelot propose encore bien d’autres découvertes qui rappellent des évènements et des moments forts vécus par les troupes de l’Empereur. Et comme nous sommes au temps des bals populaires et des guinguettes, la parc proposait l’un de ces lieux de divertissement « honnête », un bal en plein air qui connu un franc succès

Le pont de Turbigo

Au pied de la Tour Malakoff, en pénétrant dans le labyrinthe végétal, le visiteur suit des petits sentiers couverts d’épais feuillages. A son extrémité, une vallée en miniature est défendue par la batterie noire avec ses cinq canons. Elle rappelle la mort semée dans les rangs des soldats La petite vallée est franchie par le Pont de Turbigo sur lequel se dresse une arche en rocailles surmontée d’une étoile d’or « Etoile de la France belliqueuse ».
 
Le pont de l’Alma
 
De là, on a devant soi le Pont de l’Alma qui réunit les deux rives d’un vallon et qui sépare la Tour Malakoff du village de la Nouvelle Californie parisienne.
 
Le Mamelon-Vert
 
Le bâtiment est une construction massive, sorte de place forte, avec canons et meurtrières, un ouvrage de défense. On y arrive en suivant le chemin du Bois-joli, bordé de peupliers d’Italie. Le Mamelon-Vert offre aux yeux des visiteurs ses quatre faces irrégulières toutes couvertes d’emblèmes, de bustes de Napoléon 1er et de bas-reliefs. Là encore, sont reproduits plusieurs faits d’armes : le lieutenant Monagla s’empare de quatre pièces de canon à Solférino ; Retraite de l’armée russe sur Sébastopol après la bataille de l’Alma, le 20 septembre 1854 ; Matinée du 5 septembre 1855, bataille d’Inkermann : 8000 russes restés sur le champ de bataille ; Les Autrichiens ont voulu du tabac, on leur en donne.
 
Le Grand-Redan et la poudrière
 
Le Grand-Redan et la poudrière constituent un ensemble de lignes de fortifications dont le plan a été emprunté à la stratégie militaire pendant la guerre de Crimée.
Le Grand-Redan à la forme d’un vaste polygone flanqué de créneaux et de meurtrières. Dés canons le protègent contre toute attaque. Sur le côté une peinture murale a pour titre : « Une tranchée devant Sébastopol ». Au centre de cette construction défensive, s’élève une petit tour surmontée d’une statue avec ce mot « Sébastopol ». Au dessous, se trouve la poudrière qui rappelle le souvenir de celle qui éclata au siège de Sébastopol et dont les effets meurtriers furent terribles pour les Russes.
 
Les batteries du grand Carénage
 
Cet endroit de l’établissement est « l’un des plus pittoresques » affirme le guide touristique. Les batteries du grand Carénage rappellent ces formidables batteries russes contre lesquelles les soldats eurent à lutter et sont représentées par un groupe de rocaille fait de coquillages d’herbes marines de crustacés solidifiés.
Une bonne partie de ces rochers provient d’un banc de moëllons appelé le banc Saint-Jacques le seul qui restait dans la carrière qui se trouvait près de la Tour cassés par les maçons, ces moëllons ont laissé apparaître des millions de coquillages. Chauvelot fit transporter le banc entier dans son établissement et utilisa des roches anté-diluviennes pour construire les grottes.
Hérissés de canons les rochers forment une vaste grotte à l’intérieur de laquelle l’eau jaillie. Au-dessus des batteries, s’élève un ballon sur lequel apparaît debout, Clio, la déesse de l’histoire qui symbolise l’annonce à l’univers des hauts-faits d’armes accomplis par l’armée d’Orient.
Le Petit-Redan qui domine les grottes factices complétait l’ensemble des fortifications de l’établissement voulu par Chauvelot.
 
