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Chronologie du Fort de Vanves (désormais sur Malakoff)

La construction du fort de Vanves, l’un des 16 forts détachés entourant la capitale sera terminée en 1846. A la fois caserne et pénitencier militaire, le fort fut le théâtre de sanglants affrontements entre les Français et les Prussiens, puis entre Versaillais et Fédérés. Son histoire sera plus calme au 20ème siècle n’ayant plus aucun rôle stratégique dans la défense de Paris. Depuis cent ans le fort a subit de fortes modifications et se sont succédés de nombreux services de la Défense et de la Gendarmerie nationale.

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La construction du fort de Vanves, l’un des 16 forts détachés entourant la capitale sera terminée en 1846. A la fois caserne et pénitencier militaire, le fort fut le théâtre de sanglants affrontements entre les Français et les Prussiens, puis entre Versaillais et Fédérés. Son histoire sera plus calme au 20ème siècle n’ayant plus aucun rôle stratégique dans la défense de Paris. Depuis cent ans le fort a subit de fortes modifications et se sont succédés de nombreux services de la Défense et de la Gendarmerie nationale.

 

1830
- Création d’un comité des fortifications « pour mettre Paris en état de défense » au-delà de l’ancien mur d’octroi des fermiers généraux et englobant les nouveaux quartiers pris sur les communes avoisinantes
 
1833
- Le Maréchal d’Empire Soult présente à la Chambre des Députés un projet de loi pour élever autour de Paris 16 forts, dont celui de Vanves.
 
1836
- Après deux ans de travaux, le Comité des fortifications au regard de l’évolution des relations de la France avec les Etats voisins, propose un plan de défense qui combine deux systèmes de fortification : l’enceinte continue et les forts détachés.
 
1840
- La direction de l’ensemble des ouvrages enceinte et forts est confiée au lieutenant-général Dode de la Brunerie, président du Comité des fortifications
 
1841
- Début de la construction du fort de Vanves en forme de trapèzes sur 14 hectares. Il est situé à 2,1 kilomètres de l’enceinte fortifiée de Paris
 
1845
- La route stratégique qui relie entre eux les forts de Montrouge, Vanves et Issy est achevée.
 
1846
- Le fort est terminé, il peut accueillir jusqu’à 2700 hommes
 
1848
- Ouverture provisoire en août d’une prison militaire suite à la suppression de la prison de Saint-Germain-en-Laye. Un pavillon a été construit spécialement pour les besoins de la prison..
- Charles Guerre ouvrier apprêteur pour dorures qui participa à l’insurrection de juin compose lors de sa détention au fort le 17 décembre le poème « Le droit au travail »
 
1850
- Le fort n’a que deux bâtiments sur le côté de la vaste cour centrale
- à partir du mois d’octobre la prison occupe toutes les casemates disponibles. La circulaire du 13 octobre 1846 prévoyait le logement de 180 détenus, ils sont en fait 300.
 
1851
- 5 août, réunion à la ville de Vanves de la partie des terrains entourant le fort qui se trouvait sur la commune de Chatillon
 
1857
- Tavaux d’aménagement d’une chapelle dans la partie du pénitencier, estimant que c’est « un accessoire indispensable à tout établissement de cette nature »
- emprisonnement de centaines d’ouvriers après les journées insurrectionnelles de juin, consécutives à la fermeture des ateliers nationaux.
 
1860
- L’efficacité défensive de l’ouvrage est remise en question par l’évolution de l’artillerie et par son emplacement
 
1861
- Lors d’une tournée d’inspection le 18 octobre, le baron Larrey fait un rapport sur l’insalubrité du pénitencier de Vanves.
 
1862
- Plantation d’arbres sur deux rangées au niveau du glacis du fort de Vanves et de tous les autres forts avancés
 
1863
- Les terrasses des deux bâtiments recouvertes en bitume qui subissaient des infiltrations fréquentes sont remplacées par du zinc
 
1864
- la prison transformée en pénitencier regroupe 200 détenus. Les hommes sont employés à faire des souliers et des lits en fer.
- les effectifs du fort sont de 39 officiers, 496 hommes.
 
1865
- Le projet ambitieux d’amélioration et d’agrandissement du pénitencier militaire est rejeté le 12 décembre par le Comité des fortifications qui décide seulement quelques modifications.
 
1866
- Les effectifs du fort sont de 22 officiers, 496 hommes et cinq chevaux, 180 détenus au pénitencier militaire
 
1867
- A la suite d’une forte bourrasque, la couverture en zinc des deux bâtiments du fort est emportée
 
1870
-fermeture du pénitencier à l’approche des troupes prussiennes
 
- 23 juillet le gouvernement débloque 360 000 francs pour les travaux d’armement des forts de Vanves, Montrouge, Issy, Bicêtre, Ivry (magasin à poudre étagé, abris, blindages, creusement de fossés, relevage des courtines, rectification des glacis, destruction des constructions édifiées illégalement sur la zone réservée des 230 mètres, restauration des galeries souterraines entre les forts
- 2 septembre, piégée dans Sedan, l’armée française est capturée, l’empereur à sa tête. Napoléon III capitule. Les armées allemandes libres de leurs mouvements occupent tout l’Est de la France et arrivent autour de Paris le 19 septembre
- 18 septembre, les prussiens s’installent sur les hauteurs de Chatillon
- 25 septembre, ouverture du journal de bord du siège par les Prussiens par les officiers du fort. Il se termine le 29 janvier 1871 soit 40 jours de siège
 
- les effectifs du fort au 27 novembre sont de 60 officiers, 2209 hommes de troupes
 
1871
- 5 janvier début des bombardements du fort de Vanves qui durera 23 jours occasionnant la mort de 22 soldats et 75 blessés ainsi que de gros dégâts aux maçonneries,
- 26 janvier le gouvernement de la Défense nationale demande un armistice
- 28 janvier signature d’un armistice
- 29 janvier à midi les troupes françaises sortent du fort. Elles sont immédiatement remplacées par les soldats prussiens.
- 7 mars en vertu des préliminaires du traité de Francfort (signé le 19 mai 1871) les Allemands évacuent la rive gauche de la Seine et ses forts. Les fédérés de la Commune occupent le fort.
- 25 avril : Début du bombardement du fort de Vanves par les Versaillais
- 13 mai, les Versaillais occupent le Fort de Vanves
- 14 mai le 71ème régiment de marche de l’armée de Versailles entre dans le Fort de Vanves après la fuite par les galeries de carrières de la garnison des Fédérés
- 20 mai l’artillerie du Fort de Vanves tire sur Paris
- 21-28 mai : Louise Michel est au Fort durant la semaine sanglante pendant laquelle eurent lieu divers combats entre les Versaillais et les Communards.
 