Le bal de la Buttes-aux-Belles
 
Le site d’attraction se voulait être un lieu de plaisir. Chauvelot y plaça sur une petite place carrée, encadrée d’arbres verdoyants, et couvert d’un parquet, une salle de bal en plein air « mais pas un de ces lieux de débauches qui réclament trop souvent l’intervention des représentants de l’autorité, c’est un bal honnête, ce qui ne l’empêche pas d’être gai et amusant », s’efforce-t-on de préciser dans le guide touristique. Une balustrade en bois entourait extérieurement la salle précédée d’une rangée de bancs rustiques pour le repos des danseurs fatigués. De cette salle en plein air on aperçoit toutes les curiosités de Malakoff.
Sur un des côtés, s’élève un petit pavillon orné de peintures allégoriques abritant l’orchestre.
En dehors des bals du dimanche et du lundi, se tenait fréquemment des bals de société, des bals de noces. A Malakoff se trouvait tous les agréments que l’on peut rencontrer dans les grands établissements de Paris.
Le bal de la Buttes-aux-Belles sera par la suite couvert par une voûte champêtre.

 

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1870
La triste fin de la tour Malakoff

Les activités du parc d’attraction et de la tour Malakoff auront une courte durée. Après la mort de Chauvelot en janvier 1861, le créateur, le constructeur, l’animateur du parc, l’établissement de la Tour Malakoff connaîtra l’abandon et une lente agonie jusqu’à la destruction lors de la guerre Franco-Prussienne en 1870.

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Les activités du parc d’attraction et de la tour Malakoff auront une courte durée. Après la mort de Chauvelot en janvier 1861, le créateur, le constructeur, l’animateur du parc, l’établissement de la Tour Malakoff connaîtra l’abandon et une lente agonie jusqu’à la destruction lors de la guerre Franco-Prussienne en 1870.

Les héritiers de Chauvelot étaient nombreux (sa femme, ses 5 enfants vivants, ses petits enfants), mais personne ne semblaient intéressés par la reprise de l’affaire, bien que deux de ses fils soient forains. Ils ont donc décidé dans un premier temps d’en confier la gestion à un tiers. Ils ont fait procéder à une adjudication du bail de l’établissement le 23 mars 1861.

Le cahier des charges précise que l’adjudication porte sur divers bâtiments, l’un nommé la tour Malakoff, un autre le Mamelon Vert, le dernier le Petit Redan ; un bâtiment non couvert, terrasse, cour jardin et carrière à ciel ouvert ; l’établissement de cafetier limonadier et restaurateur que Monsieur Chauvelot faisait valoir à la Tour Malakoff dans la propriété ; le matériel servant à l’exploitation du dit établissement, ensemble de divers tableaux et décors composant les objets. Est exclue toutefois la maison de Chauvelot.

Les conditions du cahier des charges imposent à l’adjudicataire de veiller à la conservation des objets et immeubles loués, d’empêcher dégradations et détériorations, notamment des tableaux, peintures et gravures, d’entretenir la propriété en bon état de réparations locatives et ne faire aucun changement ni démolition, de terminer le mur de soutènement actuellement commencé pour empêcher l’éboulement des terres de la salle où se tient le bal découvert et cela avec des moellons dépendant de la succession Chauvelot et se trouvant sur l’avenue du Sacramento, ou, s’ils ne suffisent pas, l’adjudicataire devra en faire extraire à ses frais de la carrière dépendant de la propriété.

L’adjudicataire devra, en sus du prix de l’adjudication, payer des marchandises comestibles (en fait des vins et spiritueux) plus un quart de leur valeur. Il paiera les patentes ainsi que les charges personnelles et immobilières. Il pourra déterminer le prix d’entrée de l’établissement, prix dont seront exonérés les membres de la famille Chauvelot. Il devra enfin faire ce qu’il faut pour obtenir les autorisations pour exploiter le bal ainsi et faire valoir l’établissement de cafetier limonadier restaurateur afin de conserver la clientèle. Les enchères démarrent à 1000 francs et c’est un certain Claude Jamon, marchand de vins à Paris qui l’emporte pour 5000 francs.