1874-1879 
- Très endommagé par les combats entre Fédérés et Versaillais, le fort est reconstruit
 
1883 
- Le quartier Malakoff de la ville de Vanves devient une nouvelle commune. Le fort de Vanves se trouve désormais sur son territoire
 
1908
- Alain Fournier, l’auteur du Grand Meaulnes est détaché au Fort de Vanves pendant son service militaire, mais il passera le plus clair de son temps en marches et manœuvres. Le 13 avril il est nommé caporal.
 
1916
- Création au fort d’un atelier militaire de fabrication de thermomètres, le premier en France, par le sous-secrétaire d’Etat au Service de Santé militaire, Justin Godart
 
1917 
- 300 hommes de troupes sont stationnés dans le fort, notamment la 22ème section d’infirmerie militaire
- établissement des Ateliers généraux du service de santé (l’établissement central des organes et appareils techniques et l’établissement central d’électroradiologie)
 
1919 
- Loi du 19 avril qui déclasse l’emprise des glacis des fortifications et des forts. Rien ne s’oppose plus à des constructions proches du fort
 
1929
- Installation sur les glacis de l’ouest d’un casernement pour la compagnie de la Garde Républicaine mobile
 
1931
- Une partie des services de la Pharmacie centrale alors aux Invalides, est installée au Fort de Vanves. Le mur du rempart casematé est exhaussé de deux étages pour des magasins et des ateliers
- Installation au pied de la courtine Est d’un stand de tir à 50 mètres
 
1946 
- Le fossé du fort est comblé
 
1958 
- Construction d’un bâtiment après la démolition du mur du rempart
 
1967-1973 
 - Construction des immeubles sur les glacis Est et Sud destinés au logement des personnels de la Défense
 
1971 
- Les différents organismes de la pharmacie quittent le fort progressivement jusqu’en 1973 pour être regroupés à Orléans
 
1973 
- Edification d’un nouveau bâtiment dans l’enceinte du fort et construction du mess mixte et d’un bâtiment destiné au logement des cadres
 
1974 
- L’intérieur du fort est entièrement remodelé avec la construction d’un nouveau bâtiment hautement sécurisé.
 
1975
 - Occupation du fort par plusieurs services : la Direction Centrale du matériel de l’armée de terre (DCMAT), le Service technique des bâtiments, fortifications et travaux (STBFT) appartenant au service du génie, le Contrôle Technique du Matériel de l’Armée de Terre (CTMAT), le bureau Matériel de la direction du personnel militaire de l’armée de l’air constitué à partir de la sous-direction Personnels de la DCMAT.
 
1976 
- Arrivée de la Direction Centrale des Essences
 
1980
- Implantation de l’Inspection de l’Arme du matériel, nouveau service qui vient d’être crée. Il y restera jusqu’en 2000.
 
1988 
 - Extension sur deux niveaux d’un bâtiment pour la Direction Centrale des Essences
 
1990-1991 
 - Construction du Centre de Traitement de l’Information dans le bastion
 
1994 
- Première et unique visite publique du fort dans le cadre des journées du patrimoine
 
1995
- Arrivée de la Direction de la Protection et de la Sécurité de la Défense (DPSD)
 
1998
- Lionel Jospin, 1er Ministre inaugure au Fort de Vanves le 3 octobre, la Journée d’appel et de préparation à la Défense
 
1999
- La DCMAT quitte progressivement le fort pour s’installer totalement dans le Quartier Jayat à Satory
 
2000
- Les locaux du fort sont modernisés pour accueillir le service informatique de la DPSD et sont inaugurés par le 1er Ministre Lionel Jospin
 
 
Sources :
Service Historique de l’Armée de Terre (SHAT, Fort de Vincennes )
 
Recherches complémentaires en cours

 

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FORT DETACHE PARISIEN
Description du Fort de Vanves

Construit de 1841 à 1846 sur le territoire de la commune de Vanves, au sud de l’enceinte de Paris fortifiée par Thiers, le fort de Vanves se trouve sur celui de Malakoff depuis la séparation en 1883. Du fort des origines, seuls demeurent des blocs de pierre qui ont été les témoins muets des bombardements de 1871, des casemates qui ont survécu aux aménagements successifs, la porte du fort, des éléments du rempart Au Fort de Vanves comme sur l’ensemble du système de défense de Paris, les conflits de 1870-1871 révéleront l’extrême faiblesse de ce type d’ouvrages militaires.

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Construit de 1841 à 1846 sur le territoire de la commune de Vanves, au sud de l’enceinte de Paris fortifiée par Thiers, le fort de Vanves se trouve sur celui de Malakoff depuis la séparation en 1883. Du fort des origines, seuls demeurent des blocs de pierre qui ont été les témoins muets des bombardements de 1871, des casemates qui ont survécu aux aménagements successifs, la porte du fort, des éléments du rempart Au Fort de Vanves comme sur l’ensemble du système de défense de Paris, les conflits de 1870-1871 révéleront l’extrême faiblesse de ce type d’ouvrages militaires.