L’établissement perd sa renommée

Mais il semble que le sieur Jamon ne se soit pas bien occupé de l’établissement qui, au cours des années, perd de sa renommée et de ses clients. En 1867, l’exposition Universelle qui se tient à Paris attire tous les regards et l’établissement se voit complètement délaissé. 3 ans plus tard, la guerre franco prussienne lui est fatale. Les régiments prussiens sont installés sur le plateau de Chatillon. L’armée n’a qu’une seule peur, c’est que les bâtiments de grande hauteur ne servent de point de mire aux allemands pour bombarder Paris. Le maire de Vanves reçoit donc l’ordre des autorités militaires de dynamiter la tour, ce qu’il fait.

15 ans après son élévation, la tour n’est plus que ruines. Elle va rester ainsi pendant des années, silhouette sinistre au milieu d’un parc abandonné. Pour veiller sur les décombres on nomme un couple de concierges, les Peltier. La femme Peltier est assassinée en 1876 et jetée dans un puits : c’est le crime de la Tour Malakoff, histoire terrible qui a alimenté à l’époque la chronique. Aujourd’hui ne restent que quelques vestiges incorporés à un bâtiment construit sur l’emplacement de la tour et la trace de l’établissement dans le cadastre. Et, bien sûr, le nom de la commune de Malakoff.

David Berthou

-Extrait de la conférence donnée par monsieur David Berthou documentaliste aux Archives Nationales au Musée de Sceaux en janvier 2015

-Rare photo d’illustration montrant la tour Malakoff

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1862
Ma visite à la Tour Malakoff

En 1884, le rédacteur du journal radical « Le bon citoyen de Malakoff" se plait à raconter sa première promenade en 1862 à la Tour Malakoff. Description sans retenue d’un visiteur évidemment conquis par cette attraction à la gloire de l’armée impériale.. La Tour Eiffel n’existait pas encore. Et la Tour Malakoff avait un attrait supplémentaire pour les promeneurs du dimanche : un point de vue inédit sur Paris.

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En 1884, le rédacteur du journal radical « Le bon citoyen de Malakoff" se plait à raconter sa première promenade en 1862 à la Tour Malakoff. Description sans retenue d’un visiteur évidemment conquis par cette attraction à la gloire de l’armée impériale.. La Tour Eiffel n’existait pas encore. Et la Tour Malakoff avait un attrait supplémentaire pour les promeneurs du dimanche : un point de vue inédit sur Paris.

« Il me semble encore voir s’élever dans le ciel cette fameuse tour. On construisait à cette époque l’église Saint-Pierre du Petit-Montrouge, et de là on voyait, directement devant soi, au loin, la tour Malakoff. Toutes les maisons situées entre l’église et les fortifications n’existaient pas ou seulement une douzaine.
Pour ma première visite à la tour Malakoff j’avais devant moi une tour et une tourelle flanquée de bastions et de remparts ; la pointe d’un obélisque perçant l’horizon et un groupe de constructions de places fortes s’élevant à une grande hauteur au milieu d’arbres et de bosquets. Avant d’arriver à la tour, je trouvais sur ma route des maisons construites dans la zone militaire entre la porte de Chatillon et celle de Vanves et qui ont été démolies en 1870. Il y avait là de nombreux restaurants, cafés, établissements publics, qui jetaient dans cette partie du pays le bruit et la gaieté.

Distraire et instruire le promeneur
 
Pénétrer avec moi dans l’enceinte de la Tour Malakoff et visiter ses bastions, ses batteries, les allées ombreuses de son labyrinthe, ses ponts hardis jetés sur des excavations, sa vallée, ses grottes et toutes les œuvres d’art placées là pour distraire et instruire le promeneur…
Devant moi donc, la vallée d’Inkermann, la Butte aux Belles, et la Tour Malakoff monument patriotique élevé à la gloire de l’armée de Crimée…. Elle mesure à peu près 50 mètres d’élévation. Un Marseillais aurait fort bien pu l’apercevoir du fond de la Cannebière et un parisien des hauteurs de Chaillot ou des Batignolles. La forme de la Tour est carrée. Son style ne rappelle en rien nos monuments anciens ou modernes. Par son originalité, la Tour nous transporte en imagination au fond de la Russie ou au milieu du Palais de Constantinople. ..
Quatre parties distinctes composent la Tour Malakoff : le socle a la forme d’un immense dôme allongé, le col étranglé de sa base repose sur ce dôme, la partie pyramidale s’élève dans le ciel et, enfin, la lanterne en clocheton domine la tour…A l’intérieur, elle est composée de 10 étages divisés en salons ayant chacun leur appropriation spéciale. Quatre galeries règnent autour de cette gigantesque construction qui est éclairée par 120 ouvertures disposées avec le plus grand art….
 
Aussi bien que du haut de la future Tour Eiffel
 
Et nous voilà planant au-dessus de la verdure qui nous environne et des pâles humains qui s’agitent en-bas. Notre regard fouille au loin les profondeurs de la grand’ville. Nous distinguons parfaitement ses monuments. Ici, c’est le dôme doré des Invalides, là, les tours de Saint-Sulpice, celles de Notre-Dame, voilà le Panthéon, le Val-de-Grâce, l’Observatoire, le Palais de Justice, la Tour Saint-Jacques et l’Hôtel de Ville. Là-haut, bien loin se distinguent les hauteurs de Montmartre et de Ménilmontant, la masse imposante du Mont-Valérien protégeant de ses canons la capitale. A notre gauche, voici la ligne du Chemin de fer de Versailles, le vieux Vanves perdu dans un trou et nous donnant envie d’aller pêcher à la ligne. A côté, le bois touffus de Clamart, Meudon, Sèvres, Saint-Cloud…
 
Nous ne nous lassons pas d’admirer toutes ces beautés naturelles et artistiques. Nous respirons à plein poumons cet air embaumé des bois et regardons encore. De ce côté, sont les hauteurs de Châtillon, de Bagneux, de Fontenay-aux-Roses. Plus loin, les bois de Chatenay, de Robinson, de Verrières, si fréquentés le dimanche par les parisiens…Quel bel endroit cette Tour Malakoff ! »
 
Signé Le Malakoffiot (1884)

 

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UN LIEU A LA MODE
La guinguette de Malakoff : le bal de la Butte-aux-Belles

Le Parc d’attraction de la Tour Malakoff créé par Alexandre Chauvelot sur la Plaine de Montrouge se voulait être un lieu de plaisir. Chauvelot y établit sur une petite place carrée surélevée, encadrée d’arbres verdoyants, une salle de bal en plein air couvert d’un parquet « mais pas un de ces lieux de débauche, un bal honnête, gai et amusant », s’efforce-t-on de préciser dans le guide touristique édité en 1860 pour en faire la promotion.

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Le Parc d’attraction de la Tour Malakoff créé par Alexandre Chauvelot sur la Plaine de Montrouge se voulait être un lieu de plaisir. Chauvelot y établit sur une petite place carrée surélevée, encadrée d’arbres verdoyants, une salle de bal en plein air couvert d’un parquet « mais pas un de ces lieux de débauche, un bal honnête, gai et amusant », s’efforce-t-on de préciser dans le guide touristique édité en 1860 pour en faire la promotion.

Le bal de la Butte-aux-Belles était l’un de ces lieux à la mode dans cette banlieue parisienne du 19ème siècle. Pour en faire la promotion le guide officiel du parc de la Tour Malakoff s’efforce de montrer le caractère sérieux de la guinguette si proche de Paris, une salle d’où l’on apercevait toutes les curiosités de Malakoff où se trouvaient tous les agréments que l’on peut rencontrer dans les grands établissements de Paris.

Le bal de la Butte-aux-Belles avait lieu les dimanches et les lundis de chaque semaine et se faisait remarquer par « la modestie de ses habitués, et par le bon ton qui régnait parmi les diverses danses. On ne voit pas à la Butte-aux-Belles ces pas échevelés et ces débauches chorégraphiques qui réclament, dans certains établissements l’intervention des représentants de l’autorité.. ». Le guide se veut rassurant pour apparaître comme un lieu où l’on peut se rendre sans crainte, voire en famille.
En dehors des bals du dimanche et lundi, la guinguette accueillait fréquemment des bals de société et des bals de mariage. De nombreuses familles, habitant les différents quartiers de Paris qui venaient passer la journée du dimanche à Malakoff, se mêlaient aux quadrilles (1), ou bien se contentaient de regarder les danses.
 