 

Le positionnement des forts du sud de la capitale Issy, Vanves et Montrouge , Bicêtre et Ivry se situent entre 1,5 et 2,5 km au-delà de l’enceinte de Thiers. Celui de Vanves est exactement à 2,1 km.
Cette distance correspondait à la moitié de la distance entre l’enceinte et les hauteurs de Meudon à Orly. Etablir ces forts sur ces hauteurs aurait permis de contrôler le plateau de Meudon, mais l’appui militaire réciproque de l’enceinte et des forts aurait été impossible. La distance de 1,5 km à 3 km correspondait aux portées pratique et maximum de l’artillerie en 1840.
 
Aujourd’hui, les aspects extérieurs du Fort de Vanves surprendraient les parisiens de 1850 qui s’aventureraient près de ses abords. En effet, ils ne pouvaient d’ailleurs guère s’approcher du site en raison des restrictions militaires, même si encore aujourd’hui l’accès au fort demeure réglementé. Surtout, ils le savaient et le voyaient isolé dans la campagne de Paris, relié aux autres forts par l’unique route stratégique. Aujourd’hui l’urbanisation de Malakoff a non seulement comblé le vide entre l’ancienne enceinte et les forts, mais l’a pratiquement noyé dans la ville. Bien plus, elle a même envahi le fort. Le Fort de Vanves n’a pas échappé à cette évolution irréversible de la densification à l’extérieur comme à l’intérieur du fort historique.
 
Caractéristiques du Fort
 
Le Fort de Vanves originel se présente donc un trapèze de 385 mètres sur 275 de la pointe d’un bastion à l’autre. Sur les quatre bastions, deux sont vides (1 et 4 sur le plan), abritait l’artillerie du fort et la poudre à canon. Ces bastions étaient défendus chacun par six casemates, salles fermées en maçonnerie résistant aux projectiles de siège. Ils assuraient le flanquement, la défense du flan du fort, à savoir, les fossés et les espaces entre les forts. Les bastions (2 et 3, sur le plan) quant à eux, étaient pleins, c’est-à-dire, comblés de terre. 
 
Le fossé avait une quinzaine de mètres de largueur au niveau des bastions. Il a été au fil des ans comblé en grande partie, mais demeure encore visible aujourd’hui à l’est du fort, à l’emplacement sur lequel a été édifié le stand de tir. (visible en circulant sur la rue André Rivoire). Là, on peut constater que l’escarpe, c’est-à-dire le mur soutenant le massif de terre du rempart, ne s’élève pas à plus de cinq mètres, alors qu’avant sont comblement partiel, il atteignait la dizaine.
L’escarpe est en moellons, taillés dans la pierre provenant des carrières d’Arcueil toutes proches. Les matériaux de constructions du fort viennent de la région parisienne : la meulière, cette roche calcaire et silicieuse, dont une variété, la meulière caverneuse, est encore visible dans la construction de deux pavillons encadrant l’entrée du fort vient des carrières de Buc.Le sable fut tiré de la Seine et des carrières de Neuilly. L’argile vint d’Issy et de Vanves même, la chaux de Champigny.
 
L’épaisseur de l’escarpe est de cinq à six mètres, contreforts compris. La contrescarpe, c’est-à-dire le mur au-delà du fossé soutenait la terre du glacis. Elle s’élevait à cinq mètres de haut.
Sur les flancs est et ouest du mur d’escarpe s’ouvrait deux poternes dans la courtine. Au-dessus de celle de l’ouest, aujourd’hui bouchée, se trouve insérée une pierre gravée portant la date de 1844.
 
L’entrée principale du fort qui s’ouvrait face à Paris, était accessible par un pont-levis au-dessus du fossé. C’est la même porte qui est encore en usage aujourd’hui. On peut remarquer de part et d’autre du portail deux ouvertures verticales qui correspondaient au passage des chaînes du pont-levis. On accédait au fort par la « route stratégique » qui reliait tous les forts entre eux et qui fut achevée en 1845 (aujourd’hui boulevard Stalingrad).
 
L’intérieur du fort
 
Dans la vaste cour centrale, se trouvaient à l’origine du fort seulement deux bâtiments de casernement de trois étages chacun, destinées au logement de la troupe et des officiers. On a une idée de ces bâtiments par les cartes postales montrant les destructions durant la guerre de 1870. Une grande partie de l’intérieur était donc vide. Ce grand espace vide s’explique par les capacités de l’artillerie de 1840.
 
L’armement des forts n’était cependant pas prévu par la loi de 1841. Aussi, ce n’est qu’en 1845 que sera voté un crédit supplémentaire de 14 millions pour doter la fortification de Paris.
 
La courtine sud, entre les bastions 2 et 3 sur le plan était pourvue de dix sept casemates. Encore visibles aujourd’hui, elles constituaient le rez-de-chaussée du bâtiment 017. Ces casemates comme l’indique le plan du fort de 1850 constitueront durant des années une prison militaire regroupant environ 250 détenus. Cette prison avait été installée provisoirement en 1848 pour recevoir les détenus politiques jugés par le conseil de guerre. Elle devint définitive lors de la suppression du pénitencier de Saint-Germain-en-Laye.
 
La destination des dix-sept casemates est indiquée sur les plans conservés au Service Historique de l’Armée au Fort de Vincennes. La première située du côté du bastion 2 abritait une écurie de cinq chevaux. La deuxième l’infirmerie, la huitième abritait le corps de garde des détenus. La cuisine se trouvait dans la sixième casemate, les deux dernières comprenant un four assurant les 330 rations journalières et enfin une chapelle. Toutes les autres casemates constituaient des cellules de prisonniers.
 
Jusqu’en 1870, la vie à l’intérieur du Fort de Vanves fut donc celle d’une prison militaire dont on a peu d’informations exploitable. En 1858, alors que la prison accueille 180 détenus, un rapport d’inspection fut effectué afin d’établir le projet de creusement d’un puits ; « Le manque d’eau ne permettait pas de donner cinq bains par an, prescrits come règle hygiénique à chaque détenu », écrivait le rapporteur. En outre le même rapport faisait mention d’ateliers qui « exigeaient une grande quantité d’eau ».
Dans le même temps, il se trouvait que l’eau procurée à partir d’un puits situé à la gorge du bastion 2 se trouvait en dehors de l’enceinte carcérale. Ce service nécessitait l’emploi de dix hommes de corvée par jour « constamment en contact avec les soldats de la garnison, la discipline en souffrait, et la vue d’hommes libres inquiétaient les détenus qui ne devaient jamais quitter le lieu de leur détention.. »
Au hasard d’autres rapports, on trouve le souci d’aération des cellules des prisonniers. Cette préoccupation fut majeure ay 19ème siècle. Pour les hygiénistes en effet, la lutte contre les maladies passait par celle d’avoir un air sain. Aussi convenait-il d’augmenter les volumes des pièces afin de limiter la concentration des fameux miasmes responsables des maladies.
 
Une efficacité contestée
 
Achevé à partir des années 1845-1846, l’efficacité de l’ouvrage fut cependant remise en question dès les années 1860. En effet, la France avait adopté en 1858 le principe de l’artillerie rayée. Désormais, l’intérieur des canons n’était plus lisse mais pourvu de rayures. Celles-ci imprimaient au projectile un mouvement de rotation qui allongeait sa portée efficace et multipliait sa précision. De plus, le canon rayé ne tirait non plus des boulets mais des obus, projectiles cylindro-coniques remplis d’explosif. Le fort de Vanves était prévu pour résister aux boulets.
Les années qui précédèrent le conflit de 1870 marquèrent une prise de conscience de l’inadaptation de l’ancien système fortifié face à une évolution et une accélération de l’artillerie en général. En 1867, le Comité des Fortifications étudia donc un nouveau programme de défense, mais les contraintes budgétaires le réduisirent à des travaux sur quelques forts dans l’Est de la France. Les forts de Paris, quant à eux, ne reçurent que quelques améliorations qui concernèrent notamment les traverses sur le rempart, cette masse de terre perpendiculaire à la crête du rempart qui protégeait les pièces d’artillerie des tirs de flanc. Au Fort de Vanves comme sur l’ensemble du système de défense de Paris, les conflits de 1870-1871 révéleront l’extrême faiblesse des ouvrages militaires.
 
Sources :
-Dossier d’information édité par le Service communication du Fort à l’occasion des Journées du patrimoine de 1986
-Archives de la Défense, Fort de Vincennes

 

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LE FORT FACE AUX PRUSSIENS
Une garnison renforcée
En attendant la confrontation (1870)

Après la défaite de l’armée française à la bataille de Reichshoffen, le 6 août 1870, le Gouvernement pris des mesures pour assurer la remise en état de défense les forts entourant Paris, dont celui de Vanves. Les premières préoccupations furent pour le renforcement des ouvrages existants et la construction rapide d’ouvrages nouveaux pour assurer une résistance à l’envahisseur prussien.
Des mesures ont ensuite été prises pour assurer le commandement supérieur de chacun des forts, ainsi que les commandements de l’artillerie et du génie.

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Après la défaite de l’armée française à la bataille de Reichshoffen, le 6 août 1870, le Gouvernement pris des mesures pour assurer la remise en état de défense les forts entourant Paris, dont celui de Vanves. Les premières préoccupations furent pour le renforcement des ouvrages existants et la construction rapide d’ouvrages nouveaux pour assurer une résistance à l’envahisseur prussien.
Des mesures ont ensuite été prises pour assurer le commandement supérieur de chacun des forts, ainsi que les commandements de l’artillerie et du génie.

 En 1870, les troupes qui composaient la garnison des ouvrages fortifiés, se divisaient en trois catégories. Nous les retrouverons au fort de Vanves : troupes de ligne, personnel de marine, garde mobile. Etat de lieux au fort de Vanves lors du siège de Paris par les prussiens.

 
-Commandant du fort : lieutenant-colonel en retraite Crétin
-Commandant de l’artillerie : capitaine Morand
-Commandant du génie  : lieutenant-colonel Brunon
-Service de Santé : médecin-major de la marine Baquiè
 
PERSONNEL DU FORT  
 
-Etat-major :
6 officiers
-Infanterie :
4 compagnies des 27è, 36è, 48è, et 94è de ligne soit 12 officiers, 807 hommes
9è bataillon de mobiles de la Seine soit 25 officiers, 766 hommes 
-Artillerie 
Détachement de la 13è batterie du 4è régiment soit 18 hommes
Détachement du régiment d’artillerie à cheval de l’ex garde soit 111 hommes
Détachement de la 2è compagnie bis du régiment du train d’artillerie de l’ex-garde
soit 30 hommes
- Génie :
Détachement de la 18è compagnie du 3è régiment soit un officier et 76 hommes
-Administration et service de santé
1 officier et 21 hommes
-Pénitencier militaire
6 sous-officiers
 
Effectif total du fort : officiers, 1839 hommes
 
ARMEMENT
 
L’armement de défense était presque tout en place au 19 septembre 1870, le chargement des projectiles et la formation des gargousses donnèrent une abondance considérable de munitions. Les canons rayés à 400 coups et les canons lisses à 300 étaient approvisionnés. Les vivres prévus pour 45 jours…
56 bouches à feu étaient prêtes à fonctionner contre l’ennemie Prussien :
1 canon rayé de 16 et 115 projectil
4 canons rayés de 24 P et 400 projectiles
 5 canons rayés de 12 P et 400 projectiles
5 canons rayés de 12 S et 400 projectiles
4 canons rayés de 4 C et 100 projectiles 
11 canons lisses de 16 et 250 projectiles
5 canons-obusiers de 12 et 250 projectiles
4 obusiers de 16 et 250 projectiles (type de canon dont le rapport entre la longueur de la partie rayée du tube et de son calibre est en dessous de 20)
4 obusiers de 22 et 250 projectiles
4 mortiers de 15 et 600 projectiles
4 mortiers de 22 et 8000 projectiles
3 mortiers de 27 et 400 projectiles
 