Mais le bal du Parc de la Tour Malakoff n’avait qu’un inconvénient, celui de n’avoir d’autre plafond que le ciel. Aussi, les jours de pluie il y avait relâche forcée. Monsieur Chauvelot quelques années plus tard fera donc couvrir la salle de bal sous une élégante voute champêtre recouvrant les arbres et qui « malgré son élévation laissait à la perspective son charme et son vaste horizon.. »
 
Une balustrade en bois entourait extérieurement la salle précédée d’une rangée de bancs rustiques pour le repos des danseurs fatigués. De cette salle en plein air on apercevait toutes les attractions de Malakoff. Sur un des côtés, s’élevait un petit pavillon orné de peintures allégoriques abritant l’orchestre « d’où s’échappent des flots d’harmonie, et ou s’exécutent les quadrilles les plus nouveaux, les valses le plus à la mode… »
L’orchestre n’oubliait jamais d’interpréter le quadrille « la danse des Russes » que Chauvelot lui-même avait fait arranger exprès pour son établissement. Ce quadrille était composé des airs militaires empruntés à la musique des régiments du Premier Empire. Ce quadrille, « plein d’originalité et d’entrain » selon le guide officiel était une nouveauté qui plaisait aux amateurs de la danse comme aux spectateurs du bal.
 
Une vision machiste du bal
 
Mais qui était donc le public fréquentant ce lieu ? Le guide de la Tour Malakoff reste rassurant, évidemment très machiste : « Il est composé généralement de jeunes ouvrières qui vont demander à la danse une distraction à leur travail de la semaine. C’est là que l’on peut retrouver la grisette de Paul de Kock que l’on croyait perdu (2). Les jeunes gens de Montparnasse et de Montrouge y accouraient en foule « car il faut bien quelqu’un pour faire danser les fraîches et riantes jouvencelles, la plupart de Vanves… ».
Le bal de la Butte-aux-Belles était ouvert à tous et méritait selon le guide qu’on y vienne le dimanche car « l’aspect que présentent ces réunions, composées d’éléments si divers, est non seulement agréable à l’œil, mais encore très curieux à examiner : les danseuses expérimentées qui font leur début chorégraphiques se retrouvent à côté de jeunes filles plus aguerries dans l’art de la valse à deux temps, et forment avec elles un délicieux contraste. Ici, poursuit l’auteur du guide les jeunes gens dansent avec leurs sœurs, et plus loin les jeunes mariés, dont aucun nuage n’a encore obscurci la lune de miel, quittent la table rustique où ils prenaient des rafraichissements pour aller demander un plaisir de plus aux plaisirs du bal, et parmi cette foule bigarrée, parmi tous ces danseurs et danseuses appartenant à des conditions si différentes et si exposées, jamais ces gros mots qui font monter le rouge aux visages... » C’est dit chez Chauvelot c’est pas la lutte des classes.
 
Tout cela a disparu avec la déchéance du parc après la mort de Chauvelot. Le souvenir de ce bal reste toujours marqué par l’enseigne d’un bar avenue Gambetta qui porte le nom de « La guinguette » Sans connaître l’histoire des lieux on pourrait s’interroger sur le choix d’une telle appellation à cent mètres du périphérique.
 
----------------------------------s
1) Héritier de l’ancienne contredance française du18ème siècle, le quadrille est une danse de bal et de salon en vogue dès le début du 19ème siècle et jusqu’à la Première Guerre mondiale.
Plus largement, le mot désigne la danse de bal par excellence en France durant tout le 19ème siècle formée d’une suite de cinq figures : le pantalon, l’été, la poule, la pastourelle, la finale. (Voir la fiche de wikipédia).
 