526 611 cartouches modèle 1866 (cartouches pour le fusil Chassepot du nom de son créateur, fusil de l’armée française mis en service en 1866 et qui a servi notamment pendant la guerre franco-prussienne de 1870)
 
10 080 cartouches modèle 1863 (cartouche pour carabine de cavalerie Sharps "New Model 1863", cartouche combustible et amorçage séparé)
-  

 

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TEMOIGNAGE
Le fort, cible des prussiens en 1870
La carte postale mémoire des évènements

Le revers des cartes postales révèlent parfois des correspondances qui en disent long sur une époque ou sur l’image qui est reproduite. C’est le cas de deux cartes du début du XXème siècle qui montrent les destructions du fort de Vanves par les canons de l’armée prussienne lors du siège de Paris pendant la guerre franco-allemande. Le revers prévu pour la correspondance est entièrement couvert par une écriture fine d’un vétéran , Jules Besnard, du bataillon de la mobile de la Seine qui raconte des combats auxquels il a participé autour du fort.

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Le revers des cartes postales révèlent parfois des correspondances qui en disent long sur une époque ou sur l’image qui est reproduite. C’est le cas de deux cartes du début du XXème siècle qui montrent les destructions du fort de Vanves par les canons de l’armée prussienne lors du siège de Paris pendant la guerre franco-allemande. Le revers prévu pour la correspondance est entièrement couvert par une écriture fine d’un vétéran , Jules Besnard, du bataillon de la mobile de la Seine qui raconte des combats auxquels il a participé autour du fort.

« Du 7 septembre 1870 au 31 janvier 1871, le 9ème bataillon de la mobile de la Seine a occupé le fort de Vanves. J’appartenais à la 5ème compagnie du génie, Capitaine Cayrou, lieutenant d’Antoine, sous-lieutenant Séchard.

Nous couchions dans la cour du fort sous de grandes tentes rondes. Nous avions mis des fagots de bois sous nos paillasses et nous couchions tout habillés.
 
Le 10 septembre 1870, quand nous sommes arrivés au fort il n’y avait aucun canon sur les remparts. Pendant qu’on les montait vers le 20 septembre, les prussiens nous tiraient dessus, ce que voyant, le Commandant du fort nous fit sortir hors du fort dans les fossés. Montés sur les contrescarpes il nous fit tirer sur eux qui tiraient sur nous.
Il fit envoyer quelques obus dans une maison de campagne au sud-est du fort dans laquelle étaient installés des prussiens. Au troisième coup, le toit s’effondrait et les prussiens se sauvaient. Je visais l’un d’eux qui courrait sur la route à environ 400 mètres. Je tirais et je le vis tomber sur un tas de cailloux. Pauvre diable ! Mais c’est la guerre.
 
Le 4 janvier au matin, les prussiens ont commencé le bombardement du fort. La moitié du bataillon était sorti la veille, la nuit, pour occuper le village de Malakoff. 3 jours après nous occupions Montrouge.
Dans la nuit on nous fit porter des sacs plein de terre au fort de Montrouge pour y combler une brèche faite par les canons prussiens. Nous cheminions en file indienne dans la neige le long de la route pendant que les prussiens tiraient sur le fort. Ce n’était pas gai !
C’est le bombardement des batteries prussiennes de la butte de Chatillon qui ont mis le fort de Vanves dans l’état ou on le voit sur la carte. Ce n’était pas malin ! Chatillon domine le fort. »
 

 

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TEMOIGNAGE LITTERAIRE
Combats durant la Commune (1871)
Histoire d’un trente sous au fort de Vanves

Engagé dans les combats contre les Prussiens, puis chez les fédérés de la Commune, un trente sous, comme on appelait alors les combattants de la garde nationale (car payé trente sous par jour), le soldat Sutter-Laumann, 18 ans, originaire du Pecq, raconte ses souvenirs personnels dans un ouvrage édité en 1891. Sur quelques pages il relate les combats du Clos Montholon autour du fort de Vanves. Un lieu couvert de vergers et de prés labourés. Aujourd’hui, le quartier sud de Malakoff.

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Engagé dans les combats contre les Prussiens, puis chez les fédérés de la Commune, un trente sous, comme on appelait alors les combattants de la garde nationale (car payé trente sous par jour), le soldat Sutter-Laumann, 18 ans, originaire du Pecq, raconte ses souvenirs personnels dans un ouvrage édité en 1891. Sur quelques pages il relate les combats du Clos Montholon autour du fort de Vanves. Un lieu couvert de vergers et de prés labourés. Aujourd’hui, le quartier sud de Malakoff.

"…Un grand remous se produit soudain dans la foule. Elle s’ouvre pour livrer le passage à un garde nationale en vareuse qui, tout essoufflé, gesticulant plus qu’il ne parle, s’écrie, quand il peut reprendre haleine : « Les Versaillais attaquent le fort de Vanves ! ».

Derrière cet homme en arrivent bientôt deux autres qui confirment ses dires. Les gendarmes sont à cinq ou six cents mètres de la tranchée de Vanves. Les messagers de mauvaises nouvelles viennent demander du secours.
Un officier fédéré à cheval vint aussi, peu après, faire part de la situation critique du fort : « Citoyens, nous dit-il, si les tranchées tombent entre les mains des Versaillais, le fort de Vanves est pris ; celui d’Issy est tourné, la bataille est perdue… »
Les bataillons qui se trouvaient sur la place (d’Issy) se rassemblèrent comme ils purent, et dans un élan d’enthousiasme, ils partirent en criant : « A Vanves ! à Vanves ! Vive la Commune ! ».
 
Tant que nous fûmes sous le fort d’Issy, ou plutôt derrière, car nous suivions la route militaire, ça alla bien. Mais quand nous défilâmes sur la hauteur entre Issy et Vanves, notre affaire changea du tout au tout. Les balles pleuvaient comme la grêle et les obus aussi. Les Versaillais, voyant une troupe en marche, faisaient converger leurs feux sur elle. En un rien de temps, une dizaine d’hommes étaient atteints…

 
Tout le monde sauta dans les fossés de la route, mais ils étaient si peu profonds que nous avions tout le buste en dehors. Nos rangs s’éclaircissaient à vue d’œil, non seulement par le feu de l’ennemi, mais aussi par la désertion.
Au bout de dix minutes, nous n’étions guère plus de la moitié, sur les trois ou quatre cents du départ. Bientôt nous n’étions plus qu’une cinquantaine, et quand nous arrivâmes au remblai de chemin de fer de Paris à Versailles, qui se trouve à peu près à égale distance des forts d’Issy et de Vanves, nous n’étions pas plus de vingt. Dans ces conditions notre secours était dérisoire. Derrière ce remblai, en nous baissant, nous étions à l’abri, mais les balles passaient par-dessus, et le franchir présentait une sérieuse difficulté.
 
Nous nous arrêtâmes là quelques instants, indécis. Enfin, au nombre de sept ou huit, nous franchîmes l’obstacle, et aucun de nous ne fut touché.
Deux ou trois cents pas plus loin, nous nous heurtâmes à un talus élevé qui nous abritait encore jusqu’à l’épaule. De l’autre côté, une plaine unie, allant un peu en pente ; ça et là des arbres fruitiers en pleine floraison étalant leurs bouquets blancs et roses. A cent mètres environ, une petite maisonnette, n’ayant qu’un rez-de-chaussée et qui pouvait servir de pied-à-terre à des Parisiens, le dimanche, ou de resserre à quelques maraîcher du pays.
 
Le terrain, aux alentours, était fraîchement labouré, et les balles s’enfonçaient dans les mottes de terre qu’elles faisaient éclater en poussière… Pas très loin, nous apercevions les glacis du fort ; plus bas, une mince ligne indiquait les tranchées d’où partait une fusillade insignifiante, quelques coups de fusil, tandis qu’au-delà, dans les vergers, au-dessus des haies et des buissons, s’élevaient d’épais flocons de fumée blanche. C’était là qu’étaient les assaillants (Versaillais)…
 
Je sautai d’un bond par-dessus le talus et je me mis à courir. J’atteignis un groupe d’arbres espacés et, pour reprendre haleine, je m’arrêtai derrière le plus gros…Cette situation ne pouvait durer. Ayant quitté mes compagnons, j’avais hâte d’en retrouver d’autres. Une nouvelle course me conduisit jusqu’à une bicoque dont une partie de la toiture avait été emportée par un boulet. De ce point aux tranchées, il n’y avait plus aucun arbre, aucun buisson, aucun tertre, le sol était rasé…Je pris mes jambes à mon coup.
 
J’arrivais dans la tranchée. Je fus stupéfait. Il n’y avait là que onze hommes appartenant pour la plupart au 91è bataillon. Ils furent aussi très surpris de me voir…Je m’expliquais et prenant position contre le parapet de la tranchée, je me mis à tirer sur les flocons de fumée blanche qu’on apercevait au loin…
La journée était déjà avancée. Le soleil allait se coucher, j’avais vidé ma cartouchière. Les Versaillais (troupe du gouvernement de Thiers), gênés par les volées de canon de Vanves et d’Issy, s’étaient reportés en arrière. L’attaque était repoussée…
 
Derrière le fort de Vanves, il y avait une masse de gardes nationaux. Quand la nuit fut venue, cette masse se mit en mouvement du côté de Paris. Nous suivîmes le troupeau, qui s’écoulait un peu en débandade, regagnant en hâte les fortifications entourant Paris. La Commune était vaincue : sa chute n’était plus qu’une question de temps. Toute tentative d’attaque sur Versailles était désormais inutile, puisque trente mille fédérés, déployés du Bas-Meudon jusqu’au-delà de Châtillon, appuyés sur deux forts pourvus d’artillerie, n’avaient pu enlever des positions faciles à aborder et défendues seulement par deux ou trois régiments de ligne, sept ou huit cents gendarmes, et quelques pièces de canons… »
 
Histoire d’un trente sous, Auteur : Sutter-Laumann, parue en 1891 chez Albert Savine Editeur. Archives BNF
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INSURRECTION DE 1848
Le poème de Charles Guerre,
l’ouvrier prisonnier au fort de Vanves

Pour du travail, du pain et une vie décente

Des centaines d’ouvriers seront incarcérés dans les prisons de la région parisienne, notamment au fort de Vanves après l’insurrection du 23 juin 1848. Charles Guerre, ouvrier apprêteur pour dorure participa à l’insurrection ou 20 000 ouvriers descendirent dans la rue et formèrent jusqu’à 400 barricades. Trois jours de combats feront 4000 morts parmi les ouvriers et 1600 parmi les forces de l’ordre. Comme un certain nombre de ses camarades le jeune révolutionnaire sera incarcéré plusieurs mois au Fort de Vanves.

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Des centaines d’ouvriers seront incarcérés dans les prisons de la région parisienne, notamment au fort de Vanves après l’insurrection du 23 juin 1848. Charles Guerre, ouvrier apprêteur pour dorure participa à l’insurrection ou 20 000 ouvriers descendirent dans la rue et formèrent jusqu’à 400 barricades. Trois jours de combats feront 4000 morts parmi les ouvriers et 1600 parmi les forces de l’ordre. Comme un certain nombre de ses camarades le jeune révolutionnaire sera incarcéré plusieurs mois au Fort de Vanves.

C’est le 23 juin qu’avait éclatées à Paris de violentes émeutes de la faim provoquées par la fermeture des Ateliers nationaux. La répression sera très brutale et consacrera la rupture de la classe ouvrière avec le régime républicain issu des journées révolutionnaires de février de la même année.