2) C’est le comique français et auteur de Paul de Kock, qui a été crédité de la création du mythe de la Grisette, transformant cette image innocente en quelque chose de beaucoup plus séduisante et exotique. La grisette était une Parisienne qui travaillait le linge et les tissus : couturière, lingère, dentellière ou encore modiste, corsetière et autres petites mains. Elle travaillait chez elle ou dans de petits ateliers. Elle appartient au peuple de Paris.
Outre ses travaux d’aiguille qui la faisait vivre, la grisette s’accordait des moments de détente en allant au spectacle applaudir vaudevilles ou mélodrames, en allant danser dans les bals musettes ou se promener dans la campagne toute proche. Ce temps de repos du peuple était une réalité qui a d’ailleurs permis le développement, dans la capitale et ses villages avoisinants, de lieux de loisirs comme le bal de la Butte-aux-Belles de Malakoff.

 

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LE POETE TEMOIN
Bessières le métromane s’enflamme pour la Tour Malakoff

Louis-Dominique Bessières, amateur de vers, parcours la France en 1902 et 1903 et traduit ses impressions en composant des vers sur les lieux "ou il a foulé ses pas". Parmi la centaine de villes qu’il a visitée, ce métromane (celui qui a la manie des vers) s’est arrêté à Malakoff. Dans son ouvrage publié en 1904, "Les instantanés", il nous livre à sa façon son regard sur Malakoff et sa nostalgie sur la fameuse tour.

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Louis-Dominique Bessières, amateur de vers, parcours la France en 1902 et 1903 et traduit ses impressions en composant des vers sur les lieux "ou il a foulé ses pas". Parmi la centaine de villes qu’il a visitée, ce métromane (celui qui a la manie des vers) s’est arrêté à Malakoff. Dans son ouvrage publié en 1904, "Les instantanés", il nous livre à sa façon son regard sur Malakoff et sa nostalgie sur la fameuse tour.

De Vanves à Montrouge, en ce temps, tout entière,
La plaine s’étendait mélancoliquement,
N’offrant aux promeneurs aucun autre agrément
Que l’aspect des puits de carrière.
 
Nulle ombre, un Sahara ! de pauvres mastroquets,
De lci, de là, guettant la rare clientèle,
Pour elle ornant de fleurs une maigre tonnelle,
Ou de lilas quelques bouquets.
 
On travaillait un peu quelquefois le dimanche,
Mais, rien dans la semaine avec les ouvriers ;
Quand venait les lundis ou les jours fériés,
Alors on prenait sa revanche.
 
Il y aura bientôt de cela cinquante ans,
Très peu de temps après la guerre de Crimée,
La plaine se meubla, devint plus animée,
Donnant quelques nouveaux clients.
 
L’un de ces commerçants, mieux doué de cervelle,
Alors imagina, dans son ambition,
Qu’en créant là, chez lui, certaine attraction,
Il rendrait l’affaire plus belle.
 
Il fit, à peu de frais, élever une tour
Sur son terrain, bâtie en plâtras et blocage,
Avec un escalier desservant chaque étage,
Et dominant tout alentour.
 
Mais, comment devait-on décorer les murailles
De ces salles, partout, aussi de l’escalier ?
Paysage, attributs, ornements ou papier ?
Non, il fallait d’autres trouvailles.
 
On n’entendait alors parler que de l’Alma,
Des Anglais et des Turcs, nos alliés en Crimée ;
Devant Sébastopol, des hauts faits de l’armée,
A Traktir, à Balaclava.
 
Il n’était au Salon que tableaux militaires :
Des luttes, des combats qui, de chaque officier,
Saint-Arnaud ? Canrobert, Mac-Mahon, Pélissier,
Montraient les exploits légendaires.
 
On y croyait aussi Totleben, Gortschakoff,
Dont on reconnaissait les mérites notoires ;
Deux batailles, enfin, qui furent les victoires
D’Inkermann et de Malakoff.
 