Un poème intitulé « Le droit au travail » est parvenu jusqu’à nous dans lequel le jeune homme exprime l’intensité de ses convictions. Charles Guerre passa le 10 mars 1849 en conseil de guerre et fut condamné à cinq ans de détention.

Le droit au travail
Fort de Vanves, 17 décembre 1848

Las de longs jours oisifs marqués par la souffrance,
Je vais reprendre enfin, dis-je, le tablier :
Mais un ordre nouveau trompe mon espérance,
Et m’offrant des secours me ferme l’atelier ;
L’aumône m’humilie, il me faut un salaire
Chèrement acheté par le plus dur labeur.
Oui, pour de ma famille écarter la misère,
C’est le droit au travail que réclame mon cœur !

Des maux de l’ouvrier la paresse est la source,
Répète l’optimiste cuirassé d’argent ;
Avare, vous mentez ! si je suis sans ressource,
Le manque de travail en est l’unique agent ;
Ce n’est pas à plaisir qu’en repos je m’engraisse.
Quand j’ai gagné mon pain, il a plus de saveur,
Et je réponds, quand vous m’accusez de paresse,
Par le droit au travail que réclame mon cœur !

D’où vient que cette femme, et si jeune et si belle,
Vend par les carrefours ses appas tarifés ?
Pourquoi cet homme a-t-il une âme au bien rebelle,
Où tous les sentiments se trouvent étouffés ?
Affreuse vérité, tous deux doivent leur vice
Rien moins à leur penchant qu’au dégoût du malheur ?
Et vous pouvez du mal fermer le précipice,
Par le droit au travail que réclame mon cœur !

Vous dites la famille est dans le mariage.
Je le crois, mais combien, parmi nos jeunes gens,
N’osent pas contracter, redoutant le chômage
Qui rend trop incertain l’avenir des enfants ;
Pour l’époux ouvrier, si peu de jours prospères
S’écoulent, qu’on ne voit son sort qu’avec terreur.
Otez donc à mes fils la crainte d’être père,
Par le droit au travail que réclame mon cœur !

Faute de débouchés, répétez-vous sans cesse,
Nos magasins remplis vont tour à tour fermer ;
Si le capital fuit, que l’échange se dresse,
Pour nous faire produire il fera consommer ;
Mes enfants sont nu-pieds, ma femme est peu vêtue,
Videz vos magasins payés de ma sueur.
Des vêtements plus chauds couvriront leur chair nue,
Et j’aurai le travail que réclame mon cœur !

 

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1916 UN ATELIER TRES UTILE
Les thermomètres du fort de Vanves

Les thermomètres médicaux d’un usage courant avant la première guerre mondiale étaient fabriqués en Allemagne. Quelques modèles avaient bien été créés en France, mais les prix de revient ne permettaient pas de lutter contre l’article allemand. Pour l’époque et dans un contexte de guerre la formation du personnel et l’industrialisation de la fabrication demandaient par ailleurs de gros efforts et de l’argent. On se désintéressa donc de ce produit. Mais avec la pénurie de thermomètres pendant la guerre de 1914-1918, on se décida à envisager une production française. Le premier atelier fut crée dans un bastion du fort de Vanves en 1916.

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Les thermomètres médicaux d’un usage courant avant la première guerre mondiale étaient fabriqués en Allemagne. Quelques modèles avaient bien été créés en France, mais les prix de revient ne permettaient pas de lutter contre l’article allemand. Pour l’époque et dans un contexte de guerre la formation du personnel et l’industrialisation de la fabrication demandaient par ailleurs de gros efforts et de l’argent. On se désintéressa donc de ce produit. Mais avec la pénurie de thermomètres pendant la guerre de 1914-1918, on se décida à envisager une production française. Le premier atelier fut crée dans un bastion du fort de Vanves en 1916.

Avec les terribles conséquences du conflit et les questions sanitaires, le nombre impressionnant des blessés, la durée non prévue de la guerre, se procurer des thermomètres devint un vrai problème pour les services sanitaires de l’armée. La France commença alors par acheter tous les stocks disponibles sur le territoire. Ils furent rapidement épuisés. On se tourna alors vers la Suisse, la Grande-Bretagne et les USA. Mais les services de santé furent très vite préoccupés par la qualité moyenne et le coût des lots achetés à l’étranger. La pharmacie centrale des armées eut parfois à éliminer jusqu’à 80% des lots jugés inacceptables ou dangereux.

Le service pharmaceutique de l’armée fut complètement réorganisé en 1915 et c’est le sous-secrétaire d’Etat du service de santé au ministère de la guerre Justin Godart qui chargea le pharmacien principal Pellerin, attaché du sous-secrétariat de mener une étude en vue de la création d’un atelier de thermomètres médicaux.
 
DES RECHERCHES POURTANT AVANCEES EN FRANCE
 
Rien en fait ne pouvait du point de vue technique s’opposer à la création d’un tel atelier. En effet, après avoir mis au point la fabrication de vases à air liquide et les bouteilles à double enveloppe isolante, il était déjà possible avant la guerre de s’attaquer en France à une autre branche de l’industrie du verre et à la fabrication des thermomètres médicaux. Mais les fabricants de souffleurs de verre ne connaissaient qu’imparfaitement la construction de modèles et surtout la production en grande quantité à un prix permettant de rivaliser avec l’industrie étrangère.
La première préoccupation fut d’abord la fabrication d’un verre spécial à très faible dilatation pour éviter le déplacement des points de réglages. Puis de respecter la forme de la tige émaillée permettant la lisibilité de la colonne mercurielle et enfin, la production d’un verre méplat (surface plane sur une pièce cylindrique) pour avoir un instrument plus pratique à l’emploi.
Ces différentes réalisations techniques furent mises au point par la verrerie René Martin à Saint-Denis. Il fallu ensuite chercher à diviser le travail qui comprenait une douzaine d’opérations différentes.
 
LE FORT DE VANVES, LABORATOIRE ET LIEU DE PRODUCTION
 
A la demande du sous-secrétaire d’Etat Justin Godart, le pharmacien Trimbach organisa un atelier dans un bastion du fort de Vanves qui devint rapidement un atelier moderne, bien outillé et doté d’un matériel adapté.
Au début, l’atelier du fort de Vanves utilisa des prisonniers allemands, spécialistes de la fabrication de thermomètres dans leur pays. Par la suite des hommes et des femmes françaises furent formés à ce travail, l’objectif étant aussi d’avoir un personnel qualifié pour l’après-guerre. Par la suite, cet atelier servira de centre de formation professionnelle et permettra la création de nouveaux ateliers dirigés par d’anciens élèves.
Pour protéger cette nouvelle industrie démarrée au fort de Vanves une loi a rendu obligatoire la vérification préalable à la vente de tout thermomètre médical. Un décret du 3 mars 1919 fixa les conditions de cette vérification par le laboratoire d’essais du conservatoire national des arts et métiers.
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Sources :
-Bulletin de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale. Communication de Mr Berlemont, Président de la Chambre syndicale des fabricants souffleurs de verre (2ème semestre 1916, Juillet-Août, N° ; 11).
-Christophe Levy, thèse pour le diplôme d’Etat en pharmacie, Université Clermont 1 (1998)

 

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UN JOUR PARTICULIER
23 avril 1876 : la première journée d’appel de la territoriale

La première journée d’appel de l’armée territoriale crée par la loi du 28 juillet 1872 créant le Service militaire universel a eu lieu le 23 avril 1876 en région parisienne. Toute la classe de 1866 fut convoquée et due se rendre dans les forts de Vanves, d’Aubervilliers, de Vincennes et de la caserne de Courbevoie.
Le journal à fort tirage « Le Monde illustré » du 29 avril 1876 rapporte avec force détails cette journée particulière. Au Fort de Vanves elle fut couverte par un certain monsieur Dick qui fit des croquis, l’un devant l’entrée du fort, l’autre à l’intérieur. De ces croquis deux dessins au trait furent exécutés et publiés dans le « Monde illustré » pour accompagner le compte-rendu.

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La première journée d’appel de l’armée territoriale crée par la loi du 28 juillet 1872 créant le Service militaire universel a eu lieu le 23 avril 1876 en région parisienne. Toute la classe de 1866 fut convoquée et due se rendre dans les forts de Vanves, d’Aubervilliers, de Vincennes et de la caserne de Courbevoie.
Le journal à fort tirage « Le Monde illustré » du 29 avril 1876 rapporte avec force détails cette journée particulière. Au Fort de Vanves elle fut couverte par un certain monsieur Dick qui fit des croquis, l’un devant l’entrée du fort, l’autre à l’intérieur. De ces croquis deux dessins au trait furent exécutés et publiés dans le « Monde illustré » pour accompagner le compte-rendu.

« Dès sept heures du matin, les omnibus, les tramways, les chemins de fer conduisant vers les forts étaient remplis de monde, et de longues files de fiacres montaient les avenues ordinairement désertes à cette heure dans ces directions.
Les opérations d’appel* ont eu lieu partout d’après les mêmes règlements. Les jeunes hommes sont entrés dans le fort de Vanves par groupe de 80. Des gendarmes et des piquets d’infanterie étaient chargés de régler l’entrée et la sortie et de maintenir l’ordre à l’intérieur.
En entrant dans la cour du fort, les hommes s’alignaient devant 25 tables correspondant à autant de lettres de l’alphabet. Un sous-officier d’infanterie remettait à chaque homme qui se présentait un bulletin indiquant l’arme à laquelle il appartient, le numéro de son régiment et de la compagnie ou de la batterie. De là, les hommes allaient se ranger sous de grands poteaux portant les numéros des régiments, et fournissaient aux officiers des détails sur leurs services militaires, on leur remettait ensuite une attestation.
Pour chaque fraction de 100 hommes, la durée de l’appel dura une heure. Tout fut terminé en trois heures.
Un grand nombre de territoriaux étaient accompagnés de leurs familles et on diné sur l’herbe avec des provisions apportées de Paris ; nous avons même entendu des musettes. Des danses champêtres avaient été improvisées. On riait et on chantait à gorge déployée...
Au fort de Vanves tout s’est passé de façon la plus rapide, grâce aux excellentes dispositions prises par les officiers d’état-major, parmi lesquels nous avons remarqué M. de Lapommeraye, aide de camps du général Geslin, commandant de la place de Paris. A une heure, les derniers appelés sortaient du fort.
Disons, en terminant, que la tenue des territoriaux a été excellente et que tous i se sont présentés de bonne heure et dans le plus grand ordre. A leur maintien calme et réservé, on voyait qu’ils comprenaient que le temps des mascarades de la garde nationale et de la garde mobile était passé, et qu’il devenait de vrais soldats, ils comprenaient tous les devoirs d’honneur et de la discipline militaire... »

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-Sources : Journal Le Monde illustré du 29 avril 1876, p. 278

* La France tirant les leçons de la guerre franco-prussienne de 1870-71(la Prusse avait mis en place la première mobilisation moderne qui avait montré l’avantage de mobiliser et d’équiper rapidement les troupes de réserves ) va organiser la conscription universelle par la loi du 28 juillet 1872. L’institution du service militaire universel remplace la garde mobile par une réserve constituée à partir des unités d’actives, et créée un corps d’officiers de réserve. La même loi crée l’armée territoriale formée des classes plus âgées, vouées à des missions de protection et de défense intérieure. La journée d’appel existera jusqu’à la suppression du service militaire le 8 novembre 1997 par la loi 97-1019 portant réforme du Service national au Journal officiel. Cette loi a instauré la suspension de la conscription pour tous les jeunes nés après 1979. Elle a été remplacée par la JAPD, Journée d’appel de préparation à la défense.

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