Dans ces fastes d’alors, un peintre assez habile
Prit ses matériaux de décoration ;
Il en couvrit les murs et, sans prétention,
Fit une œuvre assez difficile.
 
Tout était à sa place : épisodes marquants
Pris dans chaque combat, les turcos, les zouaves,
Enclouant les canons, chargeant ; et tous ces braves,
Grandeur nature, aux premiers plans.
 
Sans doute, ce n’était pas là l’œuvre d’un maître,
Mais, c’était dans la note, et c’était bien français,
Et pour l’industriel, ce fut un grand succès,
Et il fallu bien le reconnaître.
 
A la Tour Malakoff, ainsi qu’on l’appela,
On venait de partout pour admirer à l’aise,
Et l’on sentait en soi vibrer l’âme française…
La tour Malakoff n’est plus là !
 
Devenue, aujourd’hui, véritable commune,
Malakoff a gardé le nom qu’avait la tour ;
Elle a bien fait ainsi, d’elle tenant le jour
En même temps que sa fortune.
 
Extrait de l’ouvrage de L. D. Bessières « Les instantanés, croquis et impressions de voyage d’un métromane »Chez Emile Colin, Imprimerie de Lagny, 1904.

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Le guide de la Tour de Malakoff

Au 19ème siècle, on éditait déjà beaucoup de guides touristiques. Avec le développement des transports en chemin de fer et des loisirs du dimanche, des guides en tout genre ont vu le jour. Pour découvrir la France, mais aussi des lieux aux alentours de la capitale, souvent accessibles en tramway ou à bicyclette. La Tour Malakoff si proche des fortifications se devait d’avoir son guide, ce qui fut fait sous la direction de Chauvelot.

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Au 19ème siècle, on éditait déjà beaucoup de guides touristiques. Avec le développement des transports en chemin de fer et des loisirs du dimanche, des guides en tout genre ont vu le jour. Pour découvrir la France, mais aussi des lieux aux alentours de la capitale, souvent accessibles en tramway ou à bicyclette. La Tour Malakoff si proche des fortifications se devait d’avoir son guide, ce qui fut fait sous la direction de Chauvelot.

En 1860 monsieur Chauvelot, habile communiquant, édite le « Guide à la Tour Malakoff et à la Californie parisienne », un ouvrage d’une centaine de pages écrit par monsieur Castillon d’Aspet. Ce guide est élogieux évidemment pour l’œuvre de Chauvelot qui est présentée comme « le rendez-vous de la bonne société, aux portes de Paris ». Abondamment illustré de 40 dessins sur bois (ce qui est dans l’air du temps et attirant pour de futurs visiteurs) il décrit précisément et en prenant partie, les monuments, , les sites, les tableaux et autres sujets d’art dédiés aux gloires militaires.

Le guide est divisé en 4 parties. D’abord, Chauvelot ouvre le guide sur sa lettre à sa Majesté Napoléon III, Empereur des Français, dans laquelle il met tout son talent et ses convictions dans la lignée des souvenirs Napoléoniens. Il va même plus loin, puisqu’il demande à l’Empereur qu’il daigne « honorer d’un regard favorable la Tour Malakoff qui s’élève au centre du village de la Nouvelle Californie, et de convertir le nom de ce dernier en celui de Malakoff… » L’histoire lui donnera raison.

La deuxième partie du guide est une notice biographique du fondateur de la Tour Malakoff qui se termine par deux poésies « expression de la reconnaissance populaire à Chauvelot. Ils sont de Vermeulin et Jannel et sont titrés : « Des tambours du 21ème bataillon de la garde nationale de la Seine ». Le deuxième s’intitule « Les tambours du 2ème bataillon de la garde nationale de la Seine ». (1858).

Et la partie la plus importante du guide présente les différentes attractions de la Tour Malakoff et de la Californie parisienne
La fin du guide est une réflexion sur la façon de fonder un village au XIXème siècle. La méthode Chauvelot, évidemment.
 

Guide édité par l’imprimerie française et anglaise de E. Brière, rue Saint-Honoré à Paris.

